Savez-vous à combien on
estime le nombre de barils de pétrole importé chaque jour
au Burkina Faso ? 9 000. Eh oui, 9 000 barils par jour. Soit la
contre-valeur d’un million de dollars US (environ 450 millions de
francs CFA). Pour montrer l’intérêt du projet
biocarburant made in Burkina auquel il se consacre désormais,
l’Américano-philippin, George Sycip, ne va pas loin pour
convaincre son interlocuteur. Ancien chef de la direction
financière de la United bank (Californie), cet habitué
des chiffres, même des plus pharaoniques, a le vertige quand il
parle, avec moult détails, de la facture
pétrolière de notre pays. « En termes de sortie d’argent,
c’est trop pour un pays pauvre comme le Burkina Faso. Quand on
sait que le cours du brut ne cessera d’augmenter, si rien
n’est fait pour atténuer les dépenses en
énergie fossile, la situation deviendra intenable dans quelques
années », traduit, en français, le directeur
d’AGRITECH-Faso, William Kwendé, un jeune Burkinabè
résidant en Malaisie. Présent dans notre pays dans le cadre de
l’ambitieux projet de biocarburant à partir du jatropha ou
pourghère (plante dont l’huile peut faire tourner les
moteurs diesel), George Sysip, membre associé
d’AGRITECH-Faso, société promotrice dudit projet,
est rentré satisfait de Boni, futur site de production de
l’énergie verte. « Au regard de l’évolution des
travaux, je pense que l’échéance de 2011 [date
prévue pour la production de la première goutte de
biocarburant] sera respectée. Peut-être même bien avant »,
présage-t-il, la voix toujours aussi fluette. A
côté, le maire de la commune rurale de Boni, Patrick
Makhan Bondé, est heureux comme tout. Présent au
déjeuner d’au revoir offert par les trois experts à
l’hôtel Silmandé peu avant le vol retour, le
bienheureux élu local se met à dévoiler le mode de
gestion du projet : « La pépinière
d’AGRITECH-Faso a déjà produit 500 000 pieds de
jatropha. Ils seront gratuitement mis à la disposition des
populations qui vont gérer elles-mêmes les 200 hectares de
plants ». Le ton plus haut, il précise :
« Nous ne sommes pas là pour déposséder
les paysans de leurs terres. La filière jatropha sera
exploitée dans le strict respect des paysans ». Au projet initial vient de se greffer un autre :
celui de la production d’énergie à partir de la
biomasse. D’où, la présence, dans la
délégation, du DG de la firme internationale Global
infrastructure and investment (GI2), l’Américain Richard
S. Ondrik. Coûts de revient de toutes alternatives aux
hydrocarbures ? « A la portée du monde
rural », promet le patron du GI2. « Il ne suffit
pas de produire de nouvelles formes d’énergie. Il faut
faire en sorte qu’elles soient accessibles à tous. Si nous
sommes engagés dans le projet, c’est parce que nous sommes
convaincus que le biocarburant offre de meilleures opportunités
de mécanisation agricole dans les pays en voie de
développement ». Soudain, le professeur Makido Ouédraogo.
Celui-là même qui a consacré toute sa
carrière de chercheur à l’étude du jatropha.
En 1985, il réalise son premier essai démonstratif de la
combustion de l’huile de pourghère dans un moteur diesel. L’équipe de précurseurs de biocarburant au Burkina
Faso est maintenant au grand complet. La révolution silencieuse
est en marche. Source : Le Faso.net
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