Dans les années 60 du siècle dernier, Israël
pointait en tête des pays occidentaux en sciences et en
mathématiques. Aujourd’hui, nous occupons les 30ème
et 32ème places dans ces deux matières.
Sans
parler de la compréhension des textes, où des
élèves de terminales ne sont pas capables de comprendre
les instructions d’utilisation d’une machine à
laver. Par ailleurs, nous assistons, au sein de la jeunesse, à
une montée constante de la violence, de l’alcoolisme, de
la drogue, de la dérobade quant au service militaire et ainsi de
suite…
Pourquoi? Que se passe-t-il? Il se passe
qu’au cours des six dernières années, le budget de
l’Education nationale a été amputé de plus
de quatre milliards de shekels. Une diminution de 20%! Ce qui, dans le
secondaire, s’est traduit par une réduction de 8,5 heures
d’enseignement par semaine.
La signification
pratique de ces mesures : le gouvernement a amputé d’un an
la scolarité réelle des élèves
israéliens.
Ce n’est pas tout. La
réduction des heures d’enseignement s’est
accompagnée d’une augmentation du nombre
d’élèves par classe. Le plafond légal est de
40 élèves par classe, mais l’on voit de plus en
plus de classes à 46, 47 élèves. Il en
résulte que l’enseignant ne peut consacrer qu’une
minute à chaque élève.
Et quand les classes
deviennent de plus en plus hétérogènes, le
professeur se trouve placé devant un choix : ou progresser avec
les meilleurs et tant pis pour les autres; ou bien l’inverse.
Mais
son choix, quel qu’il soit, revient à créer une
distorsion dans le suivi des élèves. Et quand un
élève se sent délaissé, il développe
des frustrations qui trouvent dans la violence son exutoire, violence
verbale et de plus en plus physique.
Autre
élément d’importance : les bas salaires. Dans les
pays industrialisés ou émergeants, le salaire des
enseignants est 2,5 fois supérieur. Ici, un enseignant,
titulaire d’une licence, 20 ans d’ancienneté,
parvient à un salaire mensuel brut de 7000 shekels (1250 euros),
soit moins que le salaire moyen dans le pays, qui est de l’ordre
de 8000 shekels (1420 euros environ).
Un débutant, avec un
cursus universitaire de quatre ans, perçoit 2800 shekels bruts
(500 euros). Soit moins que le salaire minimum, et à ce titre,
il a droit à un complément de salaire de 1000 shekels
(178 euros et des poussières). Dites-moi vous : que devient la
motivation dans un pareil contexte? Même un débutant,
enthousiaste, idéaliste, perd pied après sept, huit ans.
Il se coule dans la médiocrité, la routine,
l’uniformité, sans satisfaction. C’est la raison
pour laquelle 50%, je dis bien 50% des nouveaux venus quittent
l’enseignement après 4 ans. L’âge moyen des
profs, dans le secondaire, est de 52 ans. A l’évidence, le
métier ne fait plus recette.
Le renouvellement
s’opère au compte-goutte. La machine est grippée.
Il ne peut en être autrement, quand le gouvernement refuse de
s’engager, d’empoigner le problème à
bras-le-corps.
Source : IsraelValley