"Sauver la Méditerranée" : cet impératif réunira, les 27, 28 et 29 mars à l'Unesco, à Paris, experts, chercheurs, politiques, représentants d'entreprises, au 5e colloque international du Forum de Paris, organisé en partenariat avec Le Monde et LCI.
Fondé en 1995, le Forum de Paris est un lieu de réflexion sur l'espace méditerranéen.
L'enjeu est crucial. La mer et ses rives connaissent aujourd'hui une crise des ressources environnementales qui menace le développement économique et le bien-être des populations.
"La Méditerranée est un espace particulièrement exposé, où les phénomènes qui se produisent à l'échelle mondiale se concentrent, explique Henri-Luc THIBAULT, directeur du Plan Bleu, l'organisme du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) chargé d'étudier cette zone. La situation appelle des réponses urgentes."
La Méditerranée fait partie de ce que les chercheurs appellent les "points chauds" de la planète. La région est particulièrement sensible au réchauffement climatique : la hausse des températures y sera plus élevée qu'ailleurs, et les précipitations diminueront fortement.
Elle est également l'un des principaux "sites critiques" de la biodiversité mondiale.
La croissance démographique est la principale cause de surexploitation et de dégradation de ses écosystèmes.
La population des rives sud a presque doublé en 30 ans, pour atteindre 258 millions d'habitants en 2005, et elle pourrait encore augmenter de 157 millions de personnes à l'horizon 2050.
Un flux de 246 millions de touristes annuels (637 millions à l'horizon 2025) vient s'y ajouter.
ABSENCE DE COORDINATION
Facteur aggravant : la croissance démographique, le développement économique
et le tourisme se concentrent dans les villes et sur le littoral. Résultat,
environ 48 % de la côte est bétonnée.
"La dégradation des sols, due à l'urbanisation, à la déforestation et au surpâturage est l'un des principaux défis des années à venir", affirme Paolo LOMBARDI, directeur du bureau méditerranéen du Fonds mondial pour la nature (WWF).
La situation des ressources en eau est également inquiétante. La rive ne reçoit que 10 % des précipitations de la région.
La population méditerranéenne, pauvre en eau (moins de 1 000 m3/an/habitant), pourrait atteindre 250 millions d'habitants en 2025.
L'épuisement des nappes souterraines, la salinisation et la pollution des eaux hypothèquent l'avenir.
La mer, qui relie les 22 pays riverains, subit un triste sort. Les eaux usées des villes, non traitées dans 50 % des cas, y sont déversées.
Les déchets finissent aussi en mer. Le trafic maritime occasionne le déversement de 20 000 à 80 000 tonnes d'hydrocarbures par an. De nombreux stocks de poissons sont surexploités.
Des solutions existent. "Elles reposent sur une utilisation plus raisonnée des ressources rares dont on dispose", explique M. Thibault.
Grâce à une politique volontariste, la Tunisie a, par exemple, réussi à stabiliser les volumes d'eau employés pour l'irrigation depuis une dizaine d'années.
Mais la maîtrise de la consommation d'eau, de terres, de transports, la
protection des espaces naturels ou le développement des énergies renouvelables
ne sont pas mis en oeuvre à grande échelle.
"Les gouvernements commencent à se rendre compte que l'état de leurs ressources naturelles influence leurs perspectives économiques, mais cela ne se traduit pas en actes", affirme M. Lombardi.
Le manque d'intégration politique des pays riverains, inclus dans différents espaces géopolitiques (Union européenne, Ligue arabe, Union africaine...), fait obstacle à l'adoption de politiques coordonnées.
L'Union pour la Méditerranée (UMP), lancée en juillet 2008, se veut une réponse.
Elle vise notamment à dépolluer la Méditerranée, à améliorer la gestion de l'eau et à développer les énergies renouvelables, via des projets concrets. Cependant, le processus est au point mort depuis l'offensive israélienne à Gaza.
Source : Le Monde
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