La seule véritable «guerre de l'eau» a eu lieu il y a 4 000 ans. Mais l'ONU presse les gouvernements d'intégrer la politique hydrique à leur agenda prioritaire.
La guerre de l'eau menace la planète - même si les experts s'accordent à penser qu'elle peut être évitée. L'ONU n'en dresse pas moins un constat alarmant, dans un rapport publié la semaine dernière, qui lance à la communauté internationale un appel pressant à l'action.
Selon ce document, si la gestion actuelle, «non durable et inéquitable» de l'eau se poursuit, les conséquences seront «graves» pour le développement et la sécurité des hommes dans plusieurs régions du monde.
En Afrique et en Asie notamment, l'eau se raréfie, sous la double influence de la croissance démographique et du changement climatique, exacerbant les tensions économiques et politiques, en particulier dans les zones transfrontalières.
La situation est particulièrement critique en Afrique subsaharienne, où la gestion des ressources en eau est notablement dégradée.
L'Égypte, le Soudan et l'Éthiopie sont virtuellement en état d'«hydroconflictualité» pour le contrôle du Nil dont les eaux n'atteignent plus la mer. Au Zimbabwe, l'épidémie de choléra, qui a fait plus de 4 000 morts depuis août dernier, est due à la déliquescence des structures hydriques du pays.
Sur le continent, les experts n'excluent pas qu'éclatent des «émeutes de l'eau», comme il y a eu, il y a quelques mois, des émeutes de la faim.
Quant au conflit israélo-arabe, les enjeux représentés par la maîtrise des approvisionnements en eau ne sont plus à démontrer.
Le Tibet, «château d'eau» de l'Asie
Pour la Chine, en proie à la raréfaction et à la pollution de l'eau, le Tibet, véritable «château d'eau de l'Asie», représente, pour cette raison-là aussi, un intérêt majeur.
On comprend également les inquiétudes de l'Inde de voir une partie des sources du Brahmapoutre ou de l'Indus déroutée par Pékin.
Pareillement, le Vietnam est préoccupé par les projets d'aménagement du haut Mékong, derrière lesquels Hanoï voit se profiler le spectre de l'hydropuissance chinoise.
Partout où elle se fait rare, l'eau est susceptible d'accentuer les vieilles rivalités historiques.
Pourtant, à l'instar des conclusions du rapport de l'ONU, les spécialistes ne voient pas émerger de guerre pour l'eau, même si la tendance lourde paraît inquiétante.
Le seul conflit armé directement motivé par la conquête de l'«or bleu» est intervenu entre deux cités-États de Mésopotamie… il y a quelque 4 000 ans.
«Il y a toujours eu régulation ou réflexe de survie», souligne un diplomate en charge de l'environnement. Selon l'ONU, le défi est maintenant de faire en sorte que les gouvernements intègrent la politique de l'eau à leur agenda prioritaire, au même titre que l'économie, l'énergie ou la sécurité.
La coopération pour le développement doit y contribuer. Les innovations technologiques (notamment pour l'assainissement) et une coopération internationale accrue seront déterminantes pour prévenir les affrontements que pourrait susciter cette ressource en voie de raréfaction.
Source : Le Figaro
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