En conséquence, les délais de livraison sont passés de quelques mois à deux ans, et le prix des éoliennes augmente. Tout comme le montant des acomptes versés par les exploitants de parcs pour sécuriser leurs approvisionnements.
Après trois années de croissance record, dont une hausse de 30 % de la capacité installée dans le monde en 2007(1), l’éolien est désormais victime de son succès. « La fabrication ne suit pas la demande. Presque tous les pays ont mis en place des mesures pour soutenir l’éolien, et il y a un vrai risque de pénurie de turbines », estime Jean-Marie Santander, PDG de Théolia, exploitant français de parcs éoliens.
Comme le rappelle Charles Dugué, président de France Energie Eolienne F.E.E. et ex-directeur général du fabricant Vestas France, « la situation s’est aggravée très vite en 2005-2006 : en un temps très bref, les délais de livraison des éoliennes sont passés de quelques mois à deux ans en moyenne. »
Aussi, les exploitants de parcs cherchent-ils à sécuriser au maximum leurs approvisionnements en signant des accords avec les fabricants, et « en versant des acomptes importants, car les fournisseurs sont devenus exigeants », constate Jean-Marie Santander.
Les acomptes représentent en effet désormais « 20 à 25 % du montant total du contrat, alors que c’était à peine 10, voire 5 %, il y a quelques années », ajoute Charles Dugué.
La bonne nouvelle, c’est que les délais de livraison ne s’allongent plus. « Les industriels ont réagi en augmentant leurs capacités de production dans les pays de forte consommation comme les Etats-Unis ou la Chine. Ils font aussi de gros efforts pour réorganiser la chaîne de production avec les sous-traitants, qui ont plus de difficultés à suivre le rythme. Aujourd’hui, malgré la croissance soutenue du secteur, les délais de livraison n’excèdent pas les deux ans et ne devraient plus augmenter », précise Charles Dugué.
Il n’en reste pas moins que la sécurisation de l’approvisionnement en turbines pèse de plus en plus lourd sur la trésorerie des exploitants. Ces derniers « ont besoin de plus en plus tôt de capitaux importants pour mener leurs projets à terme. Il faut avoir les reins solides pour réussir dans ce secteur aujourd’hui. D’autant plus que le prix des machines a augmenté de 30 à 50 % depuis 2006 », souligne le président de FEE.
Une flambée liée à l’augmentation du prix des matières premières (acier, cuivre…) et des transports. Mais pas seulement. Comme en convient Charles Dugué, « pendant longtemps, les constructeurs d’éoliennes ont perdu de l’argent. Ils profitent de la raréfaction de leurs produits pour refaire leurs marges. »
Pas au point cependant de remettre en cause la rentabilité des éoliennes. « Même si, en France, les tarifs de rachat sont de moins en moins incitatifs par rapport à la hausse du prix des machines, l’énergie éolienne reste très compétitive par rapport aux autres », rappelle Charles Dugué.
Source : Journal du Développement Durable
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