Responsables
et spécialistes de l'ensemble de la région méditerranéenne se sont
retrouvés à Tunis le 10 septembre, pour un séminaire consacré à la
coopération arabo-européenne. Ce séminaire d'une journée, organisé par
le Centre de la Ligue Arabe à Tunis et la Maison Arabe du Ministère
espagnol des Affaires Etrangères, a permis d'évaluer les relations au
sein de la région et de discuter du Processus de Barcelone et de la
proposition du Président français Nicolas Sarkozy d'une Union
Méditerranéenne.
Dans
son discours inaugural, le vice Secrétaire Général de la Ligue Arabe,
Chedly Neffati, a souligné que "les relations internationales
traversaient indubitablement des crises économiques, politiques,
parfois militaires". M. Neffati a néanmoins fait part de son espoir de
"parvenir à une avancée, à la coopération, à la tolérance, à
l'ouverture de chaque rive à l'autre, et à la mise en place de canaux
de dialogues constructifs pour un monde libre de toute manifestation de
violence et de terrorisme."
Hatem
ben Salem, Secrétaire d'Etat tunisien aux Affaires Européennes, s'est
félicité de cette rencontre et a souligné l'engagement du gouvernement
tunisien en faveur de "l'activation et du succès du projet
méditerranéen, qui relève d'une responsabilité commune entre les pays
des deux rives."
M.
Ben Salem a parlé de l'importance d'une coopération renforcée dans
certains secteurs clés, y compris la création d'une zone régionale de
libre échange, qui, selon lui, pourrait "renforcer les fondements du
dialogue entre les civilisations et les cultures, et... surmonter les
causes de tension, de conflit et les manifestations de l'extrémisme et
de la violence dans le monde".
Jawad
Kardoudi, directeur de l'Institut Marocain des Relations
Internationales, a déclaré que bien que l'attention portée par l'Europe
à l'Union Européenne en Europe de l'Est soit en partie responsable de
l'échec du Processus de Barcelone, "les pays situés sur le pourtour sud
de la Méditerranée portent également une responsabilité majeure de cet
échec." Il a ajouté: "Leurs efforts ont été faibles en matière de
démocratisation de leurs régimes politiques, et d'amélioration des
conditions de vie économiques et sociales de leurs peuples."
Ivan
Martin, représentant de l'Institut du Monde Arabe, a soulevé certaines
questions relatives à l'union proposée par le Président Sarkozy, se
demandant si cette union était "une alternative au Processus de
Barcelone, ou un complément à celui-ci".
M.
Martin a également parlé de plusieurs défis qui, selon lui, méritent
une attention particulière, parmi lesquels le financement, les
disparités et les conflits entre et au sein des pays méditerranéens.
L'ambassadeur
de France en Tunisie Serge Degallaix a appelé aux contributions de
toutes les parties pour ce projet naissant d'Union Méditerannéenne,
rappelant que celui-ci n'était pas destiné à se substituer à d'autres
efforts régionaux tels que le Processus de Barcelone.
Selon
M. Degallaix, le projet d'Union Méditerranéenne se concentre sur quatre
axes principaux : l'environnement, le développement économique, la
sécurité régionale et le dialogue entre les cultures.
Senén
Florensa, directeur général de l'Institut Européen de la Méditerranée,
a défendu le Processus de Barcelone, affirmant que le problème n'était
pas lié au processus lui-même, mais plutôt aux questions qui lui sont
liées. M. Florensa a indiqué que les pays arabes de la rive sud de la
Méditerranée n'avançaient pas à la même vitesse vers cette zone de
libre échange prévue à l'horizon 2010, et a prévu que seule la Tunisie
serait prête dans les temps.
Le
représentant de la Ligue Arabe à Paris, Nacif Hitti, a pour sa part
critiqué le dialogue des cultures auquel M. Sarkozy et d'autres ont
appelé, affirmant qu'il ne permettra pas d'atteindre les résultats
escomptés "à moins qu'il ne sorte de derrière les portes closes et
s'ouvre aux gens de la rue".
Source : Magharébia
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