Le Ministère de la Santé a dévoilé le projet de faire construire 14 centres de traitement contre le cancer, pour aider à soigner le nombre stupéfiant d'algériens diagnostiqués chaque année avec la maladie.
L'Algérie durcit ses efforts dans la lutte contre le cancer, en annonçant, la semaine dernière, que le pays fera construire un institut national contre le cancer à Oran et 14 centres de traitement supplémentaires sur tout le territoire.
"L'institut d'Oran sera opérationnel en 2011, et les autres centres de traitement seront terminés en 2012," a annoncé Said Barkat, Ministre de la Santé, devant le Parlement le 25 octobre. Cette nouvelle stratégie fera passer à 17 le nombre total de centres de traitements du cancer en Algérie.
Le Ministère de la Santé estime que ce sont 30 000 à 35 000 nouveaux cas de cancer qui sont diagnostiqués chaque année. Parmi ces nouveaux cas, 80% des patients se trouvent déjà en stade terminal de la maladie.
Sur ce nombre, ils seraient 13 000 algériens à devoir attendre jusqu'à un an pour suivre un traitement, en raison de l'incapacité matérielle du petit nombre de centres de traitements à prendre en charge cette demande croissante.
"A chaque fois, j'ai des difficultés à obtenir un rendez-vous pour la séance suivante de chimiothérapie", dit Ahmed, 52 ans, qui souffre d'un cancer du poumon. "Si ce n'était grâce à certains amis que je connais dans l'hôpital, j'aurais attendu des mois avant de recevoir un traitement".
Ahmed dit qu'il a vu beaucoup de personnes se faire refuser un traitement, en raison de ce qu'il qualifie de pénurie d'hôpitaux et de cliniques de traitement du cancer.
D'autres patients se plaignent de la difficulté de se procurer des médicaments pour soulager leurs douleurs. Said, âgé de 37 ans, se bat contre un cancer du larynx, et dit que les hôpitaux doivent faire face à un "manque d'anti-douleurs". Il ajoute que, quand il reçoit enfin des médicaments, ces derniers ne durent qu'une semaine.
"Il faut que je fasse avec la douleur, en particulier les week-ends, parce que les hôpitaux sont fermés et qu'il n'y a pas de moyens de s'en procurer", dit-il.
Les spécialistes du cancer disent que l'Algérie doit adopter une stratégie plus agressive contre le cancer.
"Ouvrir de nouveaux lieux de traitement n'est pas suffisant", dit le président de l'Association Algérienne des Malades contre le Cancer, le docteur Kamal Bouzid. "Le traitement doit être en lui-même mieux organisé, ce qui rendrait possible le contrôle du progrès des [malades], qu'ils soient chez eux ou n'importe où ailleurs."
"Cette stratégie devra être évaluée après un certain nombre d'années, ce qui n'arrive pas en Algérie", ajoute-t-il.
"La stratégie nationale devrait aller au-delà du traitement des cas existants, "dit le président de l'Association algérienne des Maladies Respiratoires, le Docteur Ameur Soltane. Il déclare que les stratégies de prévention contre le cancer doivent être encouragées, ce qui commence par la lutte contre le tabac.
Source : Magharébia