La facture de l'eau sera-t-elle sucrée et vice-versa, assisterons-nous pour la première fois à la taxation du sucre ?
L'annonce, de source gouvernementale, d'une éventuelle application de 7% de TVA au sucre et de la hausse de celle de l'eau de 7 à 10% a jeté une pierre dans la mare.
Les salariés qui se réjouissaient d'une deuxième baisse de l'IR en janvier prochain ont vite déchanté.
La décision qui devrait être comprise dans la Loi de finances 2010 est dictée, nous apprend-on, par les nouvelles exigences de la réforme de la TVA, selon les termes d'engagement avec l'UE.
Celle-là même qui ambitionne à terme de supprimer les taux dérogatoires de la TVA pour n'en garder que deux au lieu de cinq aujourd'hui.
Mais est-ce une raison valable pour agir à contre-courant des politiques de soutien du pouvoir d'achat dont le gouvernement entend faire le cheval de bataille ? En tout cas, rien n'est encore définitif.
Le dossier de l'eau potable et du sucre feront l'objet comme tant d'autres de l'arbitrage du Premier ministre et devra passer les étapes des conseils de gouvernement, des ministres et du Parlement. Il est fort probable que d'ici-là, le gouvernement se ravise et mette un peu d'eau dans son vin.
Il y a un mois et demi, soit en plein ramadan, Nizar Baraka, ministre des Affaires économiques et générales, a déclaré au Matin que le gouvernement continuera de subventionner le sucre au lieu de baisser les droits à l'importation.
Face à un marché qui évolue en dents de scie, il s'est avéré plus judicieux aux pouvoirs publics de recourir à la subvention plutôt que de suivre le pas de danse affolé du marché mondial. Hassan Bousselmame, directeur de la concurrence et des prix au ministère des Affaires économiques et générales, a également déclaré au Matin que le scénario d'une subvention à 2.000 DH la tonne donne toujours ses fruits.
En 2006, lorsque les prix du sucre ont connu une flambée sans précédent, c'est cette solution qui a permis une sortie de crise sans soubresaut.
Qu'est-ce qui est arrivé entre-temps pour que l'Exécutif change brusquement d'option ?
Selon des syndicalistes, surpris par une telle volte-face, en pleine crise du pouvoir d'achat, il serait question d'une tentative de tâter le pouls de la société et des syndicats.
Pour Mohamed Yatim, secrétaire général de l'UNTM, ce genre d'annonce, à la limite de la provocation, n'aura d'autres conséquences que d'attiser la tension sociale.
Même opinion chez Abdelkader Zaer, membre du bureau national de la CDT, qui craint que ces deux mesures n'assènent le coup de grâce à un pouvoir d'achat sous perfusion. Rappelons que l'option de porter la TVA sur l'eau de 7 à 10% a sérieusement figuré dans l'agenda gouvernemental en 2008, principalement pour aider l'Onep à se faire rembourser en diminuant ses crédits de TVA.
Le projet a vite été enterré suite à la levée de boucliers de certains départements ministériels qui en redoutaient les effets néfastes sur les bourses des ménages.
Aujourd'hui, la donne a changé. La fusion en marche de l'Onep et de l'ONE impliquerait une nouvelle prise de conscience des exigences des tournants et des enjeux à négocier.
Source : Entreprendre.ma
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