La Tunisie est le plus grand consommateur par tête d’habitant de crédits de la Banque européenne d’investissement, et, globalement le troisième, au cours des cinq dernières années, avec 1,3 milliard d'euros, derrière l’Egypte (1,8 milliard d'euros) et le Maroc (1,3 milliard d'euros).
L’essentiel de ces crédits est utilisé par les pouvoirs publics pour la réalisation de programmes touchant aux infrastructures (voiries urbaines, autoroutes), au transport (métro léger de Tunis, réseau de chemin de fer), à l’environnement (réseau de collecte et de traitement des eaux usées, ouvrages d’assainissement, systèmes de gestion de déchets solides, assainissement du site de Taparura), à l’eau (approvisionnement du Sahel et de Sfax), à la santé (expansion et modernisation des infrastructures, amélioration des plateaux techniques) et à l’énergie (renforcement du réseau de transport et de distribution d’électricité, construction d’une centrale électrique à cycle combiné alimentée au gaz naturel à Ghannouch).
Toutefois, depuis 1997 –c’est-à-dire après que la Tunisie a conclu un traité de partenariat avec l’Union européenne, devant déboucher sur l’instauration d’une zone de libre-échange, ce qui rendait nécessaire la mise à niveau de son économie- la BEI a commencé à financer le secteur privé, surtout indirectement à travers des lignes de crédit mises en place avec l’assistance de banques et d’opérateurs financiers tunisiens.
En octobre 1997, la Banque met en place une ligne de 15 millions d’euros sur capitaux à risques accessibles aux entreprises engagées dans un programme de mise à niveau via sept intermédiaires financiers (Groupe Tuninvest, IMB, COTIF, SODIS, SODINO, SIDCO et CGI) pour leur permettre de renforcer leurs fonds propres et de s’assurer une base d’investissement plus solide. Six autres lignes de crédits de même nature, totalisant 475 millions d’euros, seront déployées entre 1998 et 2005.
Puis en 2007, la BEI accentue davantage son engagement en faveur du secteur privé en Tunisie. D’abord en accordant à 5 banques locales (Amen Bank, Arab Tunisian Bank, Banque de l’Habitat, Banque Internationale Arabe de Tunisie, et Union Bancaire pour le Commerce et l’Industrie) un prêt de 200 millions d’euros –portant ainsi le total de ses engagements en faveur des PME tunisiennes à 700 millions d’euros depuis 1998- destinée à soutenir les projets d’investissements des entreprises tunisiennes dans les secteurs de l’industrie et des services.
Ensuite, en contribuant à la création du premier fonds d’amorçage à gestion privée en Tunisie –Phenicia Seed Fund, géré par Alternative Capital Partners, une société dirigée par Mme Selma Bellagha- dont elle est le premier actionnaire avec 33% d’un capital de 10 millions d’euros.
Toutefois, la BEI compte à son actif très peu de financements directs d’entreprises tunisiennes. Les sociétés ayant eu ce privilège se comptent sur les doigts d’une seule main et si on exclut celles comptant des investisseurs étrangers dans leur capital, il n'y en a qu’une seule : la Compagnie Générale d’Investissement Touristique (CGIT), dirigée par M. Tarek Chérif, qui vient d’obtenir un accord de prêt pour un montant de 8,750 millions d’euros, à titre de contribution au financement de son hôtel 5 étoiles –Royal EL Mansour- à Mahdia.
Mais si aucune autre entreprise à 100% tunisienne n’a pu à ce jour avoir un financement direct de cette institution européenne, la faute n’en incombe pas à la BEI. En fait, cette situation est imputable au fait que la quasi-totalité des projets soumis –et la banque européenne en a reçu- ne répondent pas à deux critères fondamentaux : un business-plan en béton et un investissement d’au moins 25 millions d’euros.
Pour pouvoir prétendre à un financement direct de la BEI, «il faut une demande bien structurée», et un business respectant «un certain nombre de ratios», explique M. Diederick Zambon, représentant de la BEI en Tunisie. Mais si la BEI est absolument ferme sur ce premier critère, elle peut être plus souple sur le second. La preuve en est le dossier de M.Tarek Chérif, dont la demande de prêt porte sur un montant en dessous de la barre de 25 millions d’euros fixée par la BEI.
«L’opération avec M. Chérif est atypique», admet M. Zambon. Et cela tient, explique-t-il, au fait que «nous connaissons bien l’investisseur». En effet, la BEI a déjà financé deux autres entreprises de cet homme d’affaires –Galion et un hôtel à Tabarka, respectivement à travers Tuninvest et une banque commerciale de la place. Et cette confiance vaut bien une «petite» entorse au règlement en vigueur.
Source : WebManagerCenter
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