Soumises à de multiples
pressions, démographiques, environnementales, énergétiques,... les
villes méditerranéennes doivent apprendre à réguler leur attractivité.
Un défi qui doit permettre d'expérimenter de nouvelles formes de
coopérations. Et qui pourrait favoriser l'émergence d'un modèle
d'intégration territoriale.
Choc démographique, changement climatique, désertification, urbanisation galopante... Telle est, dans le désordre, la liste des défis auxquels doivent se préparer les villes du pourtour méditerranéen.
Coopération « gagnant-gagnant »
Pour Philippe de Fontaine Vive, vice-président de la Banque Européenne d'Investissement (BEI), « les grands enjeux environnementaux sont autant d’opportunités de nouer des partenariats entre le sud et le nord ». Et de citer l’exemple de l’énergie solaire, un domaine où pays du nord et du sud pourraient bâtir « un modèle de coopération industrielle gagnant-gagnant ».
Ce nouveau schéma basé sur une coopération équilibrée permettrait de sortir du carcan institutionnel qui a jusqu’à présent bridé l’émergence d’un vrai modèle de développement régional.
« La clef, c’est le savoir. C’est là que se trouve le pouvoir. C’est de la connaissance que naîtront les projets opérationnels à même d’abattre les résistances institutionnelles », rappelle le professeur Ghassan Salame, ancien ministre libanais.
Cet essor d’une économie de la connaissance est d’ailleurs déjà à l’oeuvre sur la rive sud : « un
auteur qui publie un livre au Maroc peut-être un best seller à
Beyrouth. Un bon documentaire produit au Maroc peut être acheté par
toutes les télévisions du monde méditerranéen... », observe M. Salame.
La culture agit donc en défricheur. En se jouant des frontières, elle s’impose comme un modèle d’intégration efficace. Un modèle dont les pouvoirs publics devraient s’inspirer pour bâtir « un schéma de croissance durable », affirme Jean-Michel Lebrat, directeur adjoint de l'Agence Française de Développement (AFD).
Car en la matière, tous les clignotants sont à l’orange foncé. « La pression urbaine sur le littoral va s’intensifier. D’ici 20 ans, la population des villes devrait passer des 150 à 250 millions au sud », indique M. Lebrat.
Cette explosion démographique pose évidemment la question du mode de croissance urbaine et des instruments de régulation. « On
sait qu’il existe une relation étroite entre la forme urbaine et la
consommation d’énergie. Plus une ville est diffuse, plus elle vorace en
CO2 ».
Le changement climatique coûtera de 5 à 20% du PIB mondial
L’urgence est d’autant plus forte que dans de nombreuses villes du sud, la cote d’alerte est dépassée : « Au Caire, la ville vit en permanence sous un nuage de CO2. A Istanbul, l’urbanisation galopante met les habitants à la merci des risques hydrogéologiques ».
La maîtrise de ces phénomènes relève de la gageure. Un défi XXL auquel des instruments comme le tout nouveau Centre de Marseille pour l’intégration en Méditerranée (CMIM) doivent tenter d’apporter des réponses adaptées.
Reste à dégoter des moyens pour mettre en oeuvre ces politiques. Impossible ? Dans
un rapport publié en 2006, l’économiste britannique Nicholas Stern
estimait l’ensemble des coûts et des risques liés au changement
climatique à 5-20 % du PIB mondial à perpétuité, si aucune action n’est
prise rapidement !
Face à cet enjeu, les grands bailleurs de fonds tels l’AFD, l'OCDE, l'Uniion Européenne et plus récemment la Banque Mondiale à travers son programme « Eco2 Cities : Villes écologiques et villes économiques » réorientent leur stratégie en proposant un arsenal de d’aides aux autorités locales pour adapter ou réviser leur modèle de développement urbain.
Mais le privé peut également participer : ainsi que le rappelle M. Debrat, la reconstruction de Beyrouth a été financée avec les fonds souverains des pays du Golfe.
Source : Econostrum
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