Les stratégies de développement sectorielles auront un impact certain sur le volume du trafic portuaire. C'est ce qui a poussé le gouvernement à envisager des shémas de développement des ports afin de permettre à ces derniers d'être en mesure d'accompagner les mutations économiques que connaît le Maroc.
Selon le ministère de l'Equipement et du Transport, six pôles portuaires devraient émerger d'ici à 2030. Un premier pôle est envisagé à Nador.
La position stratégique de l'Oriental aidant, un centre logistique majeur pour l'exploitation des agrumes y verrait le jour. Il est possible aussi de voir se développer la desserte passagers, dans le cadre de l'amélioration des communications avec les autres régions du Maroc, soit en complémentarité soit en concurrence avec le port de Tanger.
Le deuxième pôle portuaire concerne Tanger justement et aura trois vocations principales. Le développement industriel de la zone de Tanger, le développement de la logistique offshore à destination de l'Europe et le développement du transbordement de conteneurs au croisement des lignes est-ouest et nord-sud.
Pour ce qui est du port de Tanger-ville, il connaîtra un fort développement dans les services en raison du transfert des trafics commerciaux et de la rénovation urbaine en cours.
Il pourrait également devenir un véritable hub de croisière. La proximité de Tanger de l'Espagne devrait lui permettre de conserver des liaisons rapides (navires passagers à grande vitesse).
Kénitra-Larache est le troisième pôle portuaire envisagé. Selon les prévisions du ministère de tutelle, le port de Kénitra serait logiquement le point d'exportation des produits agricoles du Gharb.
Mais sa nature fluviale sera une lourde contrainte. Pour la surmonter, et compte tenu de l'obsolescence des infrastructures et superstructures du port commercial actuel et de son enclavement dans la ville, le port de commerce sera récupéré par la ville pour une valorisation urbaine et touristique.
Il serait tout aussi possible d'abandonner la vocation commerciale de Mehdia et d'aménager un véritable port de pêche correspondant à son usage actuel, mais dans des conditions de sécurité et de travail adaptées aux attentes des pêcheurs.
S'agissant du pôle portuaire Casablanca-Mohammedia, vu la saturation des axes routiers et ferroviaires et l'insuffisance des capacités de stockage (céréales et conteneurs) des options seront proposées en cohérence avec les études en cours, explique-t-on auprès du ministère du Transport.
Mais l'intégration urbaine en cours de l'interface ville-port maintiendra la complexité d'accès au port par voie terrestre, ce qui devrait orienter davantage Casablanca comme port généraliste à haute valeur ajoutée. La décision de relocalisation des installations OCP sur Jorf s'inscrit dans cette optique.
Dans le même sens, le terminal minéralier et des exports de petits minerais pourrait être re-localisé sur un autre pôle portuaire. (Kanitra-Larache ou Jorf Lasfar-Safi).
Pour
ce qui du port de Mohammedia, il est envisageable de localiser les
installations de réception des navires à l'abri de la digue principale
et libérer le port ancien pour conforter le rôle balnéaire et port de
plaisance de la ville.
Le pôle portuaire Jorf Lasfar-Safi, est
appelé quant à lui à devenir un centre industriel majeur avec la
réception/exportation des grands vracs industriels et énergétique, des
intrants et des produits finis.
Des zones industrielles lourdes sont en développement à l'arrière de ces ports justifiant des extensions importantes des capacités portuaires, dont un nouveau port à Safi.
Par ailleurs, la perspective de la mise en service de l'autoroute et de la voie ferrée entre Marrakech et Agadir devraient conforter la vocation régionale du port d'Agadir en lui ouvrant un hinterland (l'arrière-pays continental d'un port) beaucoup plus large, en complémentarité avec Casablanca.
Pour ce faire, il est envisageable de déplacer les structures de réparation navale vers un autre site et de donner au port actuel une vocation purement touristique. Cette option serait accompagnée par la création d'un nouveau port de commerce.
Le dernier pôle portuaire projeté est celui du sud. A Laâyoune, le rôle joué par le port dans l'exportation des phosphates et dans d'approvisionnement de l'économie de la ville devrait être renforcé.
Concernant Dakhla, elle pourrait voir se développer des flux d'exportation des produits et des approvisionnement (intrants industriels et population) assurés aujourd'hui totalement par voie terrestre.
Le gouvernement veut doter le secteur portuaire d'un plan directeur 2010-2030. L'objectif est de développer et moderniser les ports de manière à pouvoir accompagner les mutations économiques que connaît le pays.
Les résultats de l'analyse de la demande portuaire et des projections du trafic font ressortir que le trafic commercial serait multiplié par 3 à 3,6 en 2030. Il serait entre 220 et 264 millions de tonnes en 2030 au lieu de 70 millions de tonnes en 2008.
Le plan directeur portuaire national se veut donc une réponse aux besoins évolutifs de l'économie marocaine et des investisseurs nationaux et étrangers.
Le plan procède également de la volonté de mettre à niveau toute la chaîne logistique sur laquelle le Maroc mise beaucoup pour renforcer sa compétitivité et dont les ports constituent un des principaux maillons.
Source : Le Matin
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