Les services d'urgence en Tunisie sont sous-équipés et manquent cruellement de personnels. Le gouvernement espère que de nouvelles mesures, dont la création de nouveaux services et de nouvelles dotations en personnel, permettront d'améliorer ces services.
Le Président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a signé de nouvelles mesures, vendredi 30 janvier, destinées à améliorer les services d'urgence dans le pays.
Le secteur des urgences est actuellement sous-équipé et souffre d'un manque de médecins urgentistes et d'un surpeuplement des salles, affirment médecins et infirmières.
"Avec le grand nombre de nouvelles arrivées chaque jour", explique Nour El Din, médecin urgentiste à l'hôpital Charles Nicolle, "nous ne sommes pas en mesure d'offrir les services nécessaires au rythme souhaité et avec la qualité requise. Mais nous faisons de notre mieux pour répondre à tous les cas, malgré un très fort accroissement de la charge de travail."
Du fait de cette pénurie de services, Nour El Din explique que certains médecins et membres du personnel médical doivent subir les invectives de patients ivres ou des familles des malades. "Mais on a l'habitude, c'est notre boulot."
Les nouvelles mesures envisagées prévoient l'accès aux services d'urgence et de premiers secours par un seul numéro de téléphone, un renforcement du personnel dans les services d'urgence, et la construction d'une nouvelle unité d'urgence à l'hôpital Charles Nicolle.
Le gouvernement souhaite également mettre en place des centres régionaux de réception d'appels d'urgence, et coordonner l'intervention des parties concernées pour les relier à ce numéro.
Des unités médicales mobiles de premiers secours seront disponibles dans chaque hôpital du pays avant fin 2011. Déjà quatorze nouvelles de ces unités ont été créées.
Les données du ministère de la Santé montrent que les centres d'urgence forment actuellement quatre cents médecins urgentises, trente-huit médecins résidents et quatre spécialistes. Il existe actuellement 182 services d'urgence dans le pays.
Une visite dans l'un de ces centres en Tunisie témoigne du nombre très élevé de nouvelles admissions chaque jour.
Au service d'urgence de l'hôpital Rabita, le couloir est encombré de patients, de docteurs, d'infirmières et d'auxiliaires. Du fait de cette surcharge, les médecins n'ont que quelques minutes à consacrer à chaque cas.
"Nous recevons près de deux cents personnes par jour au service d'urgence", explique Jalal, médecin à l'hôpital Rabita, "dont la plupart ne nécessitent pas une attention immédiate. Certains viennent pour une simple grippe. Cela nous ralentit et nous empêche de traiter les cas graves."
Jalal explique que les services de jour des hôpitaux étant fermés le vendredi et le samedi soir, les gens ont l'habitude de se rendre aux urgences dès qu'ils se sentent légèrement mal.
Les chiffres publiés par le ministère de la Santé montrent que seuls vingt pour cent des patients des urgences nécessitent une hospitalisation immédiate.
"Je n'ai pas réussi à trouver une chaise roulante pour emmener ma mère en salle de traitement", se plaint Murad, venu accompagner sa mère à l'hôpital Rabita. "J'ai attendu une demi-heure, mais ma mère ne peut pas rester debout si longtemps."
Mahmoud, un homme âgé souffrant d'asthme, est resté couché sur un brancard pendant une heure à l'hôpital Habib Tameur, en attendant que les médecins le mettent sous oxygène.
Au centre de traumatologie et des grands brûlés, qui a ouvert en juin dernier, la scène est différente. Ce centre dispose en effet des derniers équipements et matériels. Contrairement à la plupart des unités de soins d'urgence plus petites, ce centre de sept étages a été construit sur six hectares.
"Il n'y a presque jamais foule ici", explique l'un des médecins.
"Le but est de promouvoir les avantages du secteur de la santé, d'améliorer les services d'urgence, et de les rapprocher des citoyens", explique Ridha Bou Zid, responsable des admissions de ce centre.
Source : Magharébia
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