Le taux de motorisation des ménages est de 16% contre 55,4 en Espagne,mais le parc rajeunit de plus en plus vite au Maroc.
LE secteur automobile serait-il en perte de vitesse? En tout cas, les
professionnels du secteur ont vu juste en ayant le mauvais
pressentiment que 2009 allait être une année difficile pour l’industrie
automobile.
Ils avaient tablé sur une croissance du marché local, «mais
moins importante, que celle de 2008», qui était de 19,5% pour 23.189
véhicules vendus. A fin 2009, cette croissance est retombée à -8,12%,
selon les statistiques de l’Association des importateurs de voitures
neuves (AIVAM).
A ce titre, l’étude qu’elle a commanditée au Gipa
(Groupement interprofessionnel pour l’automobile de France) tombe à
point nommé.
Les premiers résultats de cette étude révèlent que le
parc roulant (véhicules particuliers et utilitaires légers confondus)
est fort de 1,5 million dont plus de 1,1 million de véhicules
particuliers. Le parc de l’Etat est estimé à 50.000 véhicules et les
voitures de location à 15.000.
Contrairement à ce qu’on pourrait
croire, le parc est constitué à 84% de marques européennes. La
concurrence des véhicules japonais et coréens est plus forte sur le
marché des VUL et le segment 4x4 que sur le marché des VP. A noter
également que l’étude ne concerne pas les poids lourds.
Le fait
marquant de cette étude est sans conteste l’âge moyen des véhicules. Il
est de 10,5 ans au Maroc contre 8,8 en France! Mieux, «dans moins de 4
ans, le parc marocain sera plus jeune que celui européen, France et
Allemagne notamment», commente Eric Devos, DG de Gipa.
Ce qui n’est pas
très surprenant, vu que ces marchés sont arrivés à maturité. En
revanche, le marché national de primo-acquisition a un potentiel de
développement important. De plus, le boom du crédit à la consommation,
déclenché à la fin des années 90, a permis à la classe moyenne
naissante de s’équiper.
Pourtant, l’étude révèle que 60% des interrogés
qui ont une voiture (l’échantillon porte sur 2.051 conducteurs) n’en
sont pas à leur premier véhicule. Il n’en demeure pas moins que plus de
1 conducteur sur 3 a une voiture pour la première fois de sa vie, soit
37% des sondés.
Le taux de motorisation des ménages s’élève à 16%
contre 55,4% en Espagne et 58,5% en France. Le parc est composé à 75%
de véhicules particuliers et à 25% de véhicules utilitaires. A noter
que plus de 70% des véhicules roulent au diesel, avec un âge moyen de
11 ans contre 9,6 ans pour les véhicules à motorisation essence.
Selon
les conclusions de l’étude, plus de 1 voiture sur 2 a déjà changé de
propriétaire au bout de cinq ans au Maroc. A titre de comparaison, en
Espagne, ce changement n’intervient qu’au bout de 7 ans.
Quand le
véhicule change de main, le 2e conducteur est moins attaché au
constructeur. Ce qui, selon l’étude, constitue une grande opportunité
pour les réparateurs indépendants.
Ce constat est aussi «un signal
d’alarme pour les constructeurs, qui doivent s’assurer du maintien de
la liaison de leur marque avec la clientèle».
D’autres facteurs sont
explorés par l’étude: l’équipement des véhicules et leur évolution
technologique notamment. Aujourd’hui, pratiquement tous les véhicules
ont des systèmes d’injection essence ou diesel. C’est également le cas
pour le système de la climatisation dont le tiers du parc automobile en
est équipé. Mais «ce genre d’équipements constitue une menace
potentielle pour les acteurs de la rechange indépendante, qui ne sont
pas équipés et formés sur ces technologies embarquées», prévient Devos.
Autres indicateurs, le nombre de fois où le véhicule fréquente un
atelier de réparation. L’étude révèle qu’en moyenne, 1 véhicule y
effectue 4 entrées par an contre 1,7 fois dans les pays du G5 (France,
Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni).
Ce qui veut dire que la
voiture est en réparation une fois tous les trois mois au Maroc, en
plus des réparations effectuées par les automobilistes eux-mêmes.
La
situation géographique des équipementiers marocains leur permettrait en
effet de fournir 28 sites d’assemblage «clients» en France, en Espagne
et au Portugal (accessibles en moins de trois jours à partir de
Tanger).
Sur les 54 milliards d’euros (environ 609 milliards de DH)
d’équipements et de matières premières consommés chaque année par ces
28 sites, le marché potentiel pour le Maroc s’élèverait à plus de 158
milliards de DH à l’horizon 2015.
D’où l’enjeu autour de la production
de la Logan au Maroc. Les voitures européennes importées seront
exemptes de droits de douane d’ici 2012, le risque de concurrencer les
ventes locales de la Logan (prévision à l’export dans les pays arabes
sont de l’ordre de 15.000 unités par an) reste important, bien que
celle-ci se situe sur le segment particulier de la voiture économique.
La plupart des pièces de la Logan sont importées de Roumanie, excepté
certains éléments produits localement: vitrage (Induver), câblage
(Valéo), sièges, trains avant et arrière (Promaghreb), échappement
(Tuyauto), batteries (Nexans), pare-chocs et planches de bord (Ifriquia
Plastic).
Source : l'Economiste