Comme à Casablanca, les sociétés privées ne veulent pas cesser
leurs activités alors que le contrat de concession porte sur
l’exclusivité.
Veolia n’arrive pas à obtenir l’exonération de taxes pour importer un premier lot de véhicules d’occasion.
Rabat ne fait pas mieux que Casablanca en
matière de transport urbain. Dès octobre prochain, la capitale
administrative pourrait se retrouver dans la même situation,
c’est-à-dire avec un service concédé à un opérateur, Veolia Transport,
censé théoriquement être le seul, et cinq sociétés privées qui ne sont
pas près de lâcher le morceau, sachant que leurs agréments ont pris fin
depuis le début des années 2000.
Certes, on n’en est pas encore là mais
la société qui a signé un contrat de 15 ans -renouvelable pour sept
autres années- aura probablement du mal à être opérationnelle dans les
délais. Il lui reste tout juste quatre mois pour prendre en charge le
transport par autobus de Rabat, Salé, Skhirat, Témara...
L’accord avait
été signé le 26 février dernier avec les autorités locales et approuvé
en avril par le ministère de tutelle, l’Intérieur.
Pour comprendre la situation, il faut savoir que le contrat de gestion
déléguée en question est un contrat d’exclusivité qui comprend des
clauses suspensives relatives aux autres entreprises opérant
actuellement et des clauses transitoires sur lesquelles, justement,
toute l’opération risque de buter.
En effet, comme pour M’dina Bus à
Casablanca, le contrat de Veolia Transport stipule que cette dernière
est autorisée à commencer son activité avec des autobus d’occasion
durant une période de 18 mois en attendant que son parc neuf soit
constitué.
Il dispose ainsi de 200 véhicules qui appartiennent aux deux
associés, en l’occurrence les transports Bouzid et Hakam qui
détiennent 48,96% du capital de la nouvelle société aux côtés de
Veolia qui en détient 51,04%. Sauf que dans le cas présent, il y a un
hic.
Les dirigeants de la nouvelle société avaient tablé sur le rachat
des autobus des sociétés promues à cesser leurs activités. Or,
celles-ci ne semblent pas du tout disposées à jeter l’éponge. Certaines
d’entre elles continuent même d’investir dans de nouveaux véhicules.
Il reste au nouveau gestionnaire délégué une autre option qui
consisterait à importer des autobus d’occasion comme le fit en son
temps M’dina Bus à Casablanca qui a bénéficié de l’exonération des
droits de douane et de taxes pour les autobus qu’elle avait achetés à
son associé, la RATP. Mais la décision d’exonération ne peut être
accordée ni par les autorités concédantes, ni même par le ministère de
l’intérieur.
Elle dépend, dans le cas d’espèce, de la commission des
investissements, présidée par le Premier ministre, où siègent
plusieurs départements dont ceux des finances, de l’industrie, de
l’emploi, etc.
Un appel d’offres international lancé pour l’acquisition d’autobus neufs
Pour l’heure, cette commission ne semble pas pressée de statuer sur la
question. Et quand bien même elle donnerait son aval pour cette
opération, il semble techniquement difficile d’importer des autobus
usagers, car, selon les spécialistes, une telle opération prendrait au
moins quatre mois, ce qui nous renvoie d’emblée au mois d’octobre.
Toujours est-il que, pour l’heure, les responsables de Veolia ne
semblent pas du tout disposés à communiquer, ni à discuter de ces
problèmes. Ils se contentent d’affirmer que leur business-plan est prêt
et qu’une dizaine de cadres ont été recrutés.
De plus, le recrutement
de quelque 3 000 personnes devrait incessamment commencer, plus
précisément dès la fin de ce mois de juin 2009. En fait, il y a déjà
environ 1 200 personnes qui travaillent chez les deux associés de
Veolia qui devraient être transférées à la nouvelle société, le reste
sera recruté sur le marché.
En outre, ils affirment que l’appel d’offres international pour
l’acquisition d’autobus neufs a été aussi lancé et que les
soumissionnaires remettront leur offre le 26 juin courant. Ils
précisent également que les terrains pour les dépôts et les ateliers
ont aussi été acquis à Rabat, Salé et Témara, soit au total une
dizaine d’hectares.
Enfin, le montage financier avec les banques pour
un investissement total de quelque 2 milliards de DH est bouclé. Il
n’en reste pas moins que l’affaire n’est pas facile à faire aboutir.
A côté de cela, la question essentielle subsiste. Car voilà un contrat
de concession accordé à un opérateur et dont la réussite du
business-plan repose sur le principe de l’exclusivité. Or, si les
autres sociétés continuent à travailler, il est évident que la
rentabilité future du transporteur en sera affectée et la qualité de
service ou les investissements prévus en souffriraient. Affaire à
suivre.
Source : la Vie Eco
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