Depuis son entrée en fonction, le nouveau ministre de l'Energie
et des Ressources hydrauliques Gebran Bassil sait que le ministère des
Finances n'est pas prêt à lui accorder le moindre centime pour combler
le déficit de production d'électricité.
Bassil s'était alors dans un premier temps lancé dans un travail de reconnaissance afin de restructurer la gestion de l'Energie.
Le voilà qu'il passe à l'action. C'est ainsi qu'il a commencé par supprimer dès le mois de mars les subventions annuelles au mazout. Ces dernières ne profitaient qu'aux trafiquants alors qu'elles étaient destinées à réduire les charges sur le citoyen.
Cette mesure permet d'économiser près de 9 millions de dollars à l'état. Cette somme, le ministre a voulu la dédier aux premières mesures destinées en faveur des énergies renouvelables au Liban.
Grâce aux 9 millions de dollars dégagés, 3 projets ont été lancés pour promouvoir la réduction de la consommation électrique ainsi que l'utilisation des énergies renouvelables.
C'est ainsi qu'1 million de ménages libanais recevront chacun 3 lampes économes. Chacune de ces ampoules consomme 24 watts et remplacera une ampoule conventionnelle de 100 watts, permettant à chaque foyer d'économiser 28 dollars par an de facture énergétique.
Le coût du projet est estimé à 7 millions de dollars et devrait permettre à l'état d'économiser 76 millions de dollars sur 4 ans. Autrement dit, si 15% de ces ampoules sont effectivement utilisées, une installation de 30 MW de puissance serait économisée, soit 2% de la production actuelle.
A noter que cette mesure concerne essentiellement les consommations de nuit.
Le second projet consiste à subventionner les crédits à l'acquisition de chauffe-eau solaire, à hauteur de 200 dollars par prêt. L'acquisition d'un chauffe-eau solaire permettra à chaque foyer intéressé de réaliser une économie de 300 dollars par an!
Le budget alloué à ce projet a d'abord été porté à 1 million de dollars, mais le ministre recherche des fonds afin de le tripler, voire quadrupler, au vu du succès que risque de rencontrer cette mesure. Avec le budget initialement prévu, ce sont 5000 chauffe-eau solaires subventionnés, soit près d'1 MW de puissance épargnée à l'état.
Le troisième projet vise à rationaliser l'éclairage public à travers l'installation de photodétecteurs et de lampadaires solaires. 500 000 dollars sont alloués à cette mesure qui devrait permettre à l'état d'économiser 4 millions de dollars par an.
En clair, près de 100 millions de dollars seront économisées par l'état grâce à des mesures intelligentes et peu couteuses. Et pour cause, ces mesures sont le fruit d'un ministère qui ne reçoit aucun soutien du gouvernement, et encore moins du ministère des Finances.
La nouvelle ministre des Finances, Mme. Raya Hassan, avait déjà fait comprendre au ministre Bassil qu'aucune somme importante ne lui serait allouée à une réforme de l'Energie.
Or, il ne faut pas être devin pour s'imaginer les moyens démentiels nécessaires pour supprimer le déficit de production actuel de l'Electricité Du Liban (EDL). Seule une réforme générale et forcément couteuse peut sauver le secteur électrique libanais.
Dernièrement, les cours du pétrole ne cessent d'augmenter et de facto, les prix des produits pétroliers atteignent des sommets au Liban. C'est le ministère de l'Energie qui est chargé de communiquer ces fluctuations de prix sur lesquelles il n'a pourtant aucun droit d'action. En effet, celles-ci sont fixées par le ministère des Finances.
Autre regret, un projet de loi proposé par le bloc du Changement et de la Réforme, visant à rationaliser la taxation sur les produits pétroliers, avait été bloqué au parlement l'année dernière. Malheureusement, ce texte restera bloqué aussi longtemps que la ministre des Finances ne présente pas de budget pour l'année en cours.
Le jeune ministre, toujours en coopération avec le directeur général de l'EDL, s'est aussi attaqué au dossier des non-abonnés, ceux qui consomment illégalement l'électricité produite par l'EDL sans pour autant la payer.
Il s'adresse à eux en faisant le premier pas, celui de réduire de 85% (de 615 000 LL à 90 000 LL) dès le 1er avril 2010 le coût d'entrée à l'abonnement de l'EDL.
Cette mesure est limitée dans le temps, s'étalant sur une période de 6 mois. Après cette phase, les sanctions pourraient prendre le relais afin de réduire les pertes "non-techniques" estimées à 20% de la production totale.
Bassil a également mis sur pieds un comité mixte regroupant des représentants du ministère, de l’Électricité du Liban (EDL) et des diverses concessions d’électricité dans le pays afin de régler les divers litiges opposant le producteur national aux concessionnaires.
Cette commission est chargée de réétudier les accords conclus avec les exploitants locaux, afin de réduire les pertes de l'état liées à ces contrats désuets et inadaptés. Les pertes sont estimées à 185 millions de dollars par an.
Parallèlement à cette dynamique, des circonstances favorables ont permis de réduire les dépenses de l'EDL de 211 millions de dollars, diminuant de 47% les transferts en ce début d'année 2010. Il y a des signes qui ne trompent pas.
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