JA : Quels sont les enjeux de l’assainissement de l’eau en Afrique ?
L’assainissement est le parent
pauvre du développement, délaissé trop longtemps
au profit de l’eau potable.
Or les bénéfices de
l’assainissement sont fondamentaux pour le développement
socio-économique et humain des populations et pour la
qualité du milieu naturel.
Cet enjeu crucial dépend de la
volonté politique de chaque pays. Au Maroc, la collecte et la
dépollution des eaux usées sont devenues une
priorité nationale.
C’est d’ailleurs la
volonté politique des pays d’Afrique du Nord qui tire les
investissements dans le domaine.
En revanche, en Afrique subsaharienne,
la prise de conscience des autorités est plus timide et peut
parfois passer pour un désintérêt politique en
matière de protection de l’environnement et
d’amélioration de la santé publique par la
dépollution des eaux usées.
JA : Comment s’articulent les contrats et projets d’assainissement au Maroc ?
En 2002, nous avons remporté auprès du
ministère de l’Intérieur trois contrats de
délégation de service public sur la gestion de
l’eau et de l’énergie sur Tanger, Rabat et
Tétouan intégrant l’assainissement.
Ces types de
concession, d’une durée de vingt-cinq ans,
s’inspirent fortement de la délégation de service
public à la française.
Nous prenons en charge les projets
d’infrastructures, que nous préfinançons avant de
nous rembourser progressivement sur la facturation des services
d’eau aux usagers dont les tarifs sont fixés par
l’État.
Celui-ci procède à un contrôle
encore plus strict qu’en Europe du bon déroulement des
projets.
Et il préfère en général renoncer
à l’aide financière des bailleurs de fonds sur de
grands programmes d’assainissement.
JA : Pourquoi les États se détournent-ils des aides des bailleurs de fonds ?
Dans chaque projet, leur proposition de subventions est suspendue
à la décision souveraine des États.
Les plus
riches d’Afrique souhaitent ne pas se voir imposer les
contingences de gouvernance que ces organismes imposent souvent
lorsqu’ils sont partie prenante d’un projet.
Notre
politique en la matière est un peu novatrice, nous avons fait
entrer en 2007 l’AFD et la Banque mondiale à hauteur de
20 % dans le capital de Veolia Water AMI, pour nous conforter dans
notre modèle de bonne gouvernance dans la gestion de nos
contrats et donner une vraie vision à long terme à notre
développement en Afrique.
Source : Jeune Afrique