«Israël détruit, l'Iran reconstruit»: à l'entrée des villages du
Liban sud, ces banderoles signalent le vaste chantier financé par
l'Iran, principal soutien du Hezbollah chiite, pour réparer les routes
et ponts détruits par les bombes israéliennes en 2006.
Du littoral méditerranéen dans l'ouest jusqu'à la plaine orientale de
la Bekaa, des centaines de kilomètres de routes du sud et du sud-est
du Liban sont livrés aux pelleteuses et engins de terrassement, qui
comblent les cratères, élargissent et asphaltent les voies.
«Aide du peuple iranien au Liban sud», proclament d'autres banderoles,
flottant le long des petites routes en chantier, accrochées aux ponts
en réparation.
Un an après la trêve qui a mis fin, le 14 août 2006, à un mois de combats entre Israël et le Hezbollah, l'Iran, comme d'autres pays dont le Qatar et l'Arabie saoudite, est lancé dans la course à la reconstruction du Liban sud.
Principal soutien politique et financier du Hezbollah, le puissant
parti chiite d'opposition qui domine la région, l'Iran finance la
réparation de routes, d'hôpitaux, d'écoles, de ponts.
Dans une région montagneuse au sud de la ville de Nabatiye, les ouvriers armés de pelles travaillent dans une rue du village reculé de Froun, bordée de tas de graviers.
Accrochées aux pylônes électriques, les affiches vantent l'aide
iranienne, et annoncent: 25 centres médicaux, 510 kilomètres de routes
secondaires, 200 projets de reconstruction d'infrastructures, 73
établissements scolaires...
Chacune est signée du «Comité iranien d'aide à la reconstruction du Liban», un nom qui revient partout, sur les murs, les étiquettes collées sur les bulldozers ou les casquettes des ouvriers.
Car l'aide à la reconstruction, dans cette région délaissée depuis des
décennies par l'État libanais, prend aussi le visage d'une vaste
opération de propagande, témoin de l'influence qu'exercent au Liban
les pays de la région.
L'Iran reconstruit actuellement «150 kilomètres de routes reliant 70
villages et agglomérations», explique Rida Attoui, l'ingénieur
libanais qui supervise le projet, pour lequel la République islamique
a spécialement ouvert un bureau à Beyrouth.
«50 ingénieurs, dix Iraniens et 40 libanais, supervisent les travaux
exécutés par 20 entreprises libanaises», ajoute l'ingénieur.
La reconstruction des routes s'accompagne de la réfection du réseau
téléphonique et des canalisations d'eau potable qui desservent les
villages riverains, indique M. Attoui.
Le projet, selon lui, comprend également «la réparation des rues et des petites routes à l'intérieur de 135 communes». Environ la moitié des chantiers sont achevés.
M. Attoui affirme que ces travaux se font «en coordination avec l'État
libanais, notamment le ministère des Travaux publics».
Mais à l'instar du Qatar, qui reconstruit quatre gros bourgs au Liban
sud, l'Iran finance directement ses projets, sans passer par le
gouvernement libanais. Les sommes dépensées jusqu'à présent ne sont
pas connues et le montant global de l'aide prévue n'a jamais été
annoncé.
«Le gouvernement n'est pas informé des montants débloqués», explique à
l'AFP une source gouvernementale parlant sous couvert de l'anonymat.
Dans ces conditions, il est difficile pour le gouvernement de s'assurer de la réalité des projets annoncés. «Nous allons essayer de vérifier si ces projets sont effectivement réalisés», ajoute cette source.
À titre d'exemple, indique-t-elle, l'Iran a annoncé dans un récent
rapport son intention de reconstruire ou réparer 31 ponts, alors que
18 seulement, sur les 91 détruits ou endommagés dans l'ensemble du
pays, lui ont été attribués.
Source : AFP Tyr, Liban