Alors que le Maroc dispose de journées d’ensoleillement plus
nombreuses, la surface en panneaux installés est à peine de 0,008 m2
par habitant.
Des mesures incitatives ont été mises en place.
Avec
un nombre de journées d’ensoleillement qui peut aller jusqu’à 300 jours
par an, soit quasiment le double de la moyenne en Europe, le Maroc ne
profite pas encore suffisamment des opportunités offertes par l’énergie
solaire, notamment dans la production de chaleur.
En effet, le ratio
par habitant, concernant la superficie de panneaux solaires à usage
thermique atteint aujourd’hui à peine 0,008 m2 par habitant, soit cinq
fois moins qu’en Europe.
Il n’est donc pas étonnant de voir, mardi 23
juin, le ministère de l’énergie et des mines lancer une campagne
nationale de sensibilisation autour de l’efficacité énergétique, un des
volets majeurs de la stratégie énergétique, présentée et débattue lors
des 1ères assises de l’énergie le 6 mars dernier.
Parmi les actions retenues dans le plan national d’actions prioritaires
(PNAP), découlant de la stratégie énergétique, il y a, s’agissant de
l’efficacité énergétique dans le bâtiment, le développement des
chauffe-eau solaires (CES).
L’objectif que les pouvoirs publics se sont
fixés en la matière est de parvenir à installer 440 000 m2 de capteurs
solaires thermiques en 2012 et 1 700 000 m2 en 2020. Cela correspond,
en termes d’énergie produite, et, pour le coup, évitée, à 308 GWh/an et
1 190 GWh/an, respectivement. Ce n’est pas énorme, mais c’est toujours
ça de gagné.
Et ce gain profite non seulement à l’utilisateur (dont la
facture d’électricité ou d’autres sources d’énergie s’allège
substantiellement), mais aussi à la collectivité (eu égard à la cherté
des combustibles utilisés pour la production d’électricité).
Sachant les impacts positifs des CES dans un pays très fortement
dépendant de l’extérieur (à hauteur de 98 %) pour ses besoins en
énergie, alors même qu’il bénéficie d’un ensoleillement sur presque
toute l’année, on peut se demander pourquoi cette filière ne s’est pas
développée de façon conséquente.
Grosso modo, les experts avancent
plusieurs raisons pour expliquer le faible équipement du Maroc en CES,
dont notamment la concurrence du gaz butane subventionné, ce qui, par
comparaison, rend très onéreuse une installation solaire thermique.
A cela, il faut sans doute ajouter une prise de
conscience des enjeux environnementaux encore assez faible (le Maroc
n’est pas signataire du Protocole de Kyoto).
Objectif : un rythme de progression de 200 000 m2 par an en 2012
Pour autant, même s’il n’y a pas lieu de se comparer à des pays comme
l’Allemagne où 2 millions de m2 de panneaux solaires thermiques sont
installés chaque année, il y a au Maroc «une dynamique qui s’est
enclenchée», nuance Mohamed Berdai, directeur de la coopération
internationale au Centre de développement des énergies renouvelables
(CDER).
Celui-ci rappelle qu’en 1999, quelque 30 000 m2 seulement de
capteurs solaires thermiques étaient installés. Aujourd’hui, cette
superficie est de 250 000 m2, soit 0,008 m2 par habitant, contre 0,0022
m2/habitant en 2000.
Autant dire pas grand-chose. Le rythme annuel de
progression était d’environ 10 000 m2 jusqu’en 2002, puis est passé à
40 000 m2 ces deux dernières années. Mais pour parler d’un marché du
solaire thermique, il faudrait atteindre une taille critique : 200 000
m2 par an.
C’est l’objectif qui est désormais fixé. Mohamed Berdai
rappelle à cet égard les mesures incitatives mises en place pour
encourager le développement de ce marché, comme par exemple la baisse
de la TVA à 14 % (pourquoi pas une exonération totale ou, à tout le
moins, un taux réduit de 7 %) et les droits de douane au niveau
plancher (2,5 %) depuis 1998. Parallèlement, un système de
normalisation a été mis en place.
En réalité, ce qui a fait évoluer, certes encore modérément, le marché
du chauffe-eau solaire au Maroc, c’est aussi, et peut-être surtout, le
lancement en 2000 et pour une durée de huit ans du programme de
développement du marché marocain des chauffe-eau solaires (Promosol).
Mené par le CDER, ce programme s’était fixé pour objectif
l’installation de 100 000 m2. Après huit ans d’exécution, l’objectif a
été non seulement atteint mais dépassé : 140 000 m2 de capteurs
solaires ont été installés.
Surtout, ce programme a donné lieu à la
mise en place par le CDER de tout un système de normalisation, de
labellisation, de certification.
Des mesures d’incitation et de
promotion des CES (d’ordre fiscal, réglementaire et autres) sont
attendues pour la phase 2 de Promosol qui couvre la période 2009-2012,
avec un objectif de 200 000 m2 par an.
Coût :8 000 DH pour un chauffe-eau solaire
Avec le développement de la technologie des panneaux solaires
thermiques, il est possible de produire de l’eau chaude sanitaire et
même de chauffer sa piscine à moindre coût.
Selon Mohamed Berdai, spécialiste en énergie renouvelable au CDER (Centre de développement des énergies renouvelables), un mètre carré de capteur solaire thermique, de qualité standard, coûte 4 000 DH.
Pour une installation de base, il faudrait 2 m2 permettant de chauffer 150 litres, soit donc 8 000 DH. Pour une famille marocaine moyenne, le besoin en eau chaude est de l’ordre de 300 litres par jour, soit 4 m2 de capteurs solaires thermiques pour un coût de 16 000 DH.
La durée d’amortissement de l’installation est variable. Si celle-ci est utilisée à la place d’un chauffe-eau électrique, l’amortissement intervient au bout de 2 à 3 ans.
Dans le cas où l’installation est utilisée en remplacement du fioul, il faut compter 5 à 6 ans pour l’amortir. Le problème est qu’aujourd’hui, avec la subvention dont il bénéficie, le gaz est imbattable.
De ce point de vue, le gaz butane, de plus en plus utilisé pour chauffer l’eau, constitue «l’ennemi numéro 1 du chauffe-eau solaire», selon la formule d’un connaisseur du dossier.
Source : la Vie Eco
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