Le caractère stratégique du secteur de l'eau en Algérie, rappelé sans cesse par l'acuité des besoins, a incité les responsables à tracer d'ambitieux programmes pour subvenir aux besoins de plus en plus croissants de la population. Deux priorités s'imposent aux responsables du secteur : la mobilisation des ressources et la réhabilitation des réseaux existants.
Les politiques publiques de ces 20 dernières années n'ont pas été à la hauteur des enjeux, qu'il s'agisse des retards enregistrés dans les programmes de construction de barrages ou de la minceur des moyens affectés de façon continue à la maintenance des réseaux d'alimentation en eau potable, ou des systèmes d'assainissement.
Au printemps 2002, l'agglomération d'Alger a dû faire face à une pénurie exceptionnelle, qui a mis la question de la satisfaction des besoins en eau potable des grands centres urbains au centre des préoccupations des organes décisionnels algériens.
Les fortes précipitations enregistrées durant l'hiver 2002-2003 et 2003-2004, ont certainement atténué le sentiment d'urgence, mais elles n'ont pas remis en question la priorité accordée à ce chantier.
Dans le cadre du plan de relance économique initié en avril 2001 par le gouvernement, le secteur de l'eau représente une part importante de la dépense budgétaire.
Il a bénéficié également d'un plan d'urgence exceptionnel pour la capitale en 2002, de 115 MUSD alloués à la réalisation de nouveaux forages, stations de dessalement monoblocs, interconnexion des barrages de Ghrib, Ghris, Bouroumi et Boukourdene au système d'alimentation en eau potable d'Alger.
Pour parvenir à sécuriser le pays par rapport au déficit hydrique cyclique enregistré, plusieurs options sont retenues. La finalisation du complexe de Béni Haroun qui devrait comprendre des travaux de génie civil, notamment les barrages réservoirs, conduites, ainsi qu'une part importante d'équipements hydroélectriques.
Parmi ces projets en cours, le plus important reste certes, l'alimentation de la ville d'Alger par le barrage de Taksebt qui a commencé à alimenter quelque 320 villages de Kabylie en juillet 2007.
Ce grand projet comprend un important réseau de conduites, de stations de traitement et de pompage à réaliser pour le transfert
vers la capitale.
A cela s'ajoute le projet MAO, pour l'alimentation des villes de Mostaganem et d'Arzew.
Un projet qui comprend la réalisation de barrages, de conduites, de
stations de pompage et de traitement. Quant au mégaprojet de transfert des eaux souterraines de In Salah à Tamanrasset, amorcé en juin 2007,
il reste indéniablement le projet du siècle pour ses initiateurs.
Misant sur un transfert de 50 000 m3/jour et même jusqu'à 100 000 m3/jour d'ici 2030, il s'étendra sur une distance de 750 kilomètres.
Ce projet nécessitera la mise en place de 1 259 kilomètres de conduites, 24 forages et 6 stations de pompage. Le tout nécessite la mobilisation d'une enveloppe de près de 1,3 milliard de dollars. En 2009, l'Algérie comptera, selon le programme gouvernemental de 69 barrages d'une capacité de stockage avoisinant les 7 milliards de m3 d'eau.
Un objectif qui devrait être atteint grâce au programme de 12 nouveaux barrages lancé par le gouvernement. L'autre option sécurisant la mobilisation de l'eau, notamment pour les besoins domestiques, est indéniablement celle du dessalement de l'eau de mer.
Treize projets s'inscrivent dans cette perspective.
D'une capacité globale de 2,260 millions de mètres cubes, soit 2,26
milliards de litres par jour, ces stations de dessalement seront opérationnelles dès 2010.
Un ambitieux programme est lancé depuis trois ans. L'eau dessalée dont le prix de revient variera entre 45 et 55 DA le mètre cube sera distribuée par l'ADE (Algérienne des eaux) à des prix étudiés qui devraient rester au même niveau que l'eau conventionnelle.
A Oran, le projet de Mactaa, près de Mers El Hadjadj, d'une capacité
estimée à 500 000 m3 par jour est considéré comme l'un des plus grands projets dans le monde.
Il suscite un intérêt évident de la part des investisseurs étrangers qui ont été nombreux à déposer leur offre technique le 21 mai 2007. Installé sur une surface de 18 hectares le projet permettra d'approvisionner la population de la région oranaise grâce à l'interchangeabilité du réseau.
A Tlemcen, ce sont deux projets d'une capacité de 200 000 mètres cubes par jour chacune qui sont prévus à Malakoff et à Honein, alors que Beni Saf abritera une station de 200 000 mètres cubes et Mostaganem deux projets de dessalement de l'eau de mer de 200 000 mètres cubes chacun.
De nombreux projets sont également prévus à travers d'autres régions du pays dont une station à Oued Essebt à Cherchell, une à Fouka, une autre à Ténès et celle de Cap Djenet, à Boumerdès. Une station installée à El Tarf, à l'extrême est du pays, alors que celle de Skikda sera mise en service partiellement à la fin de 2007.
Quant au grand projet d'El Hamma à Alger, la plus grande usine de dessalementd'Afrique, le taux d'avancement des travaux de construction sont à 77%.
D'une capacité de 200 000 m3 par jour, cette station devrait être opérationnelle vers la fin de l'année. Elle permettra de couvrir un tiers des besoins en eau de la capitale, soit pour 2 millions de personnes pour une quantité de 600 000 m3 d'eau par jour.
C'est la société américaine IONICS, spécialisée dans le dessalement qui fournira les équipements et assurera l'exploitation et la maintenance de l'usine pendant 25 ans.
Source : La tribune