Les effets du changement climatique sur la santé constituent une question critique dont les responsables politiques doivent être bien conscients lorsqu’ils fixent les priorités en matière d’actions et d'investissements pour atténuer l’impact du phénomène.
Tel est le message central apporté par les experts de l’OMS réunis cette semaine dans le cadre de la Conférence sur le changement climatique de Copenhague - risques mondiaux, défis et décisions.
Sur la base des recherches effectuées, l’OMS a défini trois arguments essentiels en matière de santé à l’appui de mesures plus énergiques face au changement climatique :
1. Le changement climatique a des répercussions néfastes pour la santé : plus de carbone, moins de santé
L’OMS ainsi que les données du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) définissent les risques pour la santé comme étant un signe grave des conséquences qu'ont les perturbations climatiques modifiant les processus naturels de la planète dont nous dépendons pour l’alimentation, l’eau et la sécurité physique.
Les risques pour la santé liés au changement climatique sont différents, mondiaux et difficiles à inverser sur une échelle de temps humaine.
Il s'agit aussi bien de risques accrus d’événements météorologiques extrêmes que des effets sur la dynamique des maladies infectieuses ou l’augmentation du niveau des mers entraînant une salinisation des sols et des ressources en eau.
Sur la base des estimations de l’OMS, quelque 150 000 décès surviennent chaque année dans les pays à faible revenu en raison du changement climatique.
Ils sont dus à
quatre effets liés au climat : mauvaises récoltes et malnutrition, maladies
diarrhéiques, paludisme et inondations.
Près de 85 % de cette surmortalité
touche le jeune enfant.
2. Réduire les émissions de gaz à effet de serre peut avoir des effets bénéfiques pour la santé : moins de carbone, plus de santé
Les améliorations qu’il est possible d’apporter à l’environnement sont susceptibles de réduire la charge de morbidité mondiale de plus de 25 %.
Une grande partie de la charge actuelle est liée à la consommation d’énergie et aux systèmes de transport.
En modifiant ces systèmes pour réduire le changement climatique, on aurait également un effet positif sur des problèmes majeurs de santé publique, notamment la pollution atmosphérique (800 000 décès annuels), les accidents de la circulation (1,2 million), le manque d’exercice physique (1,9 million) et la pollution de l’air à l’intérieur des habitations (1,5 million).
3. Les effets du changement climatique sur la santé sont inégalement ressentis : pour être efficace, l'action doit être mondiale
Qu’il s’agisse des 70 000 décès supplémentaires imputables à la vague de chaleur en Europe en 2003 ou des nouveaux décès dus au paludisme sur les plateaux d’Afrique centrale, les plus exposés à la morbidité et à la mortalité prématurées liées au climat sont les pauvres, les personnes vulnérables du point de vue géographique, les plus jeunes, les femmes et les personnes âgées.
On considère que les populations les plus exposées sont celles qui vivent dans les petits pays en développement insulaires, dans les régions montagneuses, dans les zones où la pénurie d’eau se fait sentir, dans les très grandes agglomérations et dans les zones côtières des pays en développement (en particulier les grandes agglomérations urbaines des deltas asiatiques), ainsi que les pauvres et les gens qui n’ont pas accès aux services de santé.
En plaçant ces trois arguments sanitaires au centre des préoccupations à la prochaine Conférence des Nations Unies sur le climat, baptisée Conférence des Parties (COP-15) de Copenhague qui aura lieu fin décembre, on pourrait déboucher sur un nouvel accord post-Kyoto permettant à tous de profiter des avantages sanitaires et économiques liés à la lutte contre le changement climatique.
L’OMS s’attachera à atteindre quatre objectifs : améliorer la sensibilisation mondiale à ces arguments; présenter les motifs sanitaires à l'appui d’une forte réduction des émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs (par exemple transport, logement, énergie, agriculture) au niveau national, régional et international ; promouvoir et appuyer la recherche pour obtenir de nouvelles bases scientifiques ; et renforcer les systèmes de santé pour qu'ils puissent faire face aux menaces liées au changement climatique, notamment les situations d’urgence provoquées par des événements météorologiques extrêmes et par l’élévation du niveau de la mer.
Les États membres de l’OMS ont souligné l’importance des mesures à prendre pour protéger la santé face au changement climatique. Les pays ont prié l’OMS de renforcer le soutien qu'elle apporte aux efforts nationaux et internationaux et d’évaluer les effets du changement climatique sur la santé et les systèmes de santé.
Source : El Moudjahid
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