Samedi 03 octobre 2009, les services de la Banque mondiale ont publié, à Istanbul, le rapport annuel relatif à la santé économique de la région MENA, aux retombées de la triple crise (financière, alimentaire et énergétique) sur les économies des pays qui la composent et aux facteurs structurels susceptibles d’enrayer, dans ces contrées, le choc du tassement du crédit international, d’améliorer la résilience des opérateurs économiques locaux et de renforcer l’aptitude des pouvoirs publics à réagir face à des crises ultérieures.
Les experts de cette institution financière internationale ont mis en exergue la surexposition des économies des pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) aux aléas de l’ordre capitaliste mondial, de son délire boursier et de ses déboires bancaires en raison des liens organiques de ses secteurs capitalistiques avec les principales places marchandes de la planète, tout en soulignant la forte réactivité de ces émirats face à la déconfiture de la galaxie finance, grâce au matelas de devises fourni lors de la période des excédents pétroliers antérieurs.
Cela dit, les fonds souverains des pays du CCG ont enregistré des pertes considérables sur leurs investissements dans les institutions financières mondiales. Selon des estimations liminaires du Council on Foreign Relations, les portefeuilles ont vu leur valeur diminuer de 27% entre décembre 2007 et décembre 2008 avec des pertes à hauteur de 40% pour ceux qui avaient fortement investi dans des titres mondiaux.
Cependant, d’après le rapport, l’économie réelle de la région MENA a bien tenu le choc face aux effets de la crise en 2008 grâce à la reprise positive des cours pétroliers et au dynamisme du secteur du bâtiment. Le PIB était en hausse, passant de 5,6% en 2007 à 6,1% en 2008.
Cette résistance, indiquent certains observateurs, marque un contraste saisissant avec d’autres pays développés où la croissance a chuté par rapport aux niveaux enregistrés en 2007.
Dans ce contexte, la situation économique de MENA devrait se dégrader pendant l’année en cours avec une contraction brutale de la croissance globale passant de 6,1% en 2008 à 2,2% en 2009 pour revenir à 4% en 2010.
A cet égard, l’Organisation Internationale du Travail (OIT) prévoit, en 2009, une augmentation de 25% du taux de chômage au Moyen-Orient et de 13% en Afrique du Nord par rapport à 2007.
Les pays non exportateurs de pétrole
La Tunisie, l’Egypte et le Maroc, dôtés d’économies diversifiées et étroitement liées à la zone euro, sont objectivement exposés, à travers les échanges, aux événements intervenant dans le Vieux continent, disposent d’un volet budgétaire restreint, mais possèdent aussi une capacité institutionnelle à même d’appliquer des mesures macroéconomiques et structurelles draconiennes.
Dans ces trois pays, souligne la note de la Banque mondiale, la croissance devrait s’essouffler pour s’établir aux environs de 4% en 2009 et de 3,9% en 2010 avec une inflation autour de 5,2% en 2009 et de 4,3% en 2010.
Le déficit budgétaire moyen pendant ces deux années sera un peu identique à celui de 2008, soit 4,5% du PIB.
La Tunisie et le Maroc bénéficient d’un certain espace budgétaire grâce à leur faible endettement public ; l’Egypte, quant à elle, n’en a pas et aura des difficultés à financer en 2009-2010 d’autres mesures de relance que celles déjà annoncées par les autorités.
C’est ainsi que face à la chute des recettes publiques et au resserrement des financements extérieurs, la dette intérieure publique peut constituer une solution attrayante. Mais là, gare à l’inflation et à la prise d’otages des générations futures.
Enfin, les trois pays de ce groupe, tout en réussissant, durant la dernière décennie, à lever quelques obstacles à l’activité commerciale, à s’arrimer un tant soit peu à l’économie-monde et à renforcer le secteur privé, demeurent, conclut le rapport de la Banque mondiale, nettement en deçà des normes internationales relatives à la bonne gouvernance.
Les dirigeants des PME dans la région MENA dénoncent régulièrement les pratiques anticoncurrentielles, l’incertitude réglementaire, la corruption et les conditions non équitables qui favorisent certaines entreprises sur place au détriment de nouvelles venues ou des concurrentes.
Un vénérable trublion ! avait raison : La bonne gouvernance est un remède anti-crise, alors que la mauvaise est un appel d’air à la crise, dixit un ancien trotskiste, métamorphosé, grâce aux urnes, en locataire de Matignon.
Source : WebManagerCenter
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