Ce qui est arrivé dans un bidonville de Jijel est à l’origine de la plupart
des cas de MTH dans le pays : mélange de l’eau potable avec les eaux usées.
Le phénomène d’«échange» entre les canalisations d’eau potable et les
égouts, la fameuse cross-connexion, est malheureusement assez courant chez nous.
Les habitants des constructions précaires non connectées aux réseaux
d’alimentation en eau potable et d’assainissement y sont particulièrement
vulnérables.
Personne ne peut vivre sans eau, et quand le branchement sur le
réseau fait défaut ce sont les piquages clandestins qui le remplacent créant,
ainsi, les conditions de contamination de l’eau utilisée pour la boisson et la
préparation des aliments.
Ce phénomène n’arrive pas que dans les
bidonvilles, il menace tous les quartiers nouveaux composés, pas seulement de
cités-dortoirs, mais aussi de villas somptueuses, qui ont surgi de façon
illégale et qui, de ce fait, sont dépourvus de réseaux d’assainissement.
Ils
fonctionnent aux fosses septiques vidées par camions citernes. Ces quartiers
baignent constamment dans les eaux usées, où toutes sortes d’insectes
prolifèrent.
L’extension urbaine anarchique des villes algériennes rend
l’assainissement plus complexe, à cause du sous-dimensionnement des
canalisations.
On sait que le Code de l’eau, amendé en 1996, fait
obligation aux villes de plus de 80 000 habitants d’épurer leurs effluents.
Le gouvernement a exprimé sa volonté de s’attaquer sérieusement au problème
de l’assainissement. Son objectif est de récupérer 650 millions de m3 d’eaux
usées par an, soit plus de 86% du volume actuel des eaux usées, qui est de 750
millions de m3, et en faire profiter l’industrie et l’agriculture.
Ce sera
en 2010, avec la réception des projets en cours de réalisation. L'ONA (Office
national de l’assainissement), créé en 2001, est chargé de la mise en œuvre de
cette politique nationale d'assainissement, en concertation avec les
collectivités locales.
Actuellement, ce sont 375 millions de m3 qui sont
épurés, et livrés à l’agriculture. Le reste des eaux usées est encore souvent
évacué dans la nature, directement ou via un réseau d’assainissement défaillant.
A la campagne, il arrive parfois que des paysans, qui pratiquent les
cultures en irrigué et sont confrontés au manque d’eau, les récupèrent pour les
réutiliser en l’état, sans épuration préalable.
Les oueds-égouts, qui véhiculent
des eaux usées collectées sur leur passage à partir des rejets des
agglomérations et des zones industrielles, sont également exploités pour
l’irrigation quand il n’y a pas d’autres moyens d’avoir de l’eau.
La loi
interdit, de la façon la plus explicite, l’irrigation à l’aide d’eaux usées
brutes, considérées comme une des principales causes des épidémies de MTH.
Mais il n’est pas rare que des parcelles de pomme de terre, ou de choux
fleurs, soient détruites par les autorités, qui constatent à partir du
prélèvement de quelques échantillons qu’elles ont été irriguées à l’aide d’eaux
usées non épurées.
Source : La Nouvelle République