Dans le transport des marchandises, la concurrence des prix est féroce.
Les tarifs ont tendance à s’ajuster à la baisse. L’excédent des capacités à bord des navires et des avions est réglé par un ajustement des programmes des compagnies.
Les opérateurs du fret maritime et aérien sont dans l’attentisme. Ils sont aussi aux aguets.
Si les répercussions de la crise économique mondiale ne se sont pas encore répercutées dans leur bilan de 2008, ils appréhendent des surprises pas toujours agréables aux premier et deuxième trimestres de l’année en cours.
C’est que la forte offre de capacités ou d’espaces vides sur les avions et les navires face à un ralentissement de la demande devrait déstabiliser leur plan d’avenir et perturber l’échelle des tarifs de transport en vigueur.
Au facteur de crise mondiale, est venu s’ajouter celui du recul drastique des cours de l’or noir qui les contraint à réviser une fois de plus à la baisse les prix appliqués.
Sur le terrain, cela se traduit par une concurrence féroce entre les professionnels du transport qui n’hésitent pas à casser les prix pour assurer des taux de remplissage rentables de leurs appareils.
« Le transport maritime à partir et à destination du port de Beyrouth a enregistré en 2008 une croissance de 20 % par rapport à l’année précédente », souligne Élie Zakhour, président de la Chambre internationale de navigation de Beyrouth.
Il espère que la demande intérieure restera soutenue pour l’actuel exercice financier, rappelant que les recettes du port de Beyrouth ont passé de 110 millions de dollars en 2007 à 132 millions de dollars en 2008.
« Cette demande a été largement dopée par une forte importation de voitures neuves et usagées. Les opérations d’importation de véhicules au Liban se sont accrues de 120 % en 2008 sur un an », dit-il, ajoutant que « ce n’est pas le cas pour le reste du monde où le ralentissement économique est plus évident notamment pour les opérations d’exportation à partir de la Chine et du Japon ».
Élie Zakhour parle d’une concurrence sauvage entre les compagnies de transport maritime et n’écarte pas l’éventualité que 2009 soit marquée par la faillite de gros transporteurs à l’instar de ce qui s’est passé avec certaines grandes banques en 2008.
Il estime que les frais de transport ont baissé de moitié en fin d’année et souligne que les choses ne devraient pas être mieux entre les mois de janvier à mars considérés comme une saison morte pour le transport maritime.
Hassan Jaroudi, président du syndicat des agences maritimes, tient aussi des propos élogieux sur la tenue de la consommation locale en 2008.
« Ce qui n’a pas manqué d’être répercuté sur les résultats financiers des opérateurs locaux », dit-il, faisant état d’un accroissment du chiffre d’affaires de son enterprise privée de 15 % sur un an.
En revanche, il met l’accent sur le fait que des résultats concluants ne sont pas nécessairement assurés pour le prochain avenir. Hassan Jaroudi souligne une consommation locale soutenue par la forte demande d’importation des soldats de la Finul et l’importation de voitures à bas prix à partir des États-Unis.
En réponse à une question, il affirme que les armateurs passent par des jours difficiles, les prix d’acquisition de navires neufs toutes catégories confondues ont diminué de moitié, en plus le remplissage de leurs espaces vides sur les bateaux n’est pas garanti.
Pour Rommel Saber, de la société de logistique Expeditors International, les compagnies de logistique n’ont pas encore ressenti les effets de ralentissement qui caractérise l’activité économique mondiale.
Il affirme que les entreprises avaient produit normalement en 2008. Mais cela ne l’empêche pas de faire remarquer que la forte saison du transport maritime entre septembre et novembre a été plutôt calme et les tarifs de transport sont restés inchangés pour cette période.
Le responsable d’Expeditors International pour le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et l’Europe craint cependant pour le trafic du fret maritime et aérien pour les prochains mois.
En ce qui concerne les frais de transport, il souligne la baisse de près de 60 % de la charge supplémentaire de pétrole.
« Vu le déséquilibre entre l’offre et la demande de capacité de chargement, les opérateurs du transport maritime et aérien tentent de supprimer les capacités supplémentaires à travers une baisse de fréquence des vols et des navettes vers certaines destinations », dit-il.
Rommel Saber affirme que face à un recul de la demande, sa compagnie n’a d’autre choix que d’accroître ses parts de marché.
« Les prix de transport du fret sont soumis à une concurrence féroce de la part de tous les acteurs de fret aérien et ont tendance à s’ajuster à la baisse », rétorque François Bourgès, d’Air France Cargo.
Pour régler le problème de l’excédent de capacité à bord des avions, il estime que d’un point de vue général les compagnies aériennes, face à la concurrence sans cesse croissante, sont entrées dans une logique de maîtrise de leurs coûts et de ce fait ajustent leurs programmes en fonction de leurs lignes les plus rentables.
Il ne fait pas de doute, conclut-il, que la crise économique mondiale est un handicap majeur à tout développement pour le moment de notre métier.
Source : L'Orient-le Jour
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