Dangereuses pour l'environnement, coûteuses
et énergétivores : les stations de dessalement de l'eau mer, de plus en
plus répandues en Algérie, suscitent des inquiétudes.
Le Rassemblement
pour la culture et la démocratie (RCD), dans une étude intitulée
« dessalement de l'eau : désastre annoncé », pointe du doigt cette
méthode.
Le parti de Said Sadi estime que « le dossier des stations de
dessalement d'eau de mer conçu dans l'opacité annonce de graves
dommages environnementaux, énergétiques et financiers pour le pays ».
Dans l'étude, signée par le secrétaire national chargé de
l'environnement Ahmed Bennegueouch et disponible sur le site Internet
du parti, le RCD s'interroge sur les critères retenus par les pouvoirs
publics pour choisir la solution du dessalement massif de l'eau de mer
afin de pallier au manque de ressources en eau conventionnelles.
Il
s'interroge également sur le choix des sites d'implantation des usines
de dessablement de l'eau de mer. « Le choix des terrains est déroutant,
la quasi-totalité des stations sont implantées sur le rivage et dans
des zones d'extension touristique à l'image de Mainis (Ténès wilaya de
Chlef) et celle de Tlemcen (plage Tafsout) malgré les réserves des
services de l'environnement », révèle l'étude.
La station de
dessalement de l'eau de mer d'El Hamma à Alger est considérée comme
dangereuse pour l'environnement et le choix de ce site n'a pas été
judicieux, selon le RCD.
Le parti de Said Said ne comprend pas
aussi la décision du gouvernement d'opter pour des stations dessalement
géantes de plus de 100.000 m3 par jour « difficiles à entretenir et
énergétivore » alors que des pays comme l'Espagne préfèrent de petites
usines de 5.000 à 50.000 m3 par jour, plus faciles à entretenir.
Le
choix du gouvernement de confier le pilotage du projet dessalement de
l'eau de mer au ministère de l'Energie au lieu du ministère des
Ressources en eau, suscite également les appréhensions du RCD qui ne
fournit toutefois pas d'explications sur ces inquiétudes.
Concernant le prix de construction des stations de dessalement de l'eau
de mer en Algérie, le RCD a fait une petite comparaison avec la
Tunisie.
« La station de dessalement de l'eau de mer de Djerba
(Tunisie) d'une capacité de 50 000 m3 par jour a coûté 40 millions de
dollars alors que la station de Ténès d'une capacité de 200 000 m3 par
jour coûtera 280 millions de dollars », note l'étude.
Le parti
de Said Sadi s'inquiète également des conséquences néfastes des
stations de dessalement sur l'environnement et le littoral.
Ces usines
dégagent d'énormes quantités de saumure nocive au milieu marin, des gaz
à effet de serre et beaucoup de produits chimiques, selon le RCD qui
cite le Fonds mondial pour la nature et le professeur et expert en
environnement Abdelouahab Chouikhi de Turquie.
« Le Fonds mondial pour
la Nature estime que les activités intensives de dessalement peuvent
provoquer le développement de saumures et entraîner la destruction de
précieuses régions côtières, et ainsi contaminer la vie marine, les
cours d'eau, les zones humides, les eaux souterraines et plus
généralement les écosystèmes qui assurent l'épuration de l'eau et la
protègent contre les catastrophes ».
Le RCD propose des
solutions palliatives notamment le traitement des eaux usées, la
réparation des réseaux d'adduction de l'eau potable pour réduire les
fuites et la récupération des eaux de pluie.
L'Algérie a
entamé en 2005 des investissements de l'ordre de 12 milliards de
dollars pour construire 13 stations de dessalement de l'eau sur le
littoral et produire 2,2 millions de m3 par jour.
Source : Tout sur l'Algérie
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