Alger et ses 57 communes croulent sous les déchets. C’est là un constat amer qui se confirme de jour en jour tout en prenant des proportions alarmantes.
Aujourd’hui, le problème est tel que les agents chargés du ramassage et du nettoiement sont submergés par l’ampleur du phénomène, d’autant plus qu’ils sont en nombre insuffisant.
En effet, Netcom, l’établissement chargé du nettoiement et de la collecte des ordures dans 28 communes de la wilaya d’Alger, les communes les plus proches du centre de la capitale, éprouve toutes les peines du monde à débarrasser nos rues et boulevards des poubelles qui les enlaidissent à longueur de journée.
En dépit d’une enveloppe budgétaire avoisinant les 150 milliards de centimes et les 300 camions (bennes à ordures), Netcom accomplit sa mission avec beaucoup de carences.
Des carences qui s’expliquent largement par l’incivisme des Algérois, lesquels jettent continuellement des déchets sans respecter les horaires de dépôt des poubelles. «Il y a tout le temps des ordures à Alger. Voilà pourquoi on n’arrive plus à ramasser toutes les ordures sous lesquelles croule la capitale.
Les citoyens n’ont aucun horaire pour jeter leurs déchets. L’Algérien génère en permanence des déchets. Nous avons 30 micro-bennes qui sillonnent h 24 les quartiers d’Alger. 24 heures au cours desquelles, nos équipes ne cessent de ramasser des ordures.
Et pourtant, les horaires du ramassage vont normalement de 19 h à 21 h. Malheureusement, ces horaires ne sont pas respectés», explique Abdelkader Fergui, responsable de la communication à Netcom qui n’hésite pas à parler d’incivisme pour qualifier le comportement des habitants d’Alger qui jettent des ordures à toute heure.
Notre interlocuteur nous apprendra encore à ce sujet que chaque Netcom en ramasse plus de 2 100 tonnes !
Une quantité considérable que doit stocker une seule décharge, la montagne fumante d’Oued Smar, et un seul centre d’enfouissement technique situé à Ouled Fayet ! C’est dire toute l’étendue dramatique de ce problème qui ne cesse de s’aggraver de jour en jour.
Et pour cause, en raison de l’absence de la culture du tri de déchets et de l’industrie de la récupération et du recyclage, la quantité des ordures jetées à Alger dépassera les 830 mille tonnes annuellement d’ici à 2010. Netcom sera dotée cette année d’une centaine de camions spécialisés et recrutera prochainement des centaines d’agents qui viendront épauler les 5000 agents de l’établissement.
Or, face à l’incivisme des citoyens, ces nouveaux équipements serviront-ils à quelque chose ?
On est tenté de répondre par non. Chaque année, des moyens et des enveloppes budgétaires sont consacrés au ramassage des ordures. Mais sans pour autant améliorer l’hygiène dans nos villes.
A ce propos, d’après le Rapport national sur l’état de l’environnement de 2005, il y avait, en 1980, un agent de nettoiement pour 500 habitants ; en 2000, il y en avait un pour 1 500 habitants.
Selon la même source, en 1980, il y avait un véhicule affecté au nettoiement pour 7 500 habitants ; en 2 000, un véhicule pour 4 000 habitants.
Ces données démontrent donc que les moyens et les équipements ne suffisent pas à eux seuls pour imposer la propreté dans notre pays. Il se pose également à la fois le problème de la qualification des agents et celui de l’entretien en bon état des équipements.
En parallèle, la production de déchets ménagers ne cesse de s’accroître. Si elle a dépassé largement les 7 millions de tonnes par an, des études ont démontré qu’elle atteindra les 16 millions de tonnes d’ici à 2020 ! Un record pour un pays comme l’Algérie.
Selon tous les experts, cette situation est aggravée par la trop grande concentration de la population sur la bande littorale accompagnée d’une urbanisation rapide et anarchique, notamment à la périphérie des grandes villes, avec une densité de population très forte par rapport à la densité moyenne nationale.
Dans ces conditions, tout porte à croire que la saleté de nos rues et boulevards est appelée à durer encore dans le temps.
Surtout lorsqu’on sait que l’incivisme des concitoyens vient en rajouter une couche supplémentaire…
Source : La Tribune
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