Le Ministère marocain de la Santé envisage d'étendre l'utilisation des médicaments génériques dans le secteur privé. Mais si les consommateurs bénéfici...
Le Ministère marocain de la Santé envisage d'étendre l'utilisation des médicaments génériques dans le secteur privé.
Mais si les consommateurs bénéficient de prix plus bas, les accords commerciaux et les systèmes de brevets pourraient entraver la croissance de ce secteur.
Alors que les médicaments génériques sont communément utilisés dans les hôpitaux publics marocains, représentant jusqu'à 90 pour cent du marché public, il leur reste encore un long chemin à parcourir avant d'enregistrer le même taux dans le secteur privé.
De nouvelles mesures annoncées par le Ministère de la Santé tentent de promouvoir l'utilisation de ces génériques et de maintenir les prix des médicaments à des niveaux compatibles avec le pouvoir d'achat des citoyens.
S'exprimant lors d'un forum organisé par l'Association Marocaine des Pharmaciens du Secteur Public (AMPSP), le Ministre de la Santé Yasmina Baddou a déclaré souhaiter revitaliser le secteur des médicaments génériques et augmenter leur part de marché au-delà des 25 pour cent actuels.
Un nouveau plan est nécessaire, a-t-elle déclaré aux participants de ce forum du 15 avril à Rabat, parce que les mesures mises en place jusqu'à présent ont été "insuffisantes pour assurer une promotion forte et soutenue des médicaments génériques".
Le plan du Ministère de la Santé se fonde sur une politique de fixation des prix destinée à contenir le coût des soins de santé et à parvenir à la parité entre les médicaments importés et ceux produits sur place.
"Le médicament générique nous permet de faire beaucoup d’économies au sein des hôpitaux", a déclaré Abdelaziz Agoumi, directeur du médicament et de la pharmacie au Ministère de la Santé. Il ajoute que lorsqu’il y a des appels d’offres, ce sont les médicaments les moins chers qui arrivent dans les hôpitaux.
Le président de l'AMPSP Hachmi Bouzbib affirme que les médicaments génériques sont d'une qualité égale à celle des médicaments de marque. Ils sont cependant bien plus abordables pour les gens, avec les prix les plus bas équivalents à seulement 20 à 50 pour cent du prix des princeps.
Mais selon l'Association Marocaine des Industries Pharmaceutiques (AMIP), seules 60 millions d'unités de médicaments génériques sont vendues, sur un total estimé de 200 millions dans le secteur privé chaque année.
Et malgré leur caractère abordable, les médicaments génériques n'ont vu leurs ventes augmenter que de 19 à 30 pour cent au cours des dix dernières années.
Abdelmajid Belaiche, qui travaille dans l'industrie pharmaceutique, explique que les médicaments génériques permettent au système de l’assurance maladie de répondre aux besoins de santé avec le moins de dépenses possibles.
Cela permet aux assureurs d’équilibrer leurs comptes et d'assurer ainsi leur viabilité et leur durée.
"Il est nécessaire de faciliter l'accès aux médicaments et notamment dans les pathologies chroniques ou lourdes. Les génériques constituent une voie incontournable pour faciliter l'accès aux soins pour la population, notamment pour les plus démunis", explique-t-il.
Cependant, certains laboratoires qui fabriquent le princeps s’opposent à l’idée d’une généralisation massive des génériques. Selon Fatima Ayyachi, une représentante médicale, les laboratoires fidélisent les médecins, leurs premiers clients à prescrire des princeps. "Les laboratoires font tout pour garder leur position", explique-t-elle.
De son côté, le président du comité exécutif du Mouvement Panafricain pour l’Accès aux Traitements, Othman Mellouk, explique à Magharebia que les génériques ne peuvent être encouragés sans aborder la question des brevets, un obstacle majeur.
Il explique que depuis l’adoption de l’accord de libre échange entre le Maroc et les Etats-Unis, le Maroc est passé d’un système sans brevet sur les médicaments à un autre contraignant qui doit être assoupli pour permettre le développement du marché du générique.
"Nous devons encourager [les médicaments génériques] pour inciter les Marocains à accéder aux soins notamment en ce qui concerne les maladies chroniques.
Beaucoup de Marocains ne se soignent pas à cause du coût faramineux des médicaments", explique le Dr. Mohamed Serghini à Magharebia.
"Le médicament générique a le même effet que le princeps. La seule différence, c'est le prix."
Source : Magharébia
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