Depuis les années 90, le secteur des
énergies renouvelables en Tunisie était marqué par une tendance lourde
vers le déséquilibre de la balance énergétique.
Cette situation
constitue une préoccupation de plus en plus croissante. Consciente de
cette situation, la Tunisie a conféré un intérêt constant pour le
développement des filières des énergies renouvelables afin de stimuler
la création d'emplois et d'accroître la valeur ajoutée industrielle.
Tahar Achour, Président de la Chambre Syndicale Nationale des
Energies Renouvelables( CSNER) nous explique l’importance des
énergies renouvelables et la contribution de la CSNER dans ce domaine.
Interview :
Quelle est la vocation de la CSNER ?
La Chambre Syndicale Nationale des Energies Renouvelables est une association non gouvernementale et à but non lucratif, qui opère en tant que lieu de rencontre pour les industriels et entreprises exerçant dans le domaine des énergies renouvelable en général, et du solaire en particulier.
Créée depuis juillet 2003, sa principale mission est de bâtir et maintenir un marché durable dans le domaine des énergies renouvelables ainsi qu’un fort positionnement au niveau national pour la représentation du secteur.
Dans ce cadre, et étant pleinement adhérente à la politique de l’Etat tunisien dans le domaine de la maîtrise de l’énergie, elle œuvre et collabore, dans un contexte consensuel, avec les différentes institutions concernées pour le développement d’idées et de projets à même de consolider et améliorer l’utilisation des énergies renouvelable en Tunisie et augmenter sa part dans le bilan énergétique national.
Quelle est la contribution de la chambre dans le développement des énergies renouvelables ?
Le développement des énergies renouvelables permet d’améliorer le bilan énergétique du pays, de couvrir ses besoins au moindre coût, de garantir l’approvisionnement en énergie des populations rurales et des régions isolées et d’atténuer la pollution engendrée par les énergies conventionnelles.
Dans cette optique, la Tunisie ne cesse d’accorder un intérêt particulier à ce domaine vital compte tenu de son rôle actif au niveau économique, social et environnemental. En outre, la maîtrise de l’énergie constitue l’un des principaux axes de la politique énergétique tunisienne avec un cadre institutionnel et réglementaire à même de relever ces défis.
Partant de cette idée, Le rôle majeur de la chambre est d’accompagner les plans nationaux en matière de développement des énergies renouvelables. D’ailleurs, Elle essaye de fédérer tous les intervenants pour mettre en place des actions politiques en matière d’exploitation des énergies.
Parallèlement, la chambre œuvre dans le but de mieux collaborer dans la promotion et la vulgarisation de l'utilisation des énergies renouvelables en général et de l'énergie solaire thermique en particulier à travers, l'édition de publications, l'organisation de conférences, événements et tout autre qu'elle estime nécessaires.
Il y a aussi la participation à la promotion et à l'homologation de produits en rapport avec l'énergie solaire pour garantir la qualité, la sécurité et le respect de l'environnement et le développement d’une main d’œuvre nationale professionnelle de qualité dans une perspective de satisfaction client, outre la garantie d’une activité de veille active sur les évolutions technologiques et règlementaires dans le domaine des énergies renouvelables au profit de ses adhérents.
Enfin, il y a lieu de relever le développement de la coopération internationale dans le domaine à travers la coordination d'actions conjointes avec des organismes internationaux et promouvoir des synergies et des collaborations mutuelles avec d'autres associations ou organismes similaires qui poursuivent des fins analogues.
A noter dans ce sens que la chambre syndicale est le fondateur l’Institut méditerranéen des énergies renouvelables (IMEDER). 5 pays opèrent dans cet institut et ce afin de favoriser l’inter échange entre les pays de bassin méditerranéen en matière des énergies renouvelables.
Si vous nous expliquiez le programme d’application de la chambre ?
Avant tout, il faut présenter les filières des énergies renouvelables. L’énergie solaire se compose du solaire thermique, du solaire photovoltaïque et enfin du solaire thermodynamique.
En effet, notre pays bénéficie d’un taux d’ensoleillement suffisamment favorable, pour que soient préconisées, systématiquement, les solutions d’utilisation de l’énergie solaire pour la satisfaction des besoins énergétiques de base dont notamment la production de l’eau chaude sanitaire.
Le chauffage solaire de l’eau est justement l’un des usages les plus répandus, à même de tirer profit de ce potentiel solaire. La technologie du chauffe-eau solaire (CES) est aujourd’hui techniquement et commercialement mature, et elle convient donc parfaitement au consommateur tunisien.
Pourtant, le développement du marché des CES s’est heurté, en Tunisie, au problème des coûts élevés d’acquisition de ces systèmes par rapport aux autres moyens classiques de chauffage de l’eau (GPL, gaz naturel, électricité).
En effet, l’expérience tunisienne en matière de diffusion des chauffe-eau solaires "CES" a démarré au début des années 80, où le marché, pour des raisons de maîtrise technologique et de coût, a connu de sérieuses difficultés, ce qui n’a pas permis un développement durable de la demande en l’absence notamment de mécanisme de financement pérenne.
La Tunisie dispose d’un potentiel solaire important ; son programme national vise à atteindre un parc de 500.000 m² en 2009 et 1 million de m² en 2015.
Conscient des enjeux relatifs à la promotion de cette filière, l’Etat tunisien a mis en place en 1995 un programme ambitieux permettant un développement pérenne de la filière du chauffe-eau solaire en Tunisie. Il s’agit du programme PROSOL Tunisie.
Lancé depuis 2005, le programme PROSOL Tunisie enregistre environ 300.000 m2 de capteurs solaires sur la période 2005 – 2009 et le redressement de la tendance rapide à la baisse du marché, enregistrée depuis la fin du programme FEM.
A l’issue du PROSOL, 80.000 m² de capteurs solaires ont été installés jusqu’à fin 2008 ainsi que la mise en place d’un tissu industriel et commercial formé de plus de 30 fournisseurs agréés et de plus de 733 sociétés chargées de l’installation et du service après vente.
En outre, le gouvernement tunisien a mis en place un programme quadriennal 2008 – 2011 visant l’installation de 740 000 m2 de capteurs solaires à l’horizon 2011, soit 390.000 m2 dans le secteur résidentiel et les petits métiers et 90.000 m2 quant aux secteurs tertiaire et industriel. Réellement, ce programme vise, selon le ministère de l’Industrie, de l’Energie et des PME, à réduire de 20% la demande d’énergie à l’horizon 2011, soit d’environ 2 millions de TEP (tonnes équivalent pétrole).
Pour le solaire voltaïque, l’intérêt porté à cette filière date de début des années 1980. A noter que la première centrale photovoltaïque a été créée a Hammam Biadh (30 KWC, 40000 kWh/an)
La Tunisie a intérêt à développer l’électrification photovoltaïque des postes frontaliers isolés.
L’industrie de l’énergie éolienne continue de démontrer à prouver son important essor en Tunisie. La production de l’énergie constitue une nécessité pour la Tunisie dont les ressources naturelles sont limitées et dont les besoins en énergie augmenteront de 10% chaque année en raison du dynamisme de son économie. D’où l’importance d’installer des grands parcs de «moulins à vent modernes» pour rattraper le temps dans le domaine de l’utilisation des énergies renouvelables.
Les avantages de la biomasse sont également le faible coût, sa contribution à la maîtrise de l’énergie et ses potentialités en matière de séchage des produits agricoles, de création d’emplois dans les milieux ruraux et de conquête de nouvelles niches à l’exportation.
Y-a-t-il des obstacles que rencontrent les fournisseurs ?
Non, notre mission est d’aider les nouvelles entreprises et ce, pour mieux consolider et améliorer l’utilisation des énergies renouvelable en Tunisie
Comment se présentent les perspectives du secteur ?
Face
aux mutations mondiales, Le renforcement institutionnel est une
exigence pour mener une politique économique prospective favorisant
l’initiative privée contre l’économie administrée. L’entreprise
tunisienne est désormais mature pour prendre part à ce challenge
stimulant pour la période à venir.
D’où la nécessité de doubler les efforts afin de sensibiliser davantage à l’économie d’énergie.
Source : AfricanManager
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