L’objectif des pouvoirs publics est de porter à 30% la part des énergies renouvelables dans le bilan énergétique du pays à l’horizon 2050.
En ce contexte de
crise financière mondiale, accélérer le développement des énergies renouvelables
en Algérie devient une urgence.
Car il s’agit de préparer dès aujourd’hui
l’après-pétrole, l’avenir des générations futures, les ressources fossiles,
principalement pétrole et gaz, sont limitées, épuisables et non renouvelables.
C’est ce qui ressort, entre autres points importants de la conférence-débat sur
les énergies renouvelables organisée, hier, par Care, le cercle algérien de
réflexion autour de l’entreprise à l’école supérieure algérienne des affaires.
En guise d’introduction au débat, le P-DG de Neal, Derradji Badis, a exposé une
présentation sur les énergies renouvelables en Algérie. Parmi les points
saillants développés : le potentiel important de l’Algérie en énergies
renouvelables, surtout dans le solaire : un territoire très vaste d’une
superficie avoisinant les 2,4 millions de kilomètres carrés dont le Sahara
représente 80% du territoire, une durée d’ensoleillement jusqu’à 3 500 heures…
En ce sens, le premier responsable de Neal, l’entité constituée entre Sonatrach
et Sonelgaz, a indiqué que les pouvoirs publics préparent un programme de
développement de ces sources alternatives visant à porter à 30% la part des
énergies renouvelables dans le bilan énergétique national à l’horizon 2050.
Une
stratégie plus ambitieuse se prépare donc accordant une place plus importante
aux énergies renouvelables. Il s’agit de développer une capacité de production
de 17 000 MW pour le marché local et 6 000 MW pour l’exportation.
Le co-animateur de la conférence-débat a ajouté qu’un plan intermédiaire 2008-2017 est mis en œuvre et ayant pour objectif de porter la part des énergies renouvelables à 5% à la fin 2017. Il s’agit de développer une capacité de production d’électricité de 700 MW via les énergies renouvelables : réalisation notamment de deux centrales hybrides solaires-thermiques de 70 MW chacune, plus de 100 MW en cogénération, 5 MW en solaire photovoltaïque.
La centrale hybride de Hassi-R’mel sera mise en service en 2010
La centrale
hybride de Hassi-R’mel, d’une capacité de 150 MW en partenariat entre l’AEC et
la société espagnole Abener, d’un coût de 315 millions d’euros, sera mise en
service en août 2010, a-t-il ajouté.
Grâce à un tel potentiel et sa position
géostratégique en Méditerrannée, l’Algérie pourrait exporter de l’électricité
vers l’Europe produite par des centrales hybrides au sud, transportée jusqu’à la
côte, puis exportée à travers des interconnexions électriques vers l’Espagne et
l’Italie.
Une telle ambition fait face à beaucoup d’obstacles, a observé Badis
Derradji. Car, sur le plan politique, il faudra obtenir le feu vert des
autorités de ces pays pour accéder au marché européen. Il faudra aussi
s’entendre sur le prix du KW/heure cédé.
En un mot, le coût de ces énergies
renouvelables reste assez élevé. Le P-DG de Neal a conclu qu’une politique de
soutien fort de l’état est nécessaire pour accélérer le développement des
énergies renouvelables. Akli Brihi, directeur général de BP Algérie,
co-animateur de la conférence- débat, quant à lui, a souligné que le monde
continuera à dépendre des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) pendant 50
ans.
Pendant cette période, les énergies renouvelables grignoteront les parts
des énergies fossiles sans toutefois gommer cette situation d’hyper dépendance.
Il a indiqué que le groupe pétrolier BP va investir entre 8 et 10 milliards de
dollars dans le développement des énergies renouvelables dans les 5 à 10 ans à
venir, soit autant engagé dans l’amont par ce groupe au cours d’une période
caractérisée par des prix du pétrole bas. La compagnie britannique travaille
surtout dans le développement du solaire et de l’éolien.
Elle effectue néanmoins
des recherches sur l’hydrogène et la pile à combustible. “Nous travaillons sur
l’après-pétrole”, a-t-il résumé. Il faudrait un baril de pétrole à 100 dollars
pour que soit encouragé le développement des énergies renouvelables, a relevé le
DG de BP.
Le développement du solaire est devenu cependant rentable pour la
compagnie britannique. Quant aux ambitions de BP en Algérie en matière de
développement des énergies renouvelables, elles restent limitées à des actions
sociales consistant à installer des panneaux solaires dans des villages du sud.
Mais BP s’intéresse au marché algérien. Le groupe britannique attend que se précise cette nouvelle stratégie de développement des énergies renouvelables pour décider de son implication en Algérie dans ce domaine. BP est très présent sur le marché photovoltaïque dans le monde. Il aurait été intéressé par le photovoltaïque. Mais l’Algérie a opté principalement pour la technologie solaire-thermique, a-t-il expliqué.
Au cours du débat, à une question sur la
transition technologie, c'est-à-dire plus simplement le moment où le pétrole
perdrait sa place de principal combustible en raison de la circulation d’un
nombre beaucoup plus important de voitures électriques, à hydrogène ou solaire
dans le monde, Akli Brihi a répondu qu’il est difficile de prédire à quelle
période se produira ce bond.
“Cela dépendra du choix des consommateurs et des politiques des états industrialisés pour soutenir ces filières et encourager l’acquisition de ces véhicules qui restent très chers”, a ajouté en substance le DG de BP. Quant à El-Kadi Ihsane, rédacteur en chef de la publication Les Afriques, partenaire de Care dans l’organisation de la conférence-débat, il a relevé que ce plan de développement des énergies renouvelables en Algérie, à l’horizon 2050, reste timide.
Source : LibertéAlgérie