Si le cours élevé de l’euro semble affecter l’économie française, il ne nuit pas à l’exportation allemande, le pays restant le plus exportateur du monde. Le souci de préserver cette position très convoitée est ainsi une constante de la politique économique allemande.
Et l’industrie solaire n’échappe pas à la règle. Conséquence : Berlin voit d’un très bon œil l’Union pour la Méditerranée (UPM), considérée comme une structure politique contribuant à stabiliser les pays du pourtour méditerranéen – la condition sine qua non pour développer des relations économiques. Et pour l’Allemagne, elles sont placées sous le signe du soleil.
« On trouve quelques grandes centrales thermiques dans le monde d’une puissance de 500 Megawatts, principalement aux USA et en Espagne. Les entreprises allemandes et leurs centres de recherche figurent à la première place en matière de savoir-faire technologique – cependant, vu les conditions climatiques de l’Allemagne, elles trouvent une application très réduite dans le pays », analyse pour le quotidien Frankfurter Rundschau l’expert en énergies renouvelables Gerd Eisenbeiß.
Et de poursuivre : « Pour le gouvernement allemand – qui a fortement contribué à établir les compétences allemandes en matière de centrales solaires thermiques - l’Union pour la Méditerranée offre une opportunité d’accélérer la mise en place de ce savoir-faire technologique ». Et, à terme, de contribuer à créer de nouveaux emplois en Allemagne.
Ce faisant, observe encore Gerd Eisenbeiß, l’Allemagne n’est pas seule en Europe, car l’Espagne a également misé sur les centrales solaires thermiques, installées en partenariat avec les chercheurs et ingénieurs allemands.
« L’industrie espagnole est par conséquent le partenaire et dans le même temps concurrent de l’industrie allemande, alors que la France et l’Italie participent à peine à ce processus de développement », analyse, sans concession, l’expert.
Rappelons que l’UPM doit prendre son essor sur six projets : la dépollution de la Méditerranée, les autoroutes maritimes et terrestres, la protection civile pour répondre aux catastrophes naturelles, une université euro-méditerranéenne, une initiative méditerranéenne de développement des affaires et enfin le plan solaire méditerranéen.
Ce plan solaire a été mis en place à l’initiative de l’Allemagne, comme le rappelle le quotidien helvétique Le Temps : « C’est d’ailleurs pour protéger les intérêts industriels allemands que la chancelière Angela Merkel a tant insisté pour que l’UPM soit une initiative collective de l’Union européenne. Le plan solaire présenté par l’Allemagne qui vise à valoriser l’immensité désertique saharienne est à ce titre emblématique d’une vision audacieuse et d’une complémentarité exemplaire entre le Nord et le Sud ».
De fait, Berlin a saisi l’importance des pays du pourtour méditerranéen bien avant la signature de l’UPM.
En septembre 2003 a été fondée une Coopération Transméditerranéenne pour l'Énergie Renouvelable (TREC pour Transmediterranean Renewable Energy Cooperation) sur une initiative du Club de Rome, de la fondation pour la Protection du Climat de Hambourg et du National Energy Research Center (NERC) de Jordanie.
La TREC se définit comme un réseau international de scientifiques, de politiciens et d’autres experts dans le domaine des énergies renouvelables.
Leurs membres, une cinquantaine, sont en contact régulier avec des gouvernements et des investisseurs privés, et cherchent à mettre en valeur les bénéfices qui pourront être tirés de cette coopération sur l’énergie solaire et éolienne.
L’activité diplomatique allemande reflète ainsi l’intérêt porté par Berlin aux pays du pourtour méditerranéens. Le Ministère allemand de l’environnement prévoit en effet de tenir en novembre prochain une conférence internationale devant aboutir à des projets concrets de coopération dans le domaine solaire.
Un évènement qui fera suite au déplacement de la chancelière Angela Merkel à Alger, prévu, lui, pour octobre, dans le cadre de la première foire algéro-allemande sur l’environnement, l’eau et les énergies renouvelables.
Car Alger et Berlin sont liés depuis le début 2008 par un accord de coopération dans le secteur de l’énergie solaire. Il porte notamment sur l’extension d’un câble solaire de 3000 kilomètres entre Adrar, dans le sud algérien, et Aix-la-Chapelle, un projet évalué à deux milliards d’euros.
Par ailleurs, l’Allemagne coopère avec l’Algérie pour la construction d’une centrale électrique hybride gaz/solaire dans la région de Hassi R’mel (Laghouat). Une intense activité économique et diplomatique qui pourrait être le premier succès du Plan pour la Méditerranée.
Source : Novethic
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