La banque d’investissement Bear Stearns (BS) a publié un rapport évaluant l’état de l’économie libanaise, plus d’un an après la fin de la guerre de juillet 2006. Le rapport, cité par le Lebanon Weekly Monitor de la Bank Audi, indique qu’en dépit du fait que le coût de la destruction de l’infrastructure et du ralentissement de la production s’élève à 3 milliards de dollars, soit 10 % du PIB, l’économie libanaise et notamment le secteur bancaire ont pu résister aux conséquences de la guerre grâce à leur performance, et à l’aide régionale et internationale dont le Liban a bénéficié. BS a toutefois précisé que l’impasse politique qui a suivi la guerre a engendré une paralysie de l’économie, en attendant le dénouement de la crise qui permettrait d’implanter les réformes économiques, et notamment la réforme dans le secteur de l’énergie, afin d’assainir les finances publiques.
En se basant sur les données publiées par la Banque du Liban, le rapport estime que le taux de croissance de l’économie libanaise a été de -0,3 %, en 2006. Les prévisions de BS font état d’une croissance de 1 % pour 2007, grâce à l’aide étrangère et aux efforts de reconstruction, qui engendreront une croissance de 3,5 % en 2008. Quant à l’inflation, le rapport considère que les estimations de la Banque mondiale et du FMI, qui avaient relevé une croissance de 5,6 % de l’indice des prix à la consommation en 2006, sont raisonnables, à cause des pénuries engendrées par la guerre de juillet. L’inflation devrait se réduire pour atteindre 3,5 % en 2007 puis 2,5 % en 2008. Néanmoins, l’inflation ne reviendra pas à son niveau d’avant-guerre, au cours des deux prochaines années.
BS a également relevé une tendance à l’amélioration de la gestion des finances publiques, entre 2003 et juillet 2006, grâce à la mise en place d’une série de réformes budgétaires. D’après le rapport de la banque d’investissement, le déficit budgétaire s’est réduit de 47,5 %, en glissement annuel, pendant le premier semestre de 2006, alors que les recettes étatiques ont augmenté de 17 %. Si cette tendance avait été maintenue, le déficit budgétaire aurait diminué pour atteindre 5 ou 6 % du PIB, alors que l’excédent primaire aurait été de 3 ou 4 % du PIB.
Le rapport souligne ainsi
que la guerre a entraîné une diminution de 18 % des
recettes, durant le deuxième semestre de 2006, et une
augmentation de 9,5 % des dépenses. D’où le
déficit public a représenté 13 % du PIB en
2006, alors que l’excédent primaire n’a pas
dépassé le seuil de 0,1 % du PIB. Le rapport estime
que le déficit public sera de 11,5 % du PIB en 2007 et de
10 % du PIB en 2008.
BS prévoit une augmentation de 2
milliards de dollars de la dette publique en 2007. D’où
une légère diminution du ratio d’endettement qui
s’élèvera à 173 % du PIB, sur la base
des estimations du taux de croissance explicitées ci-dessus.
La banque d’investissement estime que le déficit de la balance courante devrait se creuser en 2007, à cause de la modération du surplus engrangé par l’industrie des services et de la détérioration du déficit de la balance commerciale. Bien que le Liban n’ait jamais été un grand exportateur de biens, le marasme qu’a connu l’industrie du tourisme au lendemain de la guerre de juillet aurait affecté l’exportation de marchandises, à travers le canal des achats effectués par les touristes. Le Conseil supérieur des douanes a noté une baisse considérable de l’exportation de bijoux, par exemple.
BS, qui estime le déficit de la balance courante
à 6,8 % du PIB en 2006, prévoit qu’il sera de
11 % en 2007, avant de décroître pour atteindre les
9 % du PIB en 2008. Le déficit de la balance commerciale,
qui était de -25,4 % en 2006, devrait se creuser pour
s’élever à -32,2 % en 2007 puis à
-32,8 % en 2008.
Alors que les investissements directs
étrangers devraient se limiter à 5 % du PIB, le
rapport de Bear Stearns considère qu’une augmentation
d’un milliard de dollars des flux financiers pourrait pallier en
partie la détérioration de la balance courante.
BS considère que le secteur bancaire libanais a une nouvelle fois fait preuve de stabilité face à la crise, car les déposants n’ont pas retiré des sommes suffisamment importantes pour engendrer une crise de la souscription des titres de la dette souveraine.
D’après le rapport, la force sous-jacente du secteur bancaire libanais résulte du fait que le Liban est un centre bancaire de taille dans la région. Le rapport souligne l’importance des actifs bancaires qui s’élèvent à quelque 200 % du PIB, pour conclure que le secteur bancaire constitue le pilier de l’économie libanaise. Pour Bear Stearns, le dynamisme du secteur bancaire a permis la création d’un marché local de la dette souveraine, puisque les banques détiennent des titres représentatifs de la dette étatique à hauteur de 20 milliards de dollars, soit le tiers de la dette du secteur public ou le quart de la valeur des actifs bancaires.
Source : L'Orient-Le Jour
Commentaires