Israël est, avec le Japon, un des pays dépendant le plus de l’extérieur pour ses approvisionnements pétroliers. Les milliards de bar...
Israël est, avec le Japon, un des pays dépendant le plus de l’extérieur pour ses approvisionnements pétroliers. Les milliards de barils qui dormiraient au pied du Mont Carmel, ou sous Jéricho, ne sont pour l’instant que rêveries d’évangélistes américains.
Le ravitaillement du pays est un véritable casse-tête, d’autant que la consommation par habitant, en perpétuelle augmentation, dépasse 7 litres par jour (8ème rang mondial). Grâce à l’entregent d’hommes comme Zvi Alexander, « Monsieur pétrole » israélien, Israël a pu diversifier ses sources d’approvisionnement.
Aujourd’hui, l’Etat hébreu est ravitaillé par la Russie, les anciennes républiques soviétiques, la Norvège, le Mexique, des pays d’Afrique de l’Ouest et, fait moins connu… l’Egypte. Mais, les livraisons prévues par le Traité israélo-égyptien de 1979 – qui ont couvert jusqu’au tiers des besoins d’Israël – s’avèrent insuffisantes.
Israël rêve de pétrole irakien depuis 1948, date de la fermeture du pipeline Kirkouk - Haïfa, pour protester contre la création d’un Etat juif en Palestine. Seul le Koweït, alors principauté sous tutelle britannique, continua jusqu’en 1950 à lui livrer du brut. L’Iran pahlévi prit le relais, clandestinement, jusqu’à la révolution khomeyniste. Les Israéliens - travaillistes ou likoudniks - ont tout essayé pour amadouer Bagdad, y compris traiter avec Saddam Hussein. Sans succès. Avec les guerres du Golfe, les Israéliens sont passés à l’action. Les Kurdes, qu’ils soutenaient depuis les années 50, arguant d’intérêts géostratégiques et d’ancêtres communs, étaient quasi indépendants grâce à la zone d’exclusion aérienne imposée par la coalition. Le Mossad en profita pour renforcer ses positions dans l’appareil sécuritaire kurde et participer, avec Massoud Barzani, à la contrebande de pétrole générée par l’embargo des Nations unies. Parallèlement, Ahmed Chalabi – chef du Conseil national irakien – fut invité à Tel-Aviv où il promit d’ouvrir des relations diplomatiques avec Israël et le pipeline Kirkouk-Haïfa.
Début avril 2003, un commando des forces spéciales de la coalition s’empara des stations de pompage de l’oléoduc vers Haïfa – Opération Sekhina (Présence de Dieu, en hébreu) – entre Haditha et la frontière jordanienne et Benyamin Nétanyahou affirma que le pétrole irakien coulerait vers Israël, « que c’était une question de temps ». En août 2003, Yosef Paritzky - ministre des Infrastructures - fut convoqué à Washington pour étudier la remise en état du pipeline. Espoir déçu, car Chalabi a été écarté du pouvoir. Avec la montée en puissance de la résistance dans la région d’Al-Anbar, le tracé actuel semble définitivement abandonné. Pour que le pipeline Kirkouk- Banyas, en Syrie, soit une solution de rechange, encore fallait-il éliminer les foyers de résistances entre Kirkouk et la frontière syrienne, créer un « Grand Kurdistan » et renverser Bachar Al-Assad. En juin 2005, les Américains lancèrent l’opération «Matador » pour dompter les Turcomans hostiles à la main mise kurde sur leurs terres et le pétrole irakien. Sous prétexte de chasser Zarqaoui d’un de ses bastions, Tel Afar fut assiégé. Comme à Falloujah, les bombardements firent des milliers de victimes civiles. Les habitants qui se sont enfui ont été remplacés par des Kurdes.
La constitution de 2005, illégitime pour de nombreux Irakiens, permettrait à la Région autonome kurde d’annexer après référendum la région de Kirkouk (*), une partie de celles de Ninive et de Diyala, et le Sindjar. La résistance a fait échouer le projet, pour l’instant. Mais, en août 2007, l’attentat terroriste du Sindjar avec ses 500 morts – attribué au Parastin, le service secret kurde - a jeté les Yézidis qui y sont majoritaires dans les bras de Barzani - c’était son objectif - ; et la bataille engagée actuellement à Mossoul, sous prétexte de guerre contre Al-Qaïda, « nettoie » un peu plus les « territoires disputés » de leurs habitants ancestraux arabes, turcomans et assyro-chaldéens.
La Syrie résistant aux essais de déstabilisation étasuniennes et françaises, le projet de bretelle Homs – Haïfa sur le pipeline existant a été abandonné, ne laissant à ses partisans que la signature d’un hypothétique traité de paix entre Israël et la Syrie avec échange du Golan contre passage d’un oléoduc vers Haïfa. Un remake, en quelque sorte, de l’accord négocié avec Anouar Al-Sadate. A Tel-Aviv, Binyanin Ben-Eliezer, ministre des Infrastructures plus pragmatique que ses prédécesseurs, étudie la faisabilité d’un oléoduc qui traverserait le Sindjar, longerait la Syrie et l’Euphrate et pénétrerait en Jordanie; et parallèlement celle d’un quadruple pipeline sous-marin qui acheminerait vers Ashkelon, via le port turc de Ceyhan, du pétrole et du gaz géorgiens ou azerbaïdjanais - voir kazakhs - de l’eau, de l’électricité et des câbles en fibres optiques. Né à Bassora, le Général Ben-Eliezer, dit Fouad, se présente comme un « ami des Arabes », mais sa réputation de boucher n’a rien à envier à celle d’Ariel Sharon. Il n’est pas seulement mêlé au massacre de Tal Al-Zaatar par les Phalangistes libanais en 1976 et de Jénine en 2002, ou à l’invasion du Liban en juin 1982, il est accusé d’avoir fait liquider 250 prisonniers pendant la guerre de juin 1967. On attend toujours l’ouverture d’une enquête du Tribunal pénal international à son encontre, comme l’a demandé au Caire en 2007 le président de la commission des Affaires étrangères.
Détail important du projet Ben Eliezer : selon Haaretz (16/1/07), l’oléoduc sous-marin pourrait être connecté à celui venant d’Irak. Le Kurde Hoshyar Zebari - ministre irakien des Affaires étrangères – avec qui il s’est congratulé devant les caméras au World Economic Forum de 2005 en Jordanie, ne demandent qu’à coopérer. Le succès de cette opération dépend des exigences de la Turquie. En cas d’entente, le boycott pétrolier arabe perdrait tout son sens. Source : Mondialisation.ca
Commentaires