La
dernière perturbation qu’a connue la compagnie nationale Sonatrach nous
incite à faire le point sur les termes du débat.
Au-delà du
catastrophisme stérile qui consiste à diaboliser tout le monde et à
montrer du doigt ce qui compromet la distribution d’une rente
imméritée, car elle n’est pas le fruit de l’effort, de la sueur et de
la persévérance, il y a nécessité d’un devoir d’inventaire pour
d’abord, éviter de faire dans la surenchère, ensuite de montrer que la
politique pétrolière du pays n’est pas et ne doit pas être indexée sur
celle de sa compagnie pétrolière seulement, et à ce titre, que l’on se
«rassure provisoirement», nous continuerons, à moins d’une vision
nouvelle que je n’ai cessé d’appeler de mes voeux depuis une quinzaine
d’années, à engranger des dollars qui s’effriteront dans les banques
américaines pour continuer à pomper, comme je l’ai indiqué dans mes
écrits et mes enseignements, d’une façon frénétique, une ressource qui
appartient aux générations futures.
On sait que l’énergie est très inégalement répartie dans le monde. En
moyenne, le rapport est de 1 à 40 si on compare la consommation d’un
Américain moyen (8 tep/hab/an) à celle d’un Sahélien. Elle est de 1à 8
avec un Chinois (1tep/hab/an) et de 1 à 2 avec un Européen.
Pouvons-nous continuer ainsi quand on sait que le peak oil est daté?
Désormais, la théorie du «pic pétrolier» trouve des partisans au coeur
même du secteur de l’énergie. Colin Campbell, un ancien cadre de Total
France, a déclaré lors d’une conférence: «Si le chiffre des réserves
réelles [de pétrole] sortait, il y aurait une panique sur les marchés
boursiers...»
Depuis 1981, le volume de pétrole extrait chaque année
est supérieur à celui des nouvelles découvertes. On sait que pour un
baril de trouvé, trois sont consommés. La stratégie, énergétique des
pays industrialisés est globalement celle du «business as usual».
L’AIE
prévoit dans sa «boule de cristal» une production de 86,5 mbj de
pétrole en 2010 et le prix moyen du pétrole en 2010 doit atteindre 75
dollars le baril contre 58 dollars en 2009. Elle nous prévoit un
maximum de 95 à 100 millions de barils /jour en 2030.
L’Opep devenue
après l’épopée des années 70, une organisation de dilapidation d’une
rente imméritée hypothéquant l’avenir des jeunes de ces pays, suit les
injonctions de l’AIE.
Que
doit faire l’Algérie? Quelques principes. Avant toute chose, il faut
être convaincu que les défis majeurs que l’Algérie aura à affronter et
sans être exhaustif, concernent la sécurité alimentaire, le stress
hydrique, l’énergie et les changements climatiques.
Ceci dans un
contexte mondial de plus en plus perturbé par les stratégies
énergétiques des grandes puissances dans un contexte de raréfaction
inexorable des énergies renouvelables de changements climatiques et de
chocs des cultures, voire, à Dieu ne plaise, du choc des civilisations.
L’eau, l’énergie et l’environnement sont le triptyque autour duquel
devrait s’articuler, dans une grande mesure, le développement
économique scientifique du pays pour les prochaines décennies.
Sur la
base de modèles énergétiques, il nous faut imaginer rapidement des
Etats généraux de l’énergie qui concerneront tous les départements
ministériels et même la société civile qui devra être convaincue de la
nécessité de changer de cap: passer de l’ébriété énergétique à la
sobriété énergétique.
Nous sommes profondément convaincus que le
problème de l’énergie, problème majeur s’il en est, sera de plus en
plus le problème structurant de notre devenir tant il est vrai qu’une
utilisation rationnelle pondérée sans compromettre l’avenir des
générations futures est le plus sûr moyen d’augmenter la durée de vie
de nos ressources fossiles.
Source : Chemseddine