Les Marocains critiquent toujours leur système de santé publique pour la "faiblesse" de ses moyens et ses "coûts exorbitants", malgré les efforts des autorités et un budget en hausse de plus de 20% en 2009.
Le budget de la santé ne représente toutefois que 5% du budget général de l'Etat, la part du lion revenant à l'armée et à l'éducation nationale. Et, chaque jour ou presque, la santé publique est l'objet de critiques, notamment de la presse qui appelle au maintien de la gratuité des soins pour les couches sociales les plus démunies.
"Le budget 2009 du ministère de la santé est passé de 8,1 milliards de dirhams (740 millions d'euros) en 2008 à 9,8 milliards de dirhams (890 millions d'euros) en 2009, soit une hausse de 20,3%", se défend le directeur de la planification et des ressources financières au ministère de la santé, Jilali Hazim, dans un entretien à l'AFP.
"Les efforts de l'Etat sont importants et nous espérons atteindre une moyenne d'un médecin pour 1.000 habitants à l'horizon 2020 contre un médecin pour 1.700 habitants actuellement", poursuit M. Hazim.
Le Maroc compte aujourd'hui 131 hôpitaux publics, y compris ceux appartenant aux 4 centres hospitaliers universitaires (CHU) de Rabat, Casablanca, Marrakech et Fès.
"Depuis l'avènement du roi Mohammed VI, une nouvelle dynamique s'est installée dans le domaine (...) de la santé", affirme le ministère, qui reconnaît pourtant que la santé, au Maroc, présente des indicateurs alarmants: un taux de mortalité maternelle de 227 pour 100.000 naissances d'enfants vivants, un taux de mortalité infantile de 40 pour 1.000, de forts déséquilibres entre les régions, entre les campagnes et les villes, et une couverture médicale ne dépassant guère 30% de la population.
Une enquête réalisée en 2008 par l'ONG Transparency International critique le Maroc pour la corruption existant dans les secteurs de la justice... et de la santé. "Elle est répandue dans ces deux domaines", souligne à l'AFP Azeddine Akesbi, membre du bureau de Transparency Maroc.
De fait, "la lutte contre la corruption dans les hôpitaux" figure dans la stratégie du développement de la santé, note la ministre de la Santé Yasmina Badou.
Les autres objectifs sont la dimimution du nombre de femmes qui décèdent en accouchant (50 sur 100.000 aujourd'hui), la baisse du taux de mortalité infantile à 15 pour 1.000, l'améliorationn de l'accès aux soins pour les démunis, la réduction des frais d'hospitalisation et la disponibilité en médicaments, assure-t-elle.
Pour l'ophtamologue Lahcen Agnaoui, la gratuité des soins offerte aux démunis devrait être remplacée par la généralisation de l'assurance maladie (Ramed). "La généralisation de l'assurance permettra aux hôpitaux d'améliorer leurs prestations", estime ce professeur à la faculté de médecine de Rabat.
En décembre dernier, l'Union européenne a octroyé un prêt de 440 millions de dirhams (40 millions d'euros) au Maroc pour l'aider à élargir le système de l'assurance maladie en zone rurale.
Selon Abdellah Abassi, chirurgien au CHU de Rabat, l'Etat devrait fournir un budget d'investissement plus consistant, celui-ci ne s'élevant actuellement que deux milliards de dirhams (180 millions d'euros) par an".
Pour que la confiance s'installe entre le citoyen et l'hôpital public, il faut "former plus de cadres médicaux et améliorer la compétitivité face au privé", insiste-t-il.
Source : RomandieNews
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