Les instruments de mesure du niveau de bruit ne sont pas disponibles sur le marché algérien.
Le bruit a été défini comme étant un son indésirable pour l’être
humain et pour d’autres composants du milieu.
Les nuisances sonores, comme l’appellent les spécialistes du domaine, ont des conséquences graves sur la santé de la population et dont les origines sont différentes.
Elles peuvent parvenir du transport terrestre, aérien ou du milieu industriel ainsi que de l’activité quotidienne de chaque individu.
De nombreux pays, convaincus de l’impact du bruit sur la santé humaine, ont entrepris des politiques visant son atténuation par des campagnes de sensibilisation et la mise en place d’une réglementation stricte, laquelle sanctionne toute atteinte à l’environnement sur ce plan.
Des normes ont été établies pour limiter l’émission sonore dans plusieurs endroits et moments afin d’en supprimer l’effet négatif sur la santé de l’individu.
Selon une étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’exposition prolongée à des nuisances sonores est responsable de milliers de morts prématurées dues à des problèmes cardiaques.
Selon cette étude, le bruit est à l’origine de 15% des dépressions. De plus, une exposition prolongée au bruit cause une augmentation des niveaux d’hormones du stress dans le sang (cortisol, adrénaline, noradrénaline) même si la personne est endormie.
La circulation prolongée de ces hormones dans le
sang est capable de provoquer des troubles physiologiques majeurs à
long terme, en particulier l’infarctus, l’hypertension artérielle et
les problèmes
immunitaires ainsi que la surdité.
Les spécialistes de l’OMS affirment que ces troubles physiologiques surviennent même si l’on croit qu’on est habitué au bruit. Dans notre pays, la nuisance sonore est omniprésente dans la vie quotidienne de chaque individu surtout en milieu urbain.
La lutte contre ce phénomène n’en est qu’au stade embryonnaire puisque le volet réglementaire n’est pas bien consolidé.Certes, le décret exécutif n°93-184 du 27 juillet 1993 réglemente l’émission des bruits mais ne donne que les grandes lignes sans préciser la mise en œuvre sur le terrain.
La question importante qui se pose est la suivante : qui opère les contrôles de cette nuisance sonore et, d’ailleurs, quels sont les sonomètres autorisés à faire des mesures ?
De plus, les normes figurant dans ce décret qui date de 1993 ne sont-elles pas dépassées vu les dernières recherches médicales et le développement technologique ?
Au niveau de la wilaya de Aïn Defla, le constat est le même puisque les causes de cette nuisance sonore sont identiques et que l’ignorance de l’impact du bruit sur la santé est apparent en l’absence de sensibilisation.
Les bruits générés par les engins lors des travaux en milieu urbain et les autres bruits dépassant largement le niveau sonore admis sont omniprésents et personne ne fait rien pour appliquer ce que prévoit le décret exécutif n°93-184 qui semble bien relégué dans les tiroirs.
Sur le plan de la prise en charge des personnes atteintes de maladies liées à la nuisance sonore, il semble qu’elle s’inscrit dans un cadre global, ce qui veut dire que ces maladies n’ont pas de traitement particulier.
Selon un médecin, le nombre élevé des hypertendus en Algérie est sûrement dû aux nuisances sonores.
En somme, pour lutter contre la nuisance sonore,
il faudrait d’abord rendre possible la mesure du niveau sonore en
mettant à la disposition des services concernés et des particuliers des
sonomètres, ces instruments de mesure très difficiles à trouver
aujourd’hui non à cause de leur prix mais de leur absence sur le
marché national. Il faudrait, ensuite, renforcer la réglementation et
la sensibilisation de la population sur les conséquences graves du
bruit.
Le décret exécutif n°93-184 en quelques lignes :
Ce
décret réglementant l’émission des bruits est paru au Journal officiel
n°50 du 28/07/1993. Il est composé de 14 articles. Les niveaux sonores
maximums admis dans les zones d’habitation et dans les voies et lieux
publics ou privés sont de 70 décibels en période diurne (6 heures à 22
heures) et de 45 décibels en période nocturne (22 heures à 6 heures)
selon l’article 02.
On trouve, également dans ce décret, les niveaux
sonores maximums admis au voisinage immédiat des établissements
hospitaliers ou d’enseignement et dans les aires de repos et de détente
ainsi que dans leur enceinte, soit 45 décibels en période diurne (6
heures à 22 heures) et 40 décibels en période nocturne (22 heures à 6
heures).
L’article 04 indique que toutes les émissions sonores
supérieures aux valeurs limites indiquées aux articles 02 et 03 sont
considérées comme une atteinte à la quiétude du voisinage, une gêne
excessive, une nuisance à la santé et une compromission de la
tranquillité de la population.
Ce décret incite, entre autres, les
exploitants ayant une activité générant du bruit à prendre les mesures
nécessaires dans le cadre de l’insonorisation.
Dans l’article 13, il est mentionné que toutes infractions au présent décret sont sanctionnées.
La
lecture de ce décret montre réellement, qu’il y a eu, en 1993, une
volonté de lutter contre les nuisances sonores. Cependant, sur le
terrain aucune continuité n’a été assurée à ce volet pour consolider ce
décret par des textes d’application ni désigner les services devant
prendre les mesures nécessaires : ceux de la police ou bien de
l’environnement, et qui actionnera les poursuites contre les
générateurs de bruits.
Sachant qu’actuellement sur le terrain
aucun service n’intervient pour contrecarrer ce phénomène, ils
attendent tous qu’un citoyen ou un groupe d’habitants dépose une
requête dénonçant les émissions sonores supérieures aux valeurs
indiquées dans le décret pour réagir.
En somme, pour que la lutte
contre les nuisances sonores soit efficace, il faut que les services
concernés interviennent sur le terrain rapidement sans attendre que le
citoyen tire la sonnette d’alarme puisque la réglementation est claire
sur ce point.
Source : La Tribune d'Alger
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