La région aride du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord fait face à des difficultés imminentes liées à l’eau à cause des changements climatiques et de la croissance démographique.
Cependant, certains pays, comme le Maroc, déploient déjà des efforts considérables afin d’assurer leur approvisionnement futur en eau.
En effet, depuis une dizaine d’années, ce pays a, d’une part, effectué une avancée importante en matière d’utilisation efficace de l’eau dans le secteur agricole et, d’autre part, augmenté l’approvisionnement en eau potable et les services d’assainissement pour les pauvres des campagnes.
Selon les estimations de la Banque mondiale, la quantité d’eau disponible par personne dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord sera divisée par deux d’ici 2050.
Toutefois, l’organisation a également annoncé, en mars 2010 lors d’une évaluation de projets, que ’’ [l]e Maroc s’apprêt[ait] aujourd’hui à dépasser les critères, concernant les services de l’eau et de l’assainissement, fixés dans le cadre des Objectifs de Développement pour le Millénaire (ODM)’’, et ce, grâce au fait que ’’[e]ntre 2005 et 2009, les dépenses publiques consacrées aux programmes d’infrastructures d’approvisionnement en eau et d’assainissement en milieu urbain, péri-urbain et rural ont atteint 25 % de la totalité des dépenses publiques pour le secteur de l’eau contre 5 % auparavant. ’’
Par conséquent, l’accès à l’eau potable est passé de 50% en 2004 à 87% en 2009.
Au cours des dix dernières années, la sécheresse a été une préoccupation importante pour la région et, selon le Secrétaire d’Etat chargé de l’Eau et de l’Environnement du Maroc, le déficit de précipitations a atteint 40% certaines années. ’
’ Les stratégies en matière de gestion de l’eau au Maroc devaient donc évoluer afin de répondre à un certain nombre de défis : déficits en eau croissants, lacunes persistantes en matière d’accès aux services, lenteurs des changements législatifs, programmes d’infrastructure limités, croissance démographique préoccupante et changement climatique’’, a déclaré la Banque mondiale.
En 2000, le Maroc a mis en œuvre une Stratégie nationale de l’eau et a créé plusieurs agences nationales publiques dont l’objectif principal est d’assurer l’approvisionnement en eau, dont l’Office National de l’Eau Potable (ONEP), qui produit maintenant plus de 80% de l’eau potable. L
’ONEP a investi 260 millions d’euros pour augmenter ses capacités en matière de traitement entre 2008 et 2010.
’’Le pays a fortement investi dans des barrages, mais aussi dans l’augmentation de ses capacités d’approvisionnement en eau, dans des systèmes d’irrigation à grande échelle ou encore dans la sécurisation de l’eau destinée aux besoins urbains et agricoles’’, a rapporté la Banque mondiale.
La consolidation de la production d’eau potable et des systèmes d’approvisionnement dans les villes de Khénifra, Taounate, Settat, Marrakech et Tamesna fait partie des initiatives lancées par l’ONEP encore en cours de réalisation. Ce projet de 84 millions d’Euros, partiellement financé par la Banque africaine de développement, devrait s’achever en 2010.
L’aide étrangère a donné un bon coup de pouce au Maroc dans ses efforts visant à assurer l’approvisionnement en eau. Ainsi, la Banque internationale pour la reconstruction et le développement, la branche spécialisée en financement de la Banque mondiale, a lancé un programme d’approvisionnement en eau en milieu rural d’une valeur de 44.5 millions d’Euros en 2005 et a accordé au Maroc, en 2007, un prêt à l’appui du développement du secteur de l’eau d’une valeur de 74.2 millions d’Euros.
USAID a également lancé de nombreux programmes pilotes liés à l’eau dans les dernières années, notamment la mise en place d’une usine de recyclage du chrome, afin d’éviter que les tanneries ne versent ce produit chimique dans la rivière Sebou. En mars 2010, l’Agence japonaise de coopération internationale a accordé, quant à elle, un prêt de 193.6 millions d’Euros au Maroc, dont 126.8 millions d’Euros seront consacrés au traitement des eaux usées et à l’approvisionnement en eau potable.
Le secteur agricole est le plus important consommateur d’eau du Maroc : il utilise environ 80% des ressources. Etant donné qu’il s’agit d’un grand employeur et d’un contributeur important au produit intérieur brut (PIB), la stratégie agricole nationale de 2008, connue sous le nom de Plan Maroc vert (PMV), a mis en place diverses pratiques visant à augmenter la stabilité et l’efficacité des ressources en eau, dont le remplacement des systèmes d’irrigation en place par la micro-irrigation.
Le PMV prévoit que l’irrigation au goutte-à-goutte sera étendue de 150 000 ha à 670 000 ha d’ici 2020 et qu’un million d’hectares de culture de céréales, grandes consommatrices d’eau, seront convertis en culture de fruits et de légumes, qui en consomment plus modérément.
Le développement du tourisme menaçait également de s’accaparer d’une part de cette eau si rare. En effet, MEDSTAT, un programme de coopération entre l’Union européenne et dix pays méditerranéens, a prévu que le trafic touristique en Méditerranée atteindra les 396 millions de personnes par année d’ici 2025, ce qui entraîne la construction en masse d’hôtels, de terrains de golf et de piscines, des infrastructures qui consomment beaucoup d’eau.
Il n’en est pas moins que le succès des programmes liés à l’eau place le Maroc au-dessus du lot en termes de sécurisation des ressources et devrait servir de modèle pour la région, qui entrera bientôt dans la saison estivale.