L’élément humain, la vétusté du parc et l’état de la chaussée sont mis à l’index.
Beaucoup de chauffeurs ne sont pas formés pour conduire des camions de transport de conteneurs.
Les textes en vigueur ne prévoient pas de normes de sécurité spécifiques pour ces camions.
Le
phénomène est récurrent à Casablanca. Pas plus tard que lundi 4 mai, un
conteneur mal fixé chutait d’un poids lourd, au niveau de l’avenue
Abdellah Ben Yacine, à Casablanca.
Depuis quelques mois, des camions de
transport de marchandises circulant à l’intérieur du périmètre urbain
font tomber leur chargement sur la chaussée, des conteneurs de
plusieurs tonnes ou des produits en vrac.
Jusque-là, on a eu à déplorer
au moins une perte humaine, contrairement à Tanger où 4 personnes ont
péri en 2007, à la suite de la chute d’un conteneur sur le véhicule
dans lequel elles étaient embarquées.
En revanche, les dégâts
matériels, eux, sont conséquents, notamment quand les chargements en
question atterrissent sur les voitures d’autrui.
Selon un responsable de la Fédération nationale du transport sur route
et dans les ports (FNTRP), on comptabilise chaque année une vingtaine
d’accidents de ce genre. L’élément humain, l’état des camions, le
non-respect des normes de sécurité et le mauvais état de la chaussée
sont, dans l’ordre, les causes invoquées.
S’agissant de l’élément humain, les propriétaires de quelque 2 400
camions qui travaillent au port, dont environ 1 500 transportent des
conteneurs, n’hésitent pas à confier leurs véhicules à des conducteurs
non expérimentés.
Ces chauffeurs ne sont, souvent, pas liés à une
entreprise par un contrat de travail avec tout ce que cela suppose
comme droits et devoirs légaux. Ils travaillent chez les uns et les
autres moyennant un salaire hebdomadaire allant de 700 à 1 000 DH et
même un peu plus à certaines périodes de l’année.
La formation de 1 000 conducteurs
«Il y a très peu d’entreprises de transport structurées qui travaillent
entre le port et le périmètre urbain», explique un syndicaliste, qui
estime que la plupart de ces transporteurs ont moins de 10 camions, et
que, légalement, rien ne leur interdit de faire travailler tout
titulaire d’un permis poids lourds.
En d’autres termes, la notion du
chauffeur professionnel, c’est-à-dire titulaire d’un certificat
d’aptitude professionnelle, n’est pas encore entrée dans les mœurs.
Ce
constat est illustré, déjà dans le domaine du transport de voyageurs
par le demi d’un plan de formation de 1000 conducteurs d’autocars. Pour
cette opération lancée en 2008, à peine une centaine de chauffeurs ont
été formés. Il faut signaler que le projet de code de la route prévoit
la notion de chauffeur professionnel avec des critères d’accès.
En
attendant un éventuel texte qui fait l’unanimité, nombre d’intervenants
sont d’avis qu’il est temps qu’une opération de sensibilisation soit
organisée à l’adresse des propriétaires de camions et des conducteurs
qui travaillent pour leur compte.
Des camions de plus de 30 ans d’âge continuent de circuler
Quant à l’état des camions, il est également catastrophique. Des
véhicules dont l’âge est supérieur à 25 ou 30 ans et même plus
continuent de circuler, car rien n’oblige, là encore, leurs
propriétaires à les retirer de la circulation.
Et, apparemment, la
prime à la casse initiée par les pouvoirs publics pour inciter les
transporteurs à renouveler leur parc n’arrive pas à toucher les
camionneurs du port de Casablanca.
Pour le contrôle, les autorités qui en sont chargées ferment, de toute
évidence, les yeux sur de nombreuses infractions. Sinon comment se
fait-il que beaucoup de camions sont dépourvus de ce qu’on appelle les
«twist lock», attaches métalliques qui permettent au conteneur de
rester stable ou de ne pas glisser si un virage est mal négocié.
Il est
ainsi fréquent de voir un véhicule transporter un conteneur simplement
posé sur son tracteur et il n’existe pas de texte juridique obligeant
ces camionneurs à équiper leurs remorques de ces «twist-locks»
Reste l’état des routes.
Les professionnels ne manquent jamais de s’en
plaindre. Différents points noirs à Casablanca sont évoqués par les
transporteurs, mais c’est l’exemple du pont de la rue des Oudayas
(Carnaud) qui revient le plus souvent.
Ce problème est réel, mais un
respect beaucoup plus strict des règles de sécurité permettrait de
réduire très largement les accidents.
Source : La Vie Eco
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