Incapable d'assurer correctement encore, jusqu'à la fin
des années 90, l'alimentation en eau potable de sa capitale,
l'Algérie figure, aujourd'hui, parmi les rares pays africains
ayant, déjà, réalisé le 7e Objectif du
millénaire pour le développement (OMD) de l'ONU, qui
cible de réduire de moitié, à
l'échéance de 2015, le nombre d'habitants sans
accès à l'eau potable et aux services d'assainissement.
En effet, selon les statistiques du ministère des Ressources en
eau, l'Algérie fournit 93 % de sa population en eau potable par
le biais de réseaux de distribution, alors que 86 % des foyers
algériens sont raccordés à des réseaux
d'assainissement.
Pour arriver à ce résultat, qui se renforce chaque jour davantage, l'Algérie a mis en place une stratégie de développement du secteur de l'hydraulique basée, notamment sur une mobilisation des ressources en eau superficielles et souterraines, la réalisation de réseaux d'adduction et de distribution et la lutte contre la déperdition de la ressource à travers, notamment une gestion rationnelle.
Cette stratégie pour la réalisation de laquelle a été allouée, notamment une enveloppe de 2000 milliards de dinars, s'est appuyée sur des programmes de développement portant, notamment sur la construction de nombreux barrages dans les principaux bassins hydrographiques, dont l'interconnexion, à travers des systèmes de transfert d'eau, a permis de tisser une véritable toile d'araignée au niveau de toutes les régions du pays pour desservir le plus reculé des villages.
Le pays, qui ne possédait en effet que 44 barrages jusqu'en l'an 2000 pour une capacité de stockage de 2,2 milliards de m3, a mis en exploitation 15 nouveaux barrages durant les cinq dernières années, dont ceux de Beni Haroun (Mila) et de Taksebt (Tizi-Ouzou) en 2007, avant d'en réceptionner 13 autres. Ce qui portera le nombre de barrages à 72 et la capacité de mobilisation à 7,8 milliards de mètres cubes/an à la fin de l'année 2009.
Les grands systèmes de transfert sont, quant à eux, lancés autour du barrage de Beni Haroun, qui a une capacité de stockage de près d'un milliard de m3, pour l'alimentation de cinq wilayas de la région est (Mila, Constantine, Khenchela, Oum El Bouaghi et Batna), de celui de Taksebt pour desservir les wilayas du centre (Tizi-Ouzou, Boumerdès et Alger), et de Koudiet Acerdoune (Bouira) au bénéfice des wilayas de Bouira, Tizi Ouzou, M'sila, et Médéa. Pour la région ouest, le système, intitulé le MAO, sera inauguré durant ce 1er trimestre 2009 pour alimenter les villes situées dans le couloir Mostaganem-Arzew-Oran, à partir des barrages de Cheliff et de Kerrada.
Les régions sud et des Hauts-plateaux bénéficieront, également, de transferts d'eau de forages effectués sur la nappe albienne, à l'exemple de celui en cours de réalisation pour l'alimentation de Tamanrasset à partir de Ain Salah sur une distance de 740 km.
Par ailleurs, et afin de ne pas dépendre uniquement de la pluviométrie, l'Algérie a engagé un programme de réalisation de stations de dessalement d'eau de mer dans les régions côtières, et, notamment dans l'ouest du pays qui souffrait d'un déficit chronique en pluie, pour renforcer les apports des barrages et parer au manque d'eau en périodes de sécheresse.
Treize stations sont ainsi programmées pour fournir, à la fin de l'année 2009, une production de près de 2,26 millions de m3/jour, soit 825 millions de m3/an, une quantité qui représentera près du tiers des capacités de retenue des barrages qui existaient jusqu'en 2000.
Deux stations sur les 13, sont déjà en production à savoir celle d'Arzew pour Oran et celle de Hamma pour Alger, alors que près de 10 contrats de réalisation ont déjà été conclus avec des chantiers lancés ou en cours de lancement.
Cette mobilisation tous azimuts des ressources hydriques s'est répercutée sur la dotation moyenne par habitant en eau potable qui a atteint, actuellement, plus de 165 litres/jour par habitant, alors qu'elle n'était que de 123 litres en 1999 et de 160 litres en 2007, et sur la fréquence de la distribution de l'eau au niveau des 1.541 communes du pays, dont 70% reçoivent désormais l'eau quotidiennement contre 45% en 1999. Le réseau national d'alimentation en eau potable totalise 60.000 kilomètres.
Grâce à un réseau national d'assainissement des eaux usées de quelque 38.000 kilomètres, contre 21.000 kilomètres en 1999, soit une progression de près de 82%, le taux national de raccordement à l'égout est passé de 72% en 1999 à 86% en 2008.
La réalisation de 40 stations d'épuration des eaux usées et la réhabilitation de 20 autres, a permis, par ailleurs, de faire passer les capacités nationales de traitement des eaux usées de 90 millions de m3 en 1999 à 350 millions actuellement. Elles atteindront 600 millions en 2010 avec la réception des projets en cours de réalisation.
Cette mobilisation de ressources hydrauliques a permis, également, l'irrigation, en 2007, de 24 périmètres agricoles totalisant 219.000 hectares, alors que 4 autres totalisant près de 11.000 hectares étaient prévus à la livraison en 2008 dans les wilayas de Tlemcen, Tiaret, Jijel et Oum El Bouaghi. Une quinzaine d'autres périmètres totalisant une superficie de plus de 120.000 hectares sont également en cours de réalisation.
Les retenues collinaires, dont le nombre avoisine les 460 en 2008, participent, de leur côté, avec un potentiel de 44 millions de m3, à l'irrigation de 850.000 hectares dans le cadre de la petite et moyenne hydraulique.
L'irrigation agricole devra, également, profiter des eaux usées une fois traitées dans les stations de traitement et d'épuration (STEP).
Il est à noter, enfin, que le souci de mieux gérer la ressource en eau potable à amener les pouvoirs publics à conclure des contrats de gestion intégrée des réseaux de distribution, avec des sociétés spécialisées au niveau de grandes villes dont, Alger, Oran, Constantine et Annaba.
Source : El Moudjahid
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