Thomas Moulier, directeur du Partenariat pour l’entreprise privée au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, au bureau de la SFI au Caire, commente les résultats du rapport.
- Bien que l’Egypte ait progressé, elle reste encore très loin derrière les autres pays de la région. Que manque-t-il à l’Egypte ?
Thomas Moulier : La réforme, c’est un voyage. C’est un sujet assez vaste aujourd’hui, un processus continu. La raison pour laquelle l’Egypte arrive après d’autres pays arabes est que ces pays avaient une base plus solide que l’Egypte, comparable à un pays comme le Canada. L’Egypte avance pour justement parvenir à une base comparable, ce qui est plus dur. L’Egypte s’attaque à toutes les réformes, du jamais vu auparavant. L’Egypte a commencé les réformes en 2005. Elle fait la course dans le domaine du changement des réglementations. On s’attend encore à de très bons résultats.
— Le rapport a noté une nette amélioration de l’accès au crédit, alors que ce dernier reste un des grands obstacles à tout investissement dans le pays. Comment expliquez-vous cette contradiction ?
— L’accès au crédit s’améliore, car le système d’information concernant les créditeurs s’améliore. Le rapport Doing Business essaie de mesurer l’environnement régulateur et les informations fournies pour chaque thème étudié. Ce qui importe donc le rapport, c’est l’accès aux informations. L’Egypte avait lancé un Crédit Bureau, qui a le rôle de collecter les informations sur les créditeurs banquiers, et ce pour mieux analyser le risque des crédits et par suite, faciliter la prise de décision concernant les crédits.
— Quels sont les domaines de réformes prioritaires auxquels l’Egypte doit s’attaquer afin d’améliorer l’environnement de ses affaires ?
— Il y a le secteur de la construction. L’Egypte examine à l’Assemblée du peuple une loi unifiée sur la construction pour un système d’autorisation de construction plus simple et plus efficace. On doit voir comment ça va évoluer. Un autre chantier est celui qui touche aux licences d’industrie et à la corruption. Le volume de corruption est un grand chantier. L’Egypte traîne encore un passé trop bureaucratique. Son système est caractérisé par la lenteur administrative, la centralisation excessive des procédures qui laisse à désirer. Il en est de même pour la simplification des procédures de la sortie du marché. Ce qui est important, c’est de faciliter les procédures des tribunaux. Le taux de recouvrement sur la faillite est faible. Donc, c’est un point qu’il faut travailler.
— Le rapport Doing Business devrait ajouter deux repères de réalisation l’année prochaine, notamment la corruption et les infrastructures. Pensez-vous que cela affectera sensiblement le classement de l’Egypte ?
— Il y a énormément de pressions des pays à revenus moyens
pour relativiser ces aspects. Je ne suis pas sûr que cela
aura un impact sur le classement des pays de la Mena. En
fait, la corruption est l’aspect le plus partagé dans le
monde. Mais cela risque d’élargir le fossé entre les pays
développés et ceux en développement
Source : Al-Ahram Hebdo
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