Une société basée à Dubaï
dirigée par un Algérien espère ouvrir début
2011 en Algérie la première unité au monde de
fabrication de nakhoil, un éthanol à base de dattes "non
polluant, source de revenus pour les sahariens et favorisant la
sécurité alimentaire".
"Il s'agit de bâtir
une nouvelle branche industrielle intégrée au secteur des
hydrocarbures qui entraînerait une grande répartition des
richesses", a estimé Brahim Zitouni, président de Oasis
Ltd (Organisation de l'agriculture du Sahara par intégration et
substitution).
L'Algérie produit 300.000 tonnes de dattes
dont la moitié seulement est commercialisée, "le reste
servant d'aliments pour le bétail", selon M. Zitouni.
Le
projet, d'un coût de 22 millions d'euros (30 millions de dollars)
prévoit dans un premier temps d'utiliser les 150.000 tonnes de
dattes communes (phoenix) restantes pour fabriquer le nakhoil, "un
bioéthanol arabe non polluant, offrant une nouvelle source de
revenus pour les agriculteurs et qui ne constituera pas un danger pour
la sécurité alimentaire", a dit M. Zitouni.
Selon lui, 20 tonnes de dattes peuvent produire plus de 6.500 litres d'éthanol.
"La
datte contient 65% de sucre, contre 18% à la betterave ou 13%
à la canne à sucre. Sa culture s'adapte parfaitement
à nos terres semi-arides et n'empiète pas sur les terres
fertiles du nord de l'Algérie, consacrées aux
céréales", a-t-il souligné au cours d'une
conférence-débat organisée au centre de presse du
quotidien El Moudjahid.
Pour lui, "les terres où pousse le
palmier-dattier sont désertes, et l'extension de cette culture
par une technique de propagation in-vitro sur ces terres contribuerait
à la lutte contre la désertification".
"D'autant
que d'autres produits alimentaires peuvent être produits dans les
palmeraies, où le palmier-dattier n'occupe que 20% de la
surface".
La technique in-vitro permet à partir d'un seul
palmier d'en produire plusieurs centaines de milliers d'autres qui
poussent d'un mètre chaque année, selon l'entrepreneur.
La production des palmeraies algériennes peut donc en 20 ans
s'accroître sensiblement, réduisant l'impact de leur
faible rendement, 22 tonnes à l'hectare contre 80 pour la canne
à sucre par exemple, selon le dirigeant d'Oasis.
M.
Zitouni estime d'ailleurs que du bioéthanol pourra dans le futur
être tiré du tronc même des palmiers.
Surtout,
a-t-il souligné, cette nouvelle industrie s'intègre au
secteur du pétrole et du raffinage local dont il peut diminuer
la pollution.
"Les raffineries algériennes utilisent
encore du plomb ou du benzène pour oxygéner les
carburants, et ne répondent donc pas aux critères
internationaux pour pouvoir exporter. Ces installations peuvent
parfaitement être adaptées pour que le nakhoil soit
mélangé aux carburants", a-t-il dit.
"Il suffit
d'un mélange de 2 à 5% de nakhoil par litre d'essence", a
estimé M. Zitouni, selon qui "5% d'éthanol dans les
carburants peuvent réduire de 30% les rejets de monoxyde de
carbone dans l'atmosphère".
Selon lui, "ce
bioéthanol ne sera pas un carburant de substitution. Mais cette
énergie verte, propre et nationale contribuera à la
conservation des réserves pétrolières de
l'Algérie".
La société compte s'installer
sur cinq hectares à Oumeche près de Biskra (425 km au
sud-est d'Alger), où seront construits une unité de
production et un laboratoire de reproduction in-vitro de
palmiers-dattiers.
Elle attend maintenant le feu vert des
autorités algériennes après des entretiens avec
les ministères de l'Energie et des mines, de l'Environnement et
de l'Agriculture.
Source : AFP-Google