Réseau de transport
d’électricité (RTE), filiale du groupe français d’énergie EDF, vient de
signer un accord de coopération avec son homologue turc, TEIAS.
Olivier Lavoine, président de RTE International, revient sur cet accord et sur le dossier de la boucle énergétique méditerranéenne destinée à permettre la mise en place d’un vrai marché de l’électricité à l’échelle euro-méditerranéenne. Initialement prévu pour 2010, le projet a du retard en raison de l’avancement très inégal des interconnexions au sud et entre l’Europe et le Sud.
Olivier Lavoine, président de RTE International (Photo Médiathèque RTE / Pierre TROYANOWSKY)
Econostrum.info : Quel est l'enjeu de l'accord de coopération signé début octobre, entre la Turquie et Réseau de Transport d'Electricité (RTE) ?Olivier Lavoine : Cet accord va permettre à la Turquie d’achever sa mise à niveau et de prendre un nouveau départ, pour atteindre le standard européen sur le marché de l’électricité et connecter son réseau avec le système électrique européen. Il s’agit d’un accord bilatéral, à travers lequel nous leur apportons notre expertise, mais qui pourra déboucher à terme sur des contrats.
Econostrum.info : Les accords de Barcelone de 1995 prévoyaient la constitution d’un marché euro méditerranéen de l’énergie en 2010. Ce timing est-il respecté ?
Olivier Lavoine : En Turquie, les essais sont prévus l’an prochain pour une connexion au système continental européen en 2011. Les pays du Maghreb sont déjà reliés en courant alternatif à l’Espagne. Mais il reste les deux blocs - Egypte-Libye d’une part et Jordanie-Liban-Syrie d’autre part – pour lesquels il faudra encore de nombreux essais et dont la connexion avec l’Europe sera de toute façon postérieure à 2011. Ces interconnexions sont un élément indispensable à la construction du marché euro méditerranéen de l’électricité.
Le Sud doit renforcer son réseau à très haute tension dans l'optique d'un marché euro méditerranéen
Olivier Lavoine : L’objectif est vraiment de mettre en place des échanges d’électricité entre tous ces pays, au nord et au sud de la Méditerranée, comme cela se passe déjà en Europe continentale. Cela doit permettre de faire des économies en matière de moyens de production et de sécuriser les réseaux.
Mais en Europe par exemple, les échanges ne représentent que 10% de la consommation globale. Il est donc essentiel pour les pays du sud d’accroître dans le même temps leurs capacités de production alors qu’ils enregistrent une croissance de la consommation de 5% par an contre 1,5% en Europe.
C’est le cas puisque tous ont d’importants programmes d’investissements avec aussi désormais des projets de développement des énergies renouvelables.
Econostrum.info : Quelles sont les principales difficultés de ce dossier ?
Olivier Lavoine : En Europe, le plus difficile aujourd’hui est de construire de nouvelles infrastructures. De leur côté, les pays du sud doivent renforcer leurs réseaux 400.000 volts afin d’assurer la sûreté et la performance de leurs systèmes électriques nationaux avant même de parler d’un marché régional voire euro méditerranéen. Plusieurs réalisations sont en cours.
Sur le plan technique, il faut s’assurer que les moyens de réglage fonctionnent bien dans les différents pays et permettent de garantir la fréquence. Ce sera par exemple une part importante des essais qui vont se dérouler l’an prochain en Turquie.
Olivier Lavoine : le problème de la Méditerranée c’est sa profondeur. Les projets que vous avez cités sont plus courts en distance mais se feraient aussi sur des plateaux continentaux moins profonds.
Nous avons donc plutôt des projets de ligne avec les pays voisins comme l’Espagne (une nouvelle ligne de 60 km entièrement souterraine doit être construite entre la France et l’Espagne d’ici 2013 moyennant 700 M€, ndlr) et l’Italie. Dans ce dernier cas, les études sont toujours en cours.
Source : Econostrum
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