Le super collecteur ouest devra évacuer les eaux pluviales et lutter contre les inondations.
Intrigués par ce qui se passe ces derniers temps dans de nombreuses villes marocaines à cause des inondations, les Casablancais semblent s'inquiéter.
Inquiétude suscitée par une réalité, celle de l'urbanisation galopante entre la route d'El Jadida et la zone côtière qui a complètement obstrué et bouché l'oued Bouskoura. Ce qui n'a pas manqué d'entraver l'écoulement des eaux vers la mer, ce qui expose la cité blanche aux crues de ce oued.
Conscient de ce problème, le gestionnaire délégataire des eaux, électricité et assainissement à Casablanca, LYDEC, a lancé tout récemment un projet pour construire le Super collecteur ouest (SCO). Objectif : recréer un exutoire pour l'Oued Bouskoura.
Une solution qui devra protéger la ville d'éventuelles inondations liées à l'augmentation du niveau du courant d'eau de l'oued. Jean-Pierre Ermenault, directeur général de LYDEC, a expliqué, récemment, que « la mise en service du Super collecteur ouest permettra de sécuriser l'évacuation des eaux pluviales dans le secteur de l'oued Bouskoura ». Mohamed Sajid, président du conseil de la ville, a affirmé, pour sa part, que l'achèvement de cette grande conduite permettra par la même occasion l'évacuation des rejets des eaux usées et pluviales des centres de Bouskoura, de Médiouna, et de Nouaceur.
Il est à signaler, en outre, que les flux d'eaux provenant du bassin de l'oued Bouskoura ne sont pas encore maîtrisés. Or, comme il existe des constructions qui poussent chaque jour au niveau du lit mineur de cet oued qui traverse la ville, des pluies abondantes seraient fatales et catastrophiques pour la population.
Les infiltrations naturelles des eaux se trouvent fortement perturbées engendrant des écoulements vers l'oued Bouskoura, ce qui risque de provoquer, par conséquent, une éventuelle inondation de plusieurs zones, dont celles de Berrechid et l'Aéroport Mohammed V, qui sont les plus menacées par les inondations de l'oued et d'autres à l'amont de Berrechid (Tamedrost, El Himer, Mazer et Touijine).
Pour la précision, le « SCO » déviera l'oued Bouskoura par le tracé validé en 2004 est qui est de 7 km, avec une pente de 0,7% et un diamètre intérieur de 4 m. Cependant il se situe entre le carrefour Al Qods ou la route principale 8 et la mer.
Cette galerie souterraine traversant la ville de Casablanca fera transiter un débit correspondant à 65 m3/s. La réalisation du Super collecteur ouest s'entamera en 2009 et devra se terminer en 2012. L'investissement à mobiliser est estimé de 600 MDH.
Rappelons que la mise en œuvre du collecteur ouest n'était pas prévue dans le contrat que LYDEC a signé avec la Commune urbaine en 1997. Certes, toute personne connaissant de près les problèmes dont souffre Casablanca serait d'accord que l'assainissement en est l'un des plus cruciaux.
D'où le lancement dans le Schéma directeur d'aménagement urbain (SDAU) d'un schéma d'assainissement intégré pour toute la région. La représentation de l'assainissement de la ville assurera le recyclage des eaux usées et la réutilisation des eaux pluviales.
« C'est un accord très important. Nous avons pris en compte les grands enjeux du développement de la région du Grand Casablanca, en particulier en matière de réalisation des grandes infrastructures.
Nous allons investir 3,4MDH d'ici 2012 et plus de 10 milliards de dirhams au cours des 20 prochaines années. Certains de ces investissements sont très attendus par les Casablancais.
Notre stratégie de travail se porte également sur les ouvrages qui permettront aux plages du nord de Casablanca de ne plus être polluées par les rejets d'eaux usées », déclare le directeur général de la Lydec.
Sachant que la responsabilité dans ce cas de figure est à partager, Casablanca devra suivre le chemin parcouru des grandes agglomérations mondiales et accompagner son développement socio-économique par un réseau d'assainissement plus fiable.
Une fiabilité garantie sûrement par la diminution
des résidus ménagers qui bouchent sans aucun doute le
réseau.
La privatisation des services de distribution d'eau et de
d'électricité initiée au Maroc au cours des
années 1990 va prendre la forme juridique de «Gestion
déléguée».
Elle se traduira progressivement par le passage au privé à deux grands groupes français de distribution d'eau, d'électricité et d'assainissement dans 3 des plus grands importants centres urbains du Maroc, Casablanca, Rabat-Salé et Tanger-Tétouan.
En 1997, la Lyonnaise des eaux prend le contrôle de la régie publique (Régie autonome de distribution) à Casablanca ; l'ancienne RAD devient ainsi LYDEC.
En l'espace de 6 années, la Délégation du service public de l'eau et de l'électricité va inclure 50 % du volume d'eau distribuée dans les grandes villes marocaines par 17 opérateurs (13 régies locales et 4 opérateurs privés).
La Gestion déléguée visait notamment l'amélioration de la qualité du service à tous les stades opérationnels d'intervention des sociétés désignées, la facilitation et la diminution des délais de branchement et ceux de recouvrement.
Mais très rapidement les principes économiques et «sociaux» fondateurs de la volonté de recours au mécanisme juridique de la Gestion déléguée vont trouver leurs limites face à la pauvreté de la population, spécialement en milieu urbain : Les principes de «consentement à payer», de «l'eau paie l'eau» et de recouvrement intégral des coûts vont être appliqués à l'ensemble des abonnés.
Cela sera d'autant plus douloureux pour la population que concomitamment l'Etat va augmenter ses prélèvements fiscaux sur l'eau, l'électricité et l'assainissement et baisser en 2006 la tranche de consommation sociale de l'eau de 8 m3 à 6m3.
Les Opérations de branchements sociaux qui devaient faciliter l'accès des plus pauvres au réseau ne donnent pas les résultats escomptés: par exemple pour Casablanca, 10.000 branchements annuels étaient annoncés contractuellement, mais le nombre de ce qui a été réalisé effectivement n'a pas dépassé 1.250 entre 1997 et 2007.
Le coût du raccordement, qui s'élève à près de 8.000 DH par branchement, est prohibitif pour une population dont le revenu ne dépasse pas 16.000 DH/par an en moyenne.
Source : Le Matin
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