Le Premier ministre Fouad Siniora a profité de la séance inaugurale du lancement de la campagne de sensibilisation à la rationalisation de la conso...
Le Premier ministre Fouad Siniora a profité de la séance inaugurale du lancement de la campagne de sensibilisation à la rationalisation de la consommation d’énergie pour dresser un état des lieux alarmant du secteur de l’électricité dans le pays.
Il a notamment souligné le trou qui existe entre l’offre et la demande sur le courant électrique. Il a ainsi indiqué que la production d’électricité au Liban ne dépasse pas théoriquement 2 000 mégawatts alors que le besoin immédiat, et suivant les niveaux de consommation actuelle, dépasse 2 500 mégawatts.
« Ce qui signifie qu’il y a un manque au niveau de la production, aggravé par la vétusté des centrales électriques et la baisse du niveau de maintenance des installations », a-t-il dit.
Le chef du gouvernement a insisté sur le fait que le Liban a un besoin fort d’assurer une nouvelle production d’électricité de près de 1 500 mégawatts d’ici à 2015.
« Cette quantité est supposée suffisante si le niveau actuel de production dans les centrales de Jiyeh et Zouk est maintenu tel qu’il est à travers un effort de l’État pour réhabiliter ces deux installations », a-t-il relevé.
Il n’a pas manqué de rappeler le déficit chronique de l’EDL, tout en affirmant que plus du tiers de la dette publique accumulée jusqu’à ce jour s’explique par les déséquilibres financiers de l’EDL.
Le président du Conseil a mis l’accent sur le fait que le déficit de l’EDL a totalisé en 2007 un milliard deux cents millions de dollars, dus entre autres à la hausse du prix de l’or noir qui vient s’ajouter aux pertes techniques et non techniques en rapport avec les raccordements illicites sur le réseau électrique.
Par ailleurs, le Premier ministre a évoqué pour la première fois l’inadéquation du tarif appliqué à la consommation. « Un tarif qui ne correspond nullement au coût de la production de l’énergie bien avant la hausse des prix du brut.
Chaque Libanais qui fait usage du courant électrique aujourd’hui consomme 500 kilowatts et paie un prix forfaitaire de 35 000 LL, alors que la production de cette quantité d’énergie selon les prix actuels des dérivés pétroliers coûte 150 000 LL, soit environ cinq fois les revenus collectés par l’EDL », a-t-il dit.
Ainsi, M. Siniora a estimé « qu’en pratique, l’État subventionne chacun des abonnés à l’EDL ». Selon lui, le gouvernement a supervisé de nombreuses études sur la question de la tarification de la consommation d’énergie, qui ont été effectuées par des organisations internationales, mais n’a pas été en mesure de les mettre en vigueur, vu les conditions sociales difficiles des Libanais.
Dans sa production d’énergie, le Liban se base principalement sur les centrales électriques qui fonctionnent à 90 % sur le gasoil et fuel. Pour faire face aux nombreux défis qui se présentent, le gouvernement a entrepris plusieurs démarches et adopté certaines mesures.
Le gouvernement a décidé de recourir à des opérateurs privés pour produire des quantités supplémentaires de courant électrique à travers la construction de deux usines, notamment une à Deir Ammar, qui pourraient profiter des raccordements au gazoduc arabe.
Les investissements prévus pour ces projets seront de l’ordre d’environ un milliard de dollars.
Par ailleurs, un état des lieux portant sur les centrales de Zouk et de Jiyeh est en passe d’être achevé. Il s’agit d’une étude de faisabilité de la réhabilitation de ces deux centrales électriques. L’opération est estimée à 85 millions de dollars.
Pour ce qui est en outre du transport de l’électricité, l’année en cours devrait être marquée par l’achèvement de la création du Centre national de contrôle et la mise en œuvre du réseau de transport de 220 KVA.
Le gouvernement planche d’autre part sur l’examen d’une série d’incitations fiscales destinées aux opérateurs du privé qui seraient intéressés par la production de l’énergie éolienne. Aussi le gouvernement déploie-t-il des efforts importants pour acheminer dès cette année le gaz égyptien vers les installations électriques de Deir Ammar.
Ce qui contribuerait à faire reculer la facture pétrolière pour la production d’énergie. D’ailleurs, l’État œuvre pour transférer au secteur privé les opérations de production et de distribution de l’électricité, ce qui permettrait de diminuer le niveau des pertes techniques et non techniques et d’améliorer la collecte des factures des abonnés.
D’autre part, le gouvernement, en coopération avec la société spécialisée PGS, a achevé un recensement sismique à trois dimensions pour l’exploration du pétrole et du gaz dans les eaux territoriales économiques du Liban.
« Si les études montrent l’existence de nappes pétrolières et de gaz dans les eaux territoriales économiques libanaises, il faudrait au moins cinq ans pour que le Liban puisse en profiter », a encore dit M. Siniora.
Le coordinateur national du ministère de l’Énergie et de l’Eau pour le projet de rationalisation de la consommation d’énergie, Adel Mortada, a affirmé que le Liban importe en rythme annuel 97 % de ses besoins en énergie et que la facture d’importation des dérivés pétroliers a totalisé 3 200 millions de dollars en 2007, soit 100 % de plus qu’en 2004.
Cette augmentation de la facture pétrolière est la conséquence de la hausse des prix de l’or noir et de la subvention de l’État à cette facture. Une subvention qui est passée de 169 millions de dollars en 2001 à plus de 1 200 millions de dollars en 2007.
Ainsi, le montant de la subvention dépasse les crédits que le budget étatique alloue aux secteurs de l’enseignement, de la santé et des investissements publics. Il a affirmé que la rationalisation de la consommation d’énergie consiste à déterminer les centres de gaspillage et non à réduire la consommation.
M. Mortada a estimé que la rationalisation de la consommation de l’énergie et l’adoption de la production de l’énergie solaire et éolienne peuvent diminuer de 35 % la facture pétrolière du Liban.
Il a enfin précisé que le ministère de l’Énergie et de l’Eau est la partie qui exécute le projet de rationalisation de l’énergie géré par le Programme des Nations unies pour le développement. Le PNUD, rappelle-t-on, est la partie qui finance le projet.
Le ministère est par ailleurs directement concerné par l’objectif de ce projet qui porte sur la création d’un centre national pour la préservation de l’énergie.
Source : L'Orient le Jour
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