“L’Algérie ne peut
se contenter de regarder les opérations Tanger-Med ou Enfidha, et sa
puissance industrielle peut lui faire regretter son manque
d’initiatives en matière logistique”, souligne le réseau Anima.
Le
réseau Anima, qui réunit plus de 70 agences gouvernementales et réseaux
internationaux du pourtour méditerranéen, a publié récemment une étude
intitulée “Investissements prioritaires pour le développement de la
logistique en Méditerranée”.
Le projet est né du constat que pour
les pays du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie) et pour l’Égypte, il
existe un potentiel important de progression de l’efficacité de leurs
systèmes logistiques.
Pour ces pays, largement intégrés à l’économie
mondiale, cette marge de progression se traduit par un handicap par
rapport aux pays qui les concurrencent sur les mêmes segments de
marché, car elle affecte la compétitivité de leurs exportations.
Cela a
pour conséquence directe de limiter l’attractivité de ces pays pour les
investisseurs industriels internationaux, qui craignent de voir leurs
marges réduites par les surcoûts qu’impliquent les inefficiences des
services logistiques. Cette étude a pour objectif d’identifier des
opportunités d’investissements à même d’avoir un impact direct positif
sur l’amélioration de la logistique en Méditerranée.
Anima estime que
“l’Algérie est un grand pays, peuplé et riche en hydrocarbures, ce qui
peut être très attractif pour un investisseur”. Cependant, relève
Anima, “s’implanter dans ce pays n’est pas chose aisée, et
l’environnement des affaires est considéré comme étant un des plus
difficiles de la région”.
L’Algérie, rappelle-t-on, s’est lancée dans
une politique de grands travaux, avec notamment le projet de
l’autoroute Est-Ouest, doté d’un budget de 7,8 milliards d’euros, ou le
plan national d’investissements ferroviaires, estimés à plus de 11
milliards d’euros, et montre des signes d’ouverture vers l’économie de
marché, comme le traduit la privatisation d’une partie de ses
infrastructures portuaires.
L’étude indique que le secteur des services
logistiques, qui est très peu développé et dominé par des acteurs
locaux, pourrait représenter un marché de plus de 300 millions d’euros.
Les dysfonctionnements actuels laissent penser qu’il existe également
un marché pour le conseil spécialisé et la formation. “Les opportunités
existent donc, dans le BTP, les équipements, les services logistiques,
le conseil, etc. mais les conditions du pays incitent à une certaine
prudence”, affirme Anima.
Selon le document, les ports les mieux
desservis d’Algérie sont Alger et Oran, avec respectivement 7 et 8
services hebdomadaires réguliers, suivis par Béjaïa et Skikda (4
services hebdomadaires). Comme dans le cas du Maroc, l’offre de
services est dominée par Maersk (32% des capacités), suivi de près par
le Suisse MSC (30%) et par le Français CMA-CGM (20%).
Les services
de Maersk relient les grands ports algériens avec les hubs de la
compagnie localisés à Algesiras et Gioia Tauro. MSC opère
principalement les routes triangulaires Valence-Barcelone-ports
algériens. La CMA-CGM dessert les ports algériens depuis sa base
principale de Marseille, alimentée depuis Barcelone et Gênes. Dans le
domaine de la logistique, les situations sont assez différentes en
fonction des pays.
Le Maroc et la Tunisie, considérés comme
d’importants exportateurs de produits manufacturés, ont déjà commencé à
accomplir des progrès significatifs. Le Maroc est certainement le pays
le plus avancé dans ce domaine, ce qui se traduit par l’implantation
d’opérateurs globaux et le développement au cours des dernières années
d’infrastructures spécialisées dans les grands pôles économiques du
pays, dans les régions de Casablanca ou de Tanger.
“L’Algérie présente
la situation la moins favorable, estime Anima. Bien que, par la taille
de sa population comme par son PIB, le pays présente un marché
potentiellement très intéressant pour les investisseurs.” Cependant, de
nombreuses contraintes font que celui-ci attire peu les opérateurs
logistiques internationaux. Ses infrastructures spécialisées sont peu
développées.
En matière d’inventaire des principaux investissements
réalisés dans le transport maritime en Algérie, le document souligne
qu’à Oran, Alger, Djendjen, les différents projets de modernisation ont
pour objectif d’augmenter les capacités d’accueil de conteneurs.
“Oran
va acquérir de nouveaux équipements et agrandir ses quais, DP World
prévoit de moderniser le terminal de conteneur d’Alger et de rénover
intégralement Djendjen ; Portrek veut agrandir le port de Béjaïa et
améliorer les zones d’entreposage des conteneurs ; le port de Skikda a
prévu un investissement de 19 millions d’euros pour de nouveaux
équipements et l’amélioration de ses accès terrestres”, rapporte Anima.
Le constat d’Anima rejoint ainsi celui fait par la Banque mondiale
sur la logistique des échanges, qui a classé l’Algérie à la 130e place
sur 155 économies en matière de performance logistique. “L’Algérie ne
peut se contenter de regarder les opérations Tanger-Med ou Enfidha, et
sa puissance industrielle peut lui faire regretter son manque
d’initiatives en matière logistique”, conclut Anima.
Source : Liberté Algérie