La Presse Canadienne a appris que des négociations entre Ottawa et Beyrouth sont en cours et pourraient mener à l'envoi de bateaux de patrouille et de jeeps au Liban. Ce geste serait sûrement apprécié par les forces de sécurité libanaises, dont l'armée, en mal d'équipement.
L'aide pourrait également servir à redorer l'image du gouvernement Harper dans la communauté libanaise au Canada.
Selon une source diplomatique qui a réclamé l'anonymat, "il n'y a pas encore eu d'entente, mais ils discutent de la livraison possible de l'équipement".
Il a été impossible de savoir de combien de bateaux et de jeeps il s'agit, ni du coût de cette mesure.
Au ministère des Affaires étrangères, on confirme qu'il y aurait quatre bateaux, destinés aux douaniers libanais. On assure toutefois que ces bateaux ne seraient pas armés.
Si le ministère des Affaires étrangères n'a pu fournir plus de détails de cette possible transaction à venir, des sources gouvernementales affirment que l'argent viendrait d'un fonds géré par le ministère: le Fonds pour la paix et la sécurité dans le monde.
Or les dépenses prévues cette année par ce fonds sont de presque 125 millions $, dont 5 millions $ destinés au Liban, de l'argent fourni par l'Agence canadienne de développement international (ACDI), selon les documents du Secrétariat du Conseil du trésor.
A l'ACDI, après plusieurs demandes de La Presse Canadienne, on n'a pu expliqué pourquoi de l'argent normalement destiné à des projets de développement se retrouverait dans un fonds qui serait par la suite utilisé pour l'achat de bateaux de patrouille ou de jeeps.
La porte-parole de l'ACDI, Anna Borgognoni, affirme que le Fonds pour la paix et la sécurité est administré par le ministère des Affaires étrangères, et qu'à ce titre l'ACDI n'en est pas responsable. "Ce n'est pas une initiative de l'ACDI. Ce n'est pas un projet de l'ACDI", a-t-elle déclaré.
Elle n'a pu expliquer pourquoi l'agence y a transféré 5 des 15 millions $ qu'Ottawa lui a fournis en août 2006 pour le fonds d'aide pour le Liban.
Pour ce qui est de la motivation du gouvernement Harper dans ce dossier, un stratège conservateur, qui n'est pas au courant de la possible transaction, affirmait dernièrement à La Presse Canadienne que le gouvernement cherche des moyens "pour regagner la confiance" de la communauté libanaise au Canada.
Cette stratégie pourrait bien avoir de l'effet, selon le politologue Sami Aoun, spécialiste du Moyen-Orient. Le professeur de l'Université de Sherbrooke rappelle que les commentaires du premier ministre Harper à l'été 2006 "ont déclenché un tollé dans la communauté libanaise de tous bords".
Le premier ministre avait alors dit que la réponse israélienne à l'attaque du Hezbollah était "proportionnée" et il n'avait pas voulu réclamer un cessez-le-feu.
Selon M. Aoun, le geste canadien serait un bémol bienvenu, "mais ce n'est pas la solution magique". Il dit que ce serait mieux vu par les Libanais si le Canada investissait davantage dans des projets de développement au Liban.
Source : La Presse Canadienne
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