Tripoli, la triste capitale socialiste, se couvre de chantiers et ses habitants se transforment en consommate...
Tripoli, la triste capitale socialiste, se couvre de chantiers et ses habitants se transforment en consommateurs.
Il n’y a pas si longtemps encore, les panneaux publicitaires de Tripoli représentaient tous un Kadhafi en majesté. Aujourd’hui, les portraits du Guide de la révolution font place à des vues d’architecte, annonçant la construction de tours de bureaux et de palaces cinq étoiles.
Un hôtel Intercontinental dans le goût néomauresque est annoncé pour fin 2009 sur le front de mer. Un aéroport de niveau mondial remplacera bientôt les bâtiments actuels, dignes d’un pays du tiers-monde.
La Libye veut en faire le «hub» de l’Afrique. En 2007, L’État va investir 12 milliards d’euros en infrastructures, près du double de 2006. «La Libye décolle. Cela s’est fait en un an», constate un diplomate.
Le modèle visé, selon cet observateur, «c’est Dubaï». Les jeunes diplômés formés à l’étranger qui peuplent les ministères clés ont compris que la Libye, avec ses 6 millions d’habitants, ne pouvait constituer un marché et qu’elle devait se tourner vers les services et le tourisme sous toutes ses formes. Kadhafi le révolutionnaire souhaite-t-il se réinventer en émir du Golfe ?
En apparence, on est loin du Livre vert et de sa théorie universelle du socialisme. Pourtant la Libye vit toujours officiellement sous le régime de la «démocratie directe» du peuple, censé donner les orientations du pays sous la houlette bienveillante de son «guide».
Pourtant ce système s’essouffle. Certes, «l’Académie du Livre vert» organisait, la semaine dernière encore, une table ronde rassemblant des révolutionnaires sud-américains autour de l’ouvrage fondamental du colonel. Mais pour les Libyens, le cœur n’y est plus. Le peuple fait de l’absentéisme.
Cet automne, les citoyens ont boudé les réunions de leurs comités de quartiers, supposées faire remonter leurs décisions jusqu’au Congrès général du peuple, qui siège quelques semaines au début de chaque année. «Il suffisait de regarder les magasins du souk de Tripoli, dit un fonctionnaire libyen.
Pendant la période de réunion des comités, les boutiques ferment obligatoirement tous les jours, de 16 heures à 20 heures, moment des réunions. En 2006, l’ordre n’a été respecté que par la moitié des commerçants. En 2007, elles sont restées ouvertes.»
Les Libyens veulent consommer et profiter de revenus pétroliers qui n’en finissent pas d’augmenter. Le pouvoir a entendu le message et desserre enfin la ceinture, après quarante ans de vaches maigres. Les salaires des fonctionnaires et assimilés, un Libyen sur six, autour de 200 euros, ont été augmentés de 50 % environ.
Les plus bas, qui tournaient autour de 70 euros, ont été doublés. Le petit commerce est le premier à en profiter. Les Libyens sont aussi en train de devenir propriétaires. Finie la loi disant que «la maison est à celui qui l’habite».
Des milliers de Libyens sont convoqués en ce moment par l’administration, qui cherche à reconstituer les cadastres, solennellement brûlés dans les années 1980 comme vestiges bourgeois. On essaie de repérer les anciens propriétaires.
L’un d’eux n’est autre que la veuve du roi Idriss, renversé par Kadhafi en 1969. L’ex-reine vient de récupérer une somptueuse résidence occupée par l’ambassade de Grande-Bretagne, qui lui verse désormais son loyer.
Source : Figaro
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