La Syrie, touchée par un grave déficit de production d'électricité qui rend les coupures de courant fréquentes et la vie de sa population difficile, devra investir plus d'un milliard d'euros pour résoudre son problème, estiment le gouvernement et les experts.
"La production d'électricité est insuffisante pour couvrir nos besoins", a admis dans le journal gouvernemental Techrine le ministre syrien de l'Electricité Ahmad Qoussaï Kayyali, parlant d'une "véritable crise".
La production actuelle en Syrie varie entre 5.500 et 6.200 mégawatts (MW). Le déficit, qui s'élève à près de 1000 MW, est dû notamment à la forte croissance démographique et aux raccordements sauvages, selon les autorités. Mais la situation est aussi liée à la sécheresse qui sévit depuis plusieurs années et au mauvais état des centrales, dont certaines unités doivent être arrêtées par manque d'entretien, ajoute le ministre.
Face à une demande qui augmente de 7 à 10% par an, le gouvernement veut doubler d'ici 2015 la production d'électricité pour atteindre 13.000 MW. Chaque année, la Syrie aurait alors besoin d'une nouvelle centrale de 600 MW, d'un coût d'au moins 500 millions d'euros, selon M. Kayyali. Il précise que des "nouveaux projets" prévus l'an prochain coûteront plus d'un milliard d'euros.
L'aide des pays voisins s'est avérée "peu utile", notamment à cause de la vague de chaleur qui sévit dans la région. L'Egypte, qui acheminait récemment environ 100 MW quotidiennement à la Syrie, ainsi que la Jordanie, ont stoppé leurs fournitures.
Actuellement, la Turquie fournit à la Syrie 200 à 250 MW depuis le 7 août, selon le ministre.
Pour trouver une solution, le gouvernement veut se tourner vers le secteur privé. "La Syrie doit ouvrir son secteur électrique aux investissements privés, elle n'a pas le choix. Elle a tardé à le faire", souligne à l'AFP l'expert en économie Nabil Soukkar.
Il évalue à "au moins un milliard de dollars" les investissements nécessaires pour construire de nouvelles centrales et restaurer les anciennes.
Aujourd'hui, le gouvernement a notamment "des projets d'extension" de trois centrales électriques, dont deux près de Damas: Deir Ali, un projet de 650 millions d'euros financé par la Banque européenne des investissements (BEI) et des fonds arabes, Techrine et Banias (nord-ouest).
En attendant, les Syriens sont confrontés à des coupures de courant de plusieurs heures par jour depuis la mi-juillet. La presse syrienne affirme que la crise va se poursuivre et qu'"elle se répercute" sur la société et l'économie.
Chaque jour, les journaux publient des encarts informant les habitants de Damas et ses environs des horaires du rationnement décidé par la Compagnie nationale d'électricité.
"Nous avons deux coupures de courant par jour, en général deux heures le matin et une heure le soir, c'est insupportable", se lamente Georges qui habite Jaramana, la banlieue sud de Damas, où l'eau potable est distribuée par camion.
Marwane, menuisier, se plaint de travailler "désormais tard dans la soirée" pour compenser les coupures du matin.
Les travaux d'extension des trois centrales doivent être terminés à la mi-2010, mais selon le ministère de l'Electricité, le rationnement se poursuivra l'an prochain car la demande s'accroit.
Outre cette demande croissante, les autorités syriennes mettent en cause les "sanctions américaines" imposées à la Syrie depuis 2004, qui ont entraîné "le refus" de grandes compagnies internationales, notamment américaines et japonaises, de construire de nouvelles centrales électriques.
Source : RomandieNews
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