Contrainte de libéraliser son ciel pour donner un second souffle à
l’activité touristique, la Tunisie a vu ces dernières années plusieurs
compagnies aériennes low-cost et charter investir son espace.
Cette "invasion"
n’a pas tardé à engendrer une zone de turbulences pour les compagnies locales.
D’autant plus que les nouveaux venus ne cessent de grignoter, à coup de tarifs
défiant toute concurrence, des parts de marché importantes. Les pavillons
nationaux préparent la riposte.
Ciel nuageux pour les trois
compagnies aériennes tunisiennes. Une bonne dizaine de compagnies européennes
charter et low-cost ont réussi, au cours des dernières années, à se frayer un
chemin dans le ciel tunisien, peu encombré et très prometteur.
Il s’agit, entre autres, des compagnies françaises Aigle Azur, Air Méditerranée, XL Airways, mais aussi allemandes comme HapagFly ou Air Berlin.
Les dernières arrivées sont la compagnie française Transavia et Thomsonfly, une compagnie low-cost britannique qui vient de recevoir le feu vert des autorités aéronautiques tunisiennes pour desservir l’aéroport de Monastir à partir de novembre 2008.
Portée par des hommes d’affaires tunisien et suédois, une nouvelle compagnie low-cost, SBA Tunisia, est en gestation.
L’invasion de ces compagnies est désormais incontournable. Le fait de disposer d’un pôle aérien low-cost représente désormais un argument de taille pour attirer les flux touristiques. De ce fait, la Tunisie ne peut que s’engager dans les accords de l’Open Sky pour insuffler de nouvelles bouffées d’oxygène à son tourisme.
Dans ce domaine cependant, la destination reste en retard par rapport à ses concurrents directs au sud de la Méditerranée. Au Maroc, par exemple, elles sont plus d’une vingtaine de compagnies aériennes charter et low-cost à avoir fait leur entrée depuis la libéralisation du secteur aérien en 2004.
Vu leurs prix imbattables, les compagnies européennes opérant sur la Tunisie ont naturellement grignoté des parts de marchés importantes non seulement au transporteur national Tunisair, mais aussi aux compagnies charter locales Nouvelair et Karthago Airlines.
Pour sa première année d’activité en Tunisie, Transavia a pris de l’altitude grâce à l’axe franco-tunisien.
Elle a réalisé plus de 1000 vols réguliers sur les trois aéroports tunisiens qu’elle dessert (Djerba, Monastir et Tozeur) en plus des vols irréguliers affrétés directement par des tours opérateurs, selon un bilan publié récemment par la compagnie.
Cette filiale
d’Air France-KLM a transporté 141 000 passagers, dont 76 000 en vols réguliers
sur Djerba, 53 000 sur Monastir et 12 000 sur Tozeur, soit un taux de
remplissage moyen de plus de 70%.
Ainsi, la part du pavillon français en
régulier et charter sur l’axe franco-tunisien est passée 30 % en 2006 à 40 % en
2007.
La part de marché de Tunisair, toutes activités confondues, s’est en revanche située à 35,2% en 2007 contre 38% une année auparavant.
Pour la compagnie publique tunisienne, le trafic global des passagers (3,6 millions de passagers transportés en 2007) a baissé de 4,7% par rapport à 2006. Cette variation résulte d’une chute du trafic charter de 13,2% et d’une progression du trafic régulier de 3,1%.
Pour quitter cette zone de fortes turbulences, le transporteur national a choisi de donner un sérieux coup de lifting à sa flotte, composée actuellement de 31 appareils, dont l’âge moyen s’élève à douze ans. Tunisair a en effet confirmé sa commande de seize Airbus, assortis de trois autres en option, en vue de développer des dessertes moyen et long courrier vers l’Amérique du Nord et l’Asie.
D’autre part, la compagnie vise à moyen-terme la maîtrise de développement de son activité charter au profit de son activité régulière. L’intérêt se porte notamment sur le "délestage" des lignes déficitaires, essentiellement en Europe centrale et dans les pays scandinaves, et le renforcement des marchés les plus rémunérateurs.
Dans ce cadre, Tunisair compte, à travers sa filiale Mauritania Airways, se repositionner sur l'Afrique, où il existe un réel déficit en transporteurs aériens, après la disparition de plusieurs compagnies africaines.
De leur côté, Karthago Airlines et Nouvelair se sont engagées depuis fin 2006 dans un processus de rapprochement. Ces fiançailles « s’inscrivent dans le contexte de l’ouverture du ciel, qui contraint les compagnies aériennes à procéder à des alliances pour maintenir leurs parts de marché », lit-on dans un communiqué publié récemment par les deux compagnies privées.
La nouvelle compagnie, qui sera présidée par Belhassen Trabelsi, devrait introduire une partie de son capital en bourse dès 2009 pour lever les fonds nécessaires à son développement et à l’adoption d’éventuelles nouvelles stratégies commerciales dans un paysage en perpétuel changement.
D’autant plus que d’autres compagnies charter et low-cost européennes pointent à l’horizon…
Enfin, on notera le plan ambitieux de Sevenair qui, outre sa présence sur le sud de l’Europe (Italie et Malte) dessert maintenant et régulièrement le marché libyen où la concurrence est nettement moins accrue qu’ailleurs.
Source : BusinessNews
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