L’Economiste : Que pensez-vous de la gestion du transport urbain dans la métropole?
- Omar Drissi-Kaïtouni: Dans des agglomérations denses de la taille du Grand Casablanca, l’exclusion instantanée de toutes les sociétés viables existantes réduirait d’un coup le potentiel de transport urbain de la métropole.
Techniquement, maintenir à Casablanca une seule société en injectant 100 ou 200 autobus à court et moyen termes ne suffira pas à combler la part aujourd’hui détenue par les autres sociétés.
D’autant plus que le principe d’une seule société privée à but lucratif est difficilement conciliable avec les concepts liés à la concurrence et les bénéfices qui en retombent sur les usagers.
De même que le pouvoir de négociation des autorités garantes d’un service de qualité pour la population en sera grandement réduit.
Face à un monopole privé, la politique de la société privée peut devenir l’unique politique de transport urbain.
Là où l’on voit une seule société opérer sur une
grande agglomération, comme Paris, Montréal, New York ou Barcelone par exemple,
ces sociétés ne sont pas nées d’une décision spontanée dans le temps, mais ce
sont des sociétés où d’abord l’Etat détient souvent une part importante, qui ont
grandi et se sont développées avec leurs villes depuis près d’un siècle. Dans
ces sociétés, la participation de l’Etat dans la planification du transport
urbain est la garantie d’un service adapté pour les citoyens.
Quelle est donc la solution la plus appropriée?
- Pour faire face à cette situation, il y aurait tout intérêt à maintenir en place, en renouvelant leurs contrats de concession, les sociétés marocaines viables qui ont toutes les compétences nécessaires pour répondre de façon efficace au cahier des charges des autorités.
Tout autant que des sociétés étrangères.
Pour le Grand Casablanca, cette solution pragmatique basée sur le maintien de plusieurs sociétés existantes, compétentes et viables, couvrant parfaitement les grands besoins de déplacement de l’agglomération, proches de l’usager et à son écoute, et partenaires des autorités dans leur processus de planification, permettrait une amélioration continue du service sans interruption aucune.
Comment voyez-vous la qualité de la prestation des privés?
- Je peux citer le cas de Lux Transports qui a opté pour une politique qui porte sur le service à l’usager, tant en quantité qu’en qualité et sécurité.
Je peux dire aussi que les sociétés de transport en commun El Joumani se sont engagées dans des investissements très importants pour l’acquisition de plus de 400 autobus neufs au cours des quatre dernières années, afin d’assurer une couverture satisfaisante des besoins de ses usagers.
Cet effort quantitatif se poursuit aujourd’hui avec une politique qualité et sécurité avec l’acquisition de véhicules modernes et climatisés assurant le confort des usagers, et avec des châssis bas facilitant l’accès aux plus jeunes, aux personnes âgées et aux handicapés
Source : l'Economiste
Commentaires