Le majestueux cèdre du Liban, symbole du pays depuis des siècles, est menacé par le changement climatique.
Le "Cedrus Libani", dont le bois a été prisé à travers l'histoire pour sa dureté et sa résistance, figure sur la "liste rouge" des espèces "fortement menacées" de l'Union internationale pour la préservation de la nature, l'inventaire mondial le plus complet de l'état de conservation global des espèces végétales et animales.
Les écologistes mettent en garde contre l'impact du réchauffement climatique sur cet arbre, qui, victime d'une déforestation intensive, ne vit déjà plus que dans des zones protégées.
"Ca suffit de parler de la nécessité de préserver le cèdre. Il est temps d'agir", déclare Nizar Hani, coordinateur scientifique de la réserve naturelle des cèdres d'Al-Chouf, dans la région montagneuse du Chouf, au sud-est de Beyrouth. "Tout indique que si le changement climatique actuel se poursuit, les cèdres pourraient être en danger".
Cette réserve, la plus importante du pays avec plus de 25% des 2.000 hectares plantés en cèdres du Liban, a été créée en 1996. Certains de ces arbres aux aiguilles persistantes, de la famille du pin, sont vieux de 2.000 ans.
"La fonte des neiges en montagne pourrait provoquer sa disparition", explique Wael Hmaidan, directeur de la Ligue des activistes indépendants (IndyAct), ONG spécialisée dans les questions environnementales.
Le cèdre, qui peut atteindre 50 mètres, aime en effet la neige, et pousse entre 1.200 et 1.800 mètres au dessus du niveau de la mer. Le réchauffement du climat pourrait le contraindre à grimper plus haut pour survivre.
"Si pendant plusieurs jours consécutifs, l'on n'a pas un mélange de pluie, neige et givre, les graines ne peuvent se disséminer. Le froid est également nécessaire à la germination des graines", ajoute Fady Asmar, un consultant spécialiste des forêts de Méditerranée. "Ils ont besoin aussi de la brume d'été. Tout changement de ces facteurs plusieurs années de suite peut conduire à la mort des arbres".
Or, "la saison des pluies a été mauvaise cette année", selon M. Hani.
La sécheresse a été rendue responsable voici quelques années du pullulement du Cephalcia Tannourinensis, un insecte qui avait ravagé les cèdres du village de Tannourine (nord).
Cet insecte "vit avec les cèdres dans le même environnement. Avec la hausse des températures, il se reproduit trois fois l'an au lieu d'une fois, conduisant au problème de Tannourine", poursuit M. Hani.
Pour M. Hmaidan, le Liban est menacé d'être "transformé en désert". "Malheureusement, les pays arabes ne font pas suffisamment d'efforts pour faire face aux changements climatiques".
Ce que tempère M. Asmar, selon qui les données sont trop rares pour sonner irrémédiablement le glas du cèdre du Liban. "Les changements ne sont pas encore évidents. Les arbres pourraient s'adapter à leurs conditions nouvelles".
Le cèdre est le symbole de l'identité nationale.
Il est réputé avoir servi à la construction des bateaux, temples et maisons phéniciens et est l'emblème de nombre de partis politiques, dont le Parti phalangiste et les Forces libanaises.
Les habitants du Chouf racontent que durant la guerre civile (1975-1990), le leader druze Walid Joumblatt avait fait creuser des tranchées et miner les alentours de la forêt pour la protéger.
"Les cèdres font partie intégrante de notre culture et de notre héritage", résume M. Hani. "Nous luttons pour les préserver avec la reforestation, la construction de réservoirs d'eau et la sensibilisation du public".
Source : Romandie-News
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