La vallée sainte de Qadisha ! Un des hauts lieux de la chrétienté au Liban, une merveille naturelle figurant sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, un site touristique à couper le souffle !
Ce site attire les touristes (et les écotouristes) en grand nombre, autant pour son importance symbolique et ses couvents construits à même la roche que pour sa beauté.
Toutefois, depuis quelque temps, les visiteurs du superbe couvent Mar Qozhaya font une rencontre imprévue : les égouts qui se déversent directement dans la vallée et leur odeur nauséabonde qui vient dominer les senteurs de la nature tout autour.
Comment en est-on arrivé là ? Les eaux usées traversent la vallée, n'épargnant ni le couvent ni les tombes des ermites qui ont vécu autrefois dans la tranquillité de ce lieu ni les multiples grottes très riches, dont celles qui ont abrité le célèbre rebelle Youssef bey Karam et ses hommes. Elles n'épargnent rien.
Après ce qu'il a lui-même appelé « de longues hésitations et des promesses creuses », le père Tony Tahan, supérieur du couvent Mar Qozhaya, a décidé de s'adresser à la caméra de la chaîne de télévision LBCI pour dénoncer cette agression subie par le couvent et la vallée.
Il semble donc que les eaux usées non traitées proviennent d'une institution touristique dans le village voisin d'Ehden. Tous les responsables concernés sont au courant, municipalités incluses, mais personne n'a rien fait, pour des raisons totalement incompréhensibles.
Mais faut-il encore chercher des raisons à ce gigantesque capharnaüm dans lequel nous baignons ?
Outre le fait que cette affaire met sur le tapis une nouvelle fois le sujet des eaux usées non traitées qui polluent à peu près tout dans le pays, s'invitant dans les endroits les plus improbables, les égouts se déversant sur Mar Qozhaya, dans l'indifférence générale, posent une effarante question : si même les lieux les plus sacrés, reconnus nationalement et mondialement pour leur splendeur naturelle et leur importance historique, ne sont plus à l'abri, faut-il s'étonner de tout le reste ? Des plages publiques polluées ?
Des rivières et des sols maculés ? Des quartiers dont la vie est pourrie par des relents insupportables ?
D'ailleurs, la vie de la population, sa santé, ne sont-elles pas également sacrées ? Le laxisme ambiant n'épargne décidément personne, tout comme les eaux usées dans la vallée sainte.
Source : l'Orient-Le Jour
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